Publié le 29 Mai 2024

Nos mondes perdus

La dernière bande dessinée en date signée Marion Montaigne nous plonge dans l'histoire des sciences et plus particulièrement la paléontologie. La scène d'ouverture qui reprend un extrait du film Jurassic Park sorti en 1993 est excellente. Le récit est à la fois instructif et personnel : on découvre le parcours de l'autrice, intéressée très jeune par les fossiles, la science en générale puis le dessin anatomique. Le sujet est davantage l'histoire des humains découvrant les dinosaures plutôt que les dinosaures eux-mêmes. On retient les bonds de géant fait dans ce domaine au milieu de plages temporelles totalement vides du point de vue des avancées scientifiques. On note aussi la réhabilitation de figures féminines muselées à leur époque et pourtant à l'origine de découvertes ou d'élaborations scientifiques majeures. Les informations sont denses (peut-être trop ?) mais toujours servies avec beaucoup d'humour et des interrogations pertinentes... voire impertinentes. Sur le rapport entre la recherche scientifique et l'Église notamment. En ce qui concerne le dessin, il est un peu trop brouillon à mon goût : les personnages ne sont pas très travaillés et identifiables. Cela reste une lecture intéressante, qui mêle sciences, histoire des sciences, autobiographie et même psychanalyse (mention spéciale à l'apparition anachronique de Freud).

 

Publié le 27 Mai 2024

Aux animaux la guerre

Aux animaux la guerre est le premier roman de Nicolas Mathieu, paru en 2014. C'est un long roman noir dont l'écriture est déjà ciselée et dont les thèmes de prédilection de l'auteur sont déjà présents. Il y évoque le déclin ouvrier dans la région économiquement sinistrée des Vosges, la classe moyenne figée dans un ascenseur social en panne, les discours stéréotypés des cadres supérieurs, mais aussi les chavirements adolescents, la sexualité, la drogue et comment vivre sa jeunesse engluée dans le terroir.

 

C'est déjà très bon mais c'est trop long. On rencontre une foule de personnages (Martel le syndicaliste, Rita l'inspectrice du travail, Bruce le bodybuildé, des ouvriers, leurs enfants désabusés...) et les présentations n'en finissent pas. L'histoire ne démarre jamais nettement. On s'attend à voir les destins se lier et se serrer au-delà du soutenable dans une apothéose dramatique qui n'en n'est finalement pas une. On attend désespérément une explication au prologue qui nous parlait des parfums violents de l'Algérie des années 1960. On cherche à comprendre une fois le livre refermé ce que les histoires d'adolescents venaient faire au beau milieu des histoires de prostituées et de mafieux. C'est trop dense et en même temps ça s'éparpille. Au-delà de la violence du roman noir qui n'est pas mon truc, j'aurais apprécié une trame narrative plus fine, au service de la beauté et de l'intensité de l'écriture de Nicolas Mathieu. 

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 23 Mai 2024

Vövöl

Le dernier ouvrage de Bérengère Cournut est difficile à commenter : c'est un récit poétique, flou et mystique. Un dialogue entre deux esprits amoureux qui passe par différentes formes du vivant (minéral, végétal, animal...). On suit l'évolution à l'échelle de milliers d'années de ces deux personnages se métamorphosant : un "esprit mâle" et un "esprit femelle". Ils sont tout à tour coquillage et poisson, grotte sous-marine et océan, lynx et chauve-souris… Leur histoire précède, fatalement, l'arrivée d'un enfant, nommé Vövöl. Il y a quelque chose de la génèse dans ce texte. Une thématique de la mort comme éternelle renaissance. Vövöl comme volcan, comme envol. Malheureusement trop abscons pour moi.

 

Vövöl