Publié le 30 Décembre 2022

Les tops de 2022

 

 

Mes coups de cœurs littéraires de l'année

Cette fois-ci mon podium consacre des noms recouvrant plusieurs lectures fortes de mon année.

 

  1. Bérengère Cournut 
  2. Annie Ernaux 
  3. Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain 

 

De pierre et d'os c'est une immersion poétique dans l'âpre mode de vie des inuitsÉlise sur les chemins c'est un roman en vers libres qui nous parle notamment d'une fillette de 11 ans, d'une femme-serpent et d'une tourmaline magiqueZizi cabane c'est un récit qui revivifie la nature du conte et nous dit avec douceur la douleur du deuil au sein d'une famille. À l'opposé en terme de style, La femme gelée est le récit de la résultante des injonctions sociales qui pèse sur une jeune fille. Regarde les lumières mon amour c'est l'exploration d'une forme littéraire insolite et une fine observation du monde via la fréquentation d'un hypermarché. L'événement c'est l'effarant récit autobiographique d'un avortement clandestin au début des années 60. Les années c'est une plongée dans le destin d'une femme ancrée dans l'Histoire. Dans tous les cas, des destins de femmes stupéfiants et des romans à découvrir. En troisième place je fais grimper Le monde sans fin de Jean-Marc Jancovici et Christophe Blain, lecture d'une bande dessinée dont on ressort inquiet mais aussi plus informé sur les enjeux énergétiques et climatiques et qui est régulièrement évoquée dans mes discussions ces derniers mois. Au niveau de la littérature jeunesse, je conseille avec enthousiasme Deux pour moi, un pour toi de Jörg Mühle, pour sa drôlerie. Je mentionne également les albums sur le thème de Noël que j'ai pu découvrir cette année : Un toit pour Noël de Rebecca Harry et Le flocon de Noëlle de Benji Davies pour leur mignonnerie ainsi que Quelqu'un m'attend derrière la neige de Timothée de Fombelle et Thomas Campi pour sa nature engagée. J'ajoute Harry Potter à l'école des sorciers édité par MinaLima pour son remarquable travail d'édition animée.

 

 

 

Et pour retrouver mes tops de 2021 c'est par ici !

 

 

Publié le 24 Décembre 2022

Harry Potter à l'école des sorciers

 

Voilà. Le temps est venu de m'y replonger. Après plus de 20 ans. Je vais de nouveau parcourir les pages de l'histoire du célèbre 𝓈𝑜𝓇𝒸𝒾𝑒𝓇. Question de timing #mamandepuis7ans et coup de pouce donné par cette fabuleuse édition collector concoctée par le studio MinaLima. Avant de vous faire part de mes impressions de relecture, dans les semaines qui suivront, voici d'ores et déjà une petite présentation de cette édition spéciale qui peut si bien trouver sa place aux pieds des 𝓈𝒶𝓅𝒾𝓃𝓈.

 

 

Le studio MinaLima est en grande partie à l'origine de l'univers graphique des films tirés des romans de J. K. Rowling. C'est ce duo de décorateur-scénographe et graphiste (Miraphora Mina et Eduardo Lima) qui, se basant sur les descriptions faites dans les livres, a créé les visuels des billets de train du Poudlard Express, de la carte du maraudeur, des emballages de Choco-grenouilles, etc. Le studio est aussi, depuis, éditeur de plusieurs titres de grands classiques de la littérature jeunesse enrichit et animés par des pop-up et autres 𝓈𝓊𝒷𝓉𝑒𝓇𝒻𝓊𝑔𝑒𝓈. Il y a par exemple de quoi alourdir les étagères de sa bibliothèque avec Le livre de la jungle ou Peter Pan.

 

 

Le texte intégral du premier tome de la saga Harry Potter est ici fidèlement illustré en couleurs et 𝒹𝑜𝓇𝓊𝓇𝑒𝓈 et animé de huit surprises pop-up pour une lecture immersive : on peut ainsi ouvrir la lettre d'admission à Poudlard, parcourir le Chemin de Traverse, faire bouger les yeux du portrait de la grosse dame qui garde la salle commune de Gryffondor, faire apparaître un festin de 𝒩𝑜𝑒̈𝓁 dans la Grande Salle, etc. Les entrées de chaque chapitre sont particulièrement soignées. Certains passages sont écrit avec une typographie originale imitant une écriture manuelle, comme celle de Minerva McGonagall ou celle d'Hagrid. Des illustrations pleine plage voire sur double-page ponctuent régulièrement des moments-clés. La qualité et l'inventivité de l'objet-livre est à la hauteur du succès et de la qualité d'intrigue et d'univers du récit. Le roman est sublimé par le travail de ces "designers d'histoires" et le livre gagne à la fois en 𝒾𝓃𝓉𝑒𝓇𝒶𝒸𝓉𝒾𝓋𝒾𝓉𝑒́ et en 𝓅𝓇𝑒́𝒸𝒾𝑜𝓈𝒾𝓉𝑒́.

 

 

Après de premiers tirages vite épuisés, cette édition se savoure enfin en abondance dans les rayonnages des librairies, à côté de son voisin le tome deux Harry Potter et la Chambre des secrets. Le troisième tome illustré par MinaLima, Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, est lui attendu pour la fin d'année 2023. Nul doute que beaucoup de Potterheads seront au rendez-vous. C'est largement mérité.

 

 

Harry Potter à l'école des sorciers
Harry Potter à l'école des sorciers
Harry Potter à l'école des sorciers
Harry Potter à l'école des sorciers

Publié le 11 Décembre 2022

Les années

J'ai poursuivi sur ma lancée de lecture de l'œuvre d'Annie Ernaux en ouvrant Les années. Celles qu'elle évoque ici sont celles qui se sont écoulées de la fin de la deuxième guerre mondiale au début des années 2000. A partir de douze photographies personnelles (décrites mais pas reproduites dans le livre), Annie Ernaux saisit le passage du temps en évoquant les modifications de son corps, de son désir, de sa perception du passé ou de l'avenir mais aussi le changement plus ou moins important des habitudes, des idées et des croyances dans la société. De nombreux événements de l'Histoire se mêlent aux éléments autobiographiques, tels que les révoltes de Mai 68 ou l'élection présidentielle de 1981. Entre autobiographie et récit impersonnel, qui évite donc tout autocentrisme, Annie Ernaux travaille sur la mémoire et nous montre sans jugement les folles transformations d'une époque, des repas de famille de l'après-guerre ponctués des souvenirs de la Résistance au temps des "Assedic [...], séries américaines et jeux vidéos".

[La télé] fournissait des informations médicales, historiques, géographiques, animalières, etc. le savoir commun s’élargissait, un savoir heureux et sans conséquence dont, à la différence de l’école, on n’avait pas à rendre compte ailleurs que dans la conversation, précédé de ils ont dit ou ils ont montré à la télé, à prendre au choix comme une marque de distance vis-à-vis de la source ou une preuve de vérité.

Le progrès était dans l’horizon des existences. Il signifiait le bien-être, la santé des enfants, le savoir, tout ce qui tournait le dos aux choses noires de la campagne et à la guerre. Il était dans le plastique et le Formica, les antibiotiques et les indemnités de la sécurité sociale, l’eau courante sur l’évier et le tout-à-l'égout, les colonies de vacances, la continuation des études et l’atome. Il faut être de son temps, disait-on à l’envie, comme une preuve d’intelligence et d’ouverture d’esprit.

Entre la fin de la peur d’être enceinte et celle de devenir séropositive, on trouvait que le délai de tranquillité avait été court.

Il valait mieux vivre sans rien attendre sous la gauche que s’énerver continuellement sous la droite.

Tout s'effacera en une seconde. Le dictionnaire accumulé du berceau au dernier lit s'éliminera. Ce sera le silence et aucun mot pour le dire. De la bouche ouverte il ne sortira rien. Ni je ni moi. La langue continuera à mettre en mots le monde. Dans les conversations autour d'une table de fête on ne sera qu'un prénom, de plus en plus sans visage, jusqu'à disparaître dans la masse anonyme d'une lointaine génération.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 8 Décembre 2022

L'amour, c'est quoi ?

𝑀𝑒𝑟𝑐𝑖 𝑎𝑢𝑥 𝑒́𝑑𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝐻𝑒́𝑙𝑖𝑢𝑚 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑎𝑔𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑒𝑡 𝑎𝑙𝑏𝑢𝑚

 

L'amour, c'est quoi ?

Dans le jardin de la maison, un jeune garçon demande à sa grand-mère : "L'amour, c'est quoi ?". Sa grand-mère étant âgée, il pense qu'elle saura. Mais elle l'invite à partir à la découverte du monde pour trouver lui-même ses réponses. Le garçon rencontre alors divers interlocuteurs à qui poser la question : un pêcheur, une charpentière, un poète, un soldat, un chien, un chat... Chacun apporte une réponse plus ou moins opaque, comme des graines plantées qui ont besoin de temps pour germer. Tous semblent avoir leur propre définition de l'amour et le garçon une tendance à prendre leurs explications au pied de la lettre.

 

_ 𝐿'𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟, 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑢𝑛 𝑝𝑜𝑖𝑠𝑠𝑜𝑛.

_ 𝑈𝑛 𝑝𝑜𝑖𝑠𝑠𝑜𝑛 ?

_ 𝐼𝑙 𝑠𝑐𝑖𝑛𝑡𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑏𝑜𝑢𝑠𝑠𝑒, ℎ𝑜𝑟𝑠 𝑑'𝑎𝑡𝑡𝑒𝑖𝑛𝑡𝑒. 𝐸𝑡 𝑙𝑒 𝑗𝑜𝑢𝑟 𝑜𝑢̀ 𝑡𝑢 𝑙'𝑎𝑡𝑡𝑟𝑎𝑝𝑒𝑠, 𝑠𝑖 𝑡𝑢 𝑣𝑒𝑢𝑥 𝑔𝑎𝑟𝑑𝑒𝑟 𝑠𝑜𝑛 𝑒́𝑐𝑙𝑎𝑡, 𝑡𝑢 𝑙𝑢𝑖 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑠 𝑢𝑛 𝑏𝑎𝑖𝑠𝑒𝑟, 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑟𝑒𝑚𝑒𝑡𝑠 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑚𝑒𝑟.

_ 𝑀𝑎𝑖𝑠 𝑗𝑒 𝑛'𝑎𝑖𝑚𝑒 𝑝𝑎𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑜𝑖𝑠𝑠𝑜𝑛𝑠, 𝑗'𝑎𝑖 𝑟𝑒́𝑝𝑜𝑛𝑑𝑢.

𝐼𝑙𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑔𝑙𝑢𝑎𝑛𝑡𝑠 𝑒𝑡 𝑠𝑒𝑛𝑡𝑒𝑛𝑡 𝑚𝑎𝑢𝑣𝑎𝑖𝑠. 𝐸𝑡 𝑖𝑙𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑦𝑒𝑢𝑥 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑖𝑓𝑖𝑎𝑛𝑡𝑠.

𝐿𝑒 𝑝𝑒̂𝑐ℎ𝑒𝑢𝑟 𝑎 𝑠𝑜𝑢𝑝𝑖𝑟𝑒́.

_ 𝑇𝑢 𝑛𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑠 𝑝𝑎𝑠.

 

Au bout de sa quête, le garçon est de retour chez lui auprès de sa grand-mère. Les lumières sont allumées, le dîner embaume l'air. Il a grandi, elle a vieilli. Enfin, il a compris. Paru sur les tables des librairies en septembre dernier, cet album porte une réflexion presque philosophique sur ce qu'est l'amour et mérite de se retrouver au pied du sapin des petits à partir de 4 à 5 ans environ. Si cet album questionne, il n'offre pas de réponse définitive ou d'affirmation nette. Différentes formes d'amour sont subtilement évoquées : l'amitié, l'amour familial, la relation amoureuse, l'engagement, le bonheur de vivre, le respect, etc. Les illustrations peintes à la gouache sont belles et apaisantes et accompagnent avec douceur cette quête de sens ouvrant à la variété du monde, à l'observation et à la compréhension de soi et des autres.

 

𝐿'𝑎𝑚𝑜𝑢𝑟 𝑐'𝑒𝑠𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑢𝑛𝑒 𝑚𝑎𝑖𝑠𝑜𝑛.

𝑂𝑛 𝑚𝑎𝑟𝑡𝑒̀𝑙𝑒, 𝑜𝑛 𝑚𝑒𝑠𝑢𝑟𝑒 𝑒𝑡 𝑜𝑛 𝑎𝑗𝑢𝑠𝑡𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑜𝑟𝑐𝑒𝑎𝑢𝑥.

𝐸𝑙𝑙𝑒 𝑡𝑟𝑒𝑚𝑏𝑙𝑒 𝑒𝑡 𝑐𝑟𝑎𝑞𝑢𝑒, 𝑒𝑡 𝑡𝑢 𝑑𝑜𝑖𝑠 𝑟𝑒𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑡𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑛𝑠.

 

L'amour, c'est quoi ?
L'amour, c'est quoi ?

Publié le 7 Décembre 2022

Philibert et l'Ours qui exagère

Merci aux éditions Nord-Sud pour le partage de cet album

 

Cet album jeunesse signé de l'australien Gabriel Evans est paru en début d'automne. Il met en scène un chien moustachu, nommé Philibert, et son nouveau voisin, Ours. Un nouveau voisin qui emménage, c'est l'occasion de se faire un ami. Philibert s'empresse donc d'inviter l'ours blanc à dîner. À l'issue de leur douce soirée, Ours emprunte les pantoufles de Philibert. Puis, de fil en aiguille et de visite en visite, Ours va emprunter d'autres objets, sans rendre ceux précédemment fourni : un pull, une théière, un tapis de yoga, etc. Ours exagère ! Philibert est contrarié et va devoir lui faire comprendre que les amis ne se comportent pas ainsi. Finalement, l'important sera de communiquer simplement et de continuer à partager... de bons moments ensemble ! Cette histoire, accessible à partir de 3 ans environ, aborde avec humour et un joyeux crayonné les questions du vivre ensemble, du partage, du respect et de l'amitié.

 

Philibert et l'Ours qui exagère

Publié le 5 Décembre 2022

Quelqu'un m'attend derrière la neige

C'est d'abord l'histoire d'une hirondelle, qui s'appelle 𝒢𝓁𝑜𝓇𝒾𝒶. La veille de 𝒩𝑜𝑒̈𝓁, elle a en tête, sans bien savoir pourquoi, de quitter les ciels africains et d'aller vers le nord et le froid, quand toutes ses semblables partent à l'opposé. C'est aussi l'histoire d'un homme, ℱ𝓇𝑒𝒹𝒹𝓎 𝒹'𝒜𝓃𝑔𝑒𝓁𝑜. Ce chauffeur-livreur esseulé roule sur les routes de France dans son camion frigorifique jaune depuis Gènes pour livrer sa cargaison de crèmes glacées en Angleterre. C'est surtout l'histoire d'un troisième personnage dont il n'est pas question tout de suite et dont je dois taire l'identité pour garder intact le plaisir de la découverte. Gloria, 𝓅𝑒𝓉𝒾𝓉𝑒 𝒶𝓇𝒷𝒶𝓁𝑒̀𝓉𝑒 𝓃𝑜𝒾𝓇𝑒 𝒶𝓊 𝓋𝑒𝓃𝓉𝓇𝑒 𝒷𝓁𝒶𝓃𝒸, est celle qui fait le lien entre les solitudes et les continents. 𝒬𝓊𝑒𝓁𝓆𝓊'𝓊𝓃 𝓂'𝒶𝓉𝓉𝑒𝓃𝒹 𝒹𝑒𝓇𝓇𝒾𝑒̀𝓇𝑒 𝓁𝒶 𝓃𝑒𝒾𝑔𝑒 répète en elle une petite voix. Passées les premières pages un peu opaques, avec ces histoires d'hirondelles qui ne savent pas pourquoi elles migrent et qui jugent les humains 𝑒𝓃𝑔𝓁𝓊𝑒́𝓈 𝒹𝒶𝓃𝓈 𝓁𝑒𝓊𝓇 𝓅𝑒𝓈𝒶𝓃𝓉𝑒𝓊𝓇, on persiste parce qu'on sent qu'il y a là quelque chose d'éminemment prometteur et on se réjouit de constater à quel point c'est beau et émouvant.

 

Voici un album ayant fait sensation à sa sortie il y a trois ans et que j'ai enfin pu avoir entre les mains. Il s'agit d'un conte de 𝒩𝑜𝑒̈𝓁 signé Timothé de Fombelle et illustré par Thomas Campi qui commence proche d'un 𝓋𝒾𝓁𝓁𝒶𝑔𝑒 𝒶𝒷𝒶𝓃𝒹𝑜𝓃𝓃𝑒́ 𝓈𝓊𝓇 𝓊𝓃𝑒 𝓇𝒾𝓋𝑒 𝒹𝓊 𝒻𝓁𝑒𝓊𝓋𝑒 𝒞𝑜𝓃𝑔𝑜 et se termine quelque part entre Paris et Calais. Le qualifier d'album jeunesse est délicat tant la thématique, qui plus est non explicitée, nécessite un certain niveau de maturité. Les plus jeunes ne comprendront donc peut-être pas tout, mais ressentiront probablement l'essentiel. Les plus grands seront confrontés à des thématiques modernes aussi dures que la solitude, le chômage, l'immigration clandestine. Pour autant, Timothée de Fombelle arrive à rendre cette histoire intemporelle et duveteuse à souhait. La finesse de la construction narrative et la beauté un brin lyrique de son écriture sont soutenue par de magnifiques et pertinentes illustrations tout en ombres, en tons de cobalt et d'aubergine et en neige. On a affaire à du silence et de la poésie. Le tout porte un message de fraternité qui dit toute la complexité du monde mais aussi tout ce qu'on peut en attendre de bon. Un bijou.

Les hirondelles ne fêtent pas Noël. Quand l'hiver vient, elles sont au-dessus des forêts d'Afrique à se baigner dans l'air trempé.

La plupart des hirondelles ne connaissent rien d'autre de l'humanité, de ses tragédies et de sa beauté, que ces silhouettes minuscules tout en bas qui se croient grandes sur la terre mains ne dépassent pas le plus petit de leurs arbres.

Freddy n'en demandait pas plus, lui qui parlait seul au volant pendant des kilomètres et jouait à se présenter à un passager imaginaire, assis à côté de lui sur la banquette, lui expliquant qu'il était un brave type, pas très bavard, un peu sauvage et plutôt solitaire.
_ Mais vous ? demandait-il enfin. Je parle, je parle, et vous ne m'avez encore rien dit.

Mais Gloria cherchait même à comprendre des phénomènes qui ne la concernaient pas. Les chagrins, les amours, les guerres, les jeux d'enfants.

Ces quelques paroles alignées firent déborder le cœur de Freddy d'Angelo. Presque dix mots d'un coup. Il regarda sa montre. Il n'était pas minuit. Les cent jours n'étaient pas encore écoulés.

Quelqu'un m'attend derrière la neige
Quelqu'un m'attend derrière la neige