Là où les chiens aboient par la queue

Publié le 7 Octobre 2019

 

Un drôle de titre, emprunté à la gouaille guadeloupéenne, qui désigne "un trou perdu", autrement dit le village de Morne-Galant. Estelle-Sarah Bulle, dont c'est le premier roman, revient sur l'histoire de sa famille sur plusieurs décennies et à travers elle sur l'histoire du peuple guadeloupéen, des profondeurs de l'île à la métropole française accueillant une partie des membres de la diaspora antillaise, en passant par Pointe-à-Pitre. C'est bien écrit, intelligent, gorgé de soleil mais aussi de la poussière de la terre battue. C'est parfois drôle, parfois plus grave, toujours pittoresque. Les personnages sont riches de leur histoire et de leur détermination et interviennent tour à tour dans le récit : la narratrice surnommée "la nièce", son père surnommé "Petit-Frère", ses tantes Antoine et Lucinde. Estelle-Sarah Bulle raconte la douleur de partir et la détermination optimiste déployée par Antoine dans un style lumineux, vif et fluide mâtiné de créole. Elle fait ainsi une entrée remarquée sur la scène littéraire avec les portraits d'une île chamarrée et d'une héroïne libre et audacieuse.

 

La Basse-Terre, c'est l'envers de la Guadeloupe puisque la Grande-Terre est son endroit. Les deux îles sœurs sont aussi différentes que moi et Lucinde. Pourtant il n'y a qu'un minuscule bras de mer entre les deux, et un grand pont qui s'est écroulé une quantité de fois dans les temps où Hilaire se promenait à cheval, mais qui a toujours été reconstruit car les hommes ont décidé que les deux sœurs se tiendraient par la main.

"Antoine : des pas dans la rosée" p. 222

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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