Un roman de Mikaël Ollivier
La quatrième de couverture :
Difficile de maigrir quand on adore manger et que l'on rêve d'ouvrir, plus tard, un restaurant. Pourtant, pour Benjamin, quinze ans, le diagnostic de l'infirmière est clair : "obésité de catégorie 2". Des mots bien sérieux pour décrire ce qui, jusque-là, semblait simplement le signe extérieur d'une certaine joie de vivre. sport, booms, cabines d'essayage, piscine, régime... rien n'est simple quand on est gros et que l'on redoute le regard des autres. et si en plus l'amour s'en mêle... !
Mon avis :
Il y avait au lycée plusieurs titres de Mikaël Ollivier dont les couvertures ne m'attiraient pas plus que ça (oui, je suis assez perméable à l'impression que me font les 1ères de couverture). Cependant, étant donnée ma récente découverte coup de coeur de cet auteur, je me suis lancée dans la lecture de ce court roman paru en 2001 et maintes fois primés. Il a d'ailleurs été adapté en téléfilm dans la collection "Carnets d'Ados" (M6) en 2003.
Résultat : je suis à nouveau séduite par l'écriture de Mikaël Ollivier. La lecture est ici abordable dès la 6e-5e et le ton employé sonne juste. Nous sommes amenés à suivre Benjamin, en classe de 3e, un adolescent plutôt heureux malgré le divorce de ses parents. Il n'a qu'une seule passion : confectionner et savourer de bons petits plats. Son rêve serait d'ouvrir plus tard un restaurant en Bretagne. Mais un jour, au cours d'une banale visite médicale, sa vie bascule. Le verdict de l'infirmière tombe : "obésité de catégorie 2".
Pour autant, le roman n'est pas exclusivement centré sur le problème de surpoids de Ben. Il est surtout question de l'estime de soi pendant cette période troublée qu'est l'adolescence. Il est question d'amour aussi. Cela respire la sincérité et se termine sur une touche optimiste et tendre.
Quelques extraits :
"La seule chose de bien dans les visites médicales, au bahut, c'est que ça fait manquer un cours. Moi, c'était un mardi, à 10 heures, à la place de la physique.
A 10 h 10, j'attendais toujours dans le couloir en pensant à Metzger qui devait être en train de postilloner au tableau. Ca me faisait drôle d'être là tout seul dans le couloir à attendre mon tour pendant que le reste de la classe était en cours. C'était un peu de liberté volée, comme quand on est malade et qu'en restant à la maison on se rend compte que le monde continue de tourner en dehors du collège." (p. 13)
"Tout ça pour dire que j'étais soulagé que l'infirmière soit un boudin." (p. 18)
"Elle m'a tendu un fascicule qui, à première vue, parlait d'équilibre alimentaire, de calories et de vitamines, qui transformait la cuisine en science, en suite de chiffres, alors que pour moi c'était un art et surtout un plaisir." (p. 24)
"Arrivé aux toilettes du premier étage du bahut, je rêvais d'une cannette de Coca bien glacée dont la première gorgée, juste après le pschit de l'ouverture, m'aurait explosé la bouche d'un bouquet de bulles et de saveurs chimiques. Il a bien fallu que je me contente de l'eau tiédasse du robinet dont le goût se mariait dangereusement bien avec l'odeur douteuse des toilettes. C'est bizarre comme l'eau du robinet paraît toujours moins bonne dans les toilettes que dans la cuisine." (p. 29)
"Pour moi, Paris était comme un décor dans une boule à neige. une sorte de carte postale avec la tour Eiffel, le Sacré-Coeur et le Panthéon en relief. Je n'y allais qu'une ou deux fois par an et je ne savais absolument pas où se situaient les monuments connus les uns par rapport aux autres. [...] C'est pourtant bien ce que je suis : un banlieusard, quelqu'un qui vit dans une fausse ville juste à côté de la vraie, comme une fléchette plantée dans le mur à coté de la cible." (p.65)
"- Ok. C'est vrai. Un jour je s'rai adulte. Mais ça n'empêche pas de souffrir pour le moment ! Vous évidemment, vous avez...
- Quarante-six ans.
- Vous avez quarante-six ans... Alors pour vous, l'adolescence, tout ça n'est plus qu'une étape qui vous a amené jusqu'à votre âge d'aujourd'hui... Mais moi, j'ai quinze ans, et je ne passe pas mon temps à me dire que je suis en train de devenir adulte et que donc, ce qui m'arrive n'est pas grave ! J'ai quinze ans, et je vis ! L'enfance, l'adolescence, c'est tout ce que j'connais, c'est pas un souvenir, c'est ma réalité ! Pour vous, la vraie vie, c'est l'âge que vous avez... c'est l'âge adulte ! Pour moi, la vraie vie, c'est maintenant, et si elle est triste, je suis triste !... Oh ! Ne vous inquiétez pas : je n'ai aucune envie de mourir ou quoi que ce soit... et c'est sûr, un jour, tout ça ne sera qu'un souvenir... Mais pour l'instant, laissez-moi vivre ma vie, qu'elle soit heureuse ou malheureuse." (p. 139)
"Pendant une heure ensuite, allongés dans le noir, Eric et moi avons parlé de filles, d'amour, et de sexe. La vie, en gros." (p.154)
Ollivier, Mikaël.
La vie, en gros
Ed. Thierry Magnier
Coll. Roman
2001/159 p.