Publié le 27 Septembre 2024

Au revoir mésange

Merci aux éditions Albin Michel jeunesse

pour le partage du nouvel album d'Archibald

 

 

Voici une nouvelle pépite d'Astrid Desbordes et Pauline Martin tout juste paru chez Albin Michel jeunesse. Un tendre album qui met de nouveau en scène le petit garçon aux mille questions et aux cheveux couleur du beurre. C'est l'été dans le jardin d'Archibald. Sa petite sœur Albertine, dont on découvre le prénom, joue à cache-cache avec leur papa. Pendant ce temps, Archibald "discute avec son amie la mésange". Un matin, à la fin de l'été, il ne l'entend plus, et sa maman lui annonce qu'elle ne reviendra pas car "sa vie est terminée". Archibald se demande alors "pourquoi les choses et les gens ne durent pas toujours". L'occasion d'expliquer que tout change et qu'à chaque fois que quelque chose disparaît, une autre renaît. Les feuilles tombent des arbres et nourrissent la terre qui donnera de nouvelles fleurs le moment venu. Les branches d'arbres mortes crépiteront chaleureusement dans la cheminée l'hiver. Finalement, Archibald est moins triste car il sait que sa relation avec la mésange a fait naître de beaux souvenirs et qu'elle lui a a appris à chanter.

 

Comme toujours, les illustrations de Pauline Martin contribuent à créer une atmosphère d'une joyeuse douceur. Astrid Desbordes nous parle avec justesse, sans lourdeur, de la perte d'un proche. Plus que le processus de deuil, elle évoque le temps qui passe au rythme des saisons et les raisons de se réjouir malgré tout des changements. Les autrices nous livre de nouveau un précieux album à hauteur d'enfant qui a toute sa place dans la bibliothèque jeunesse idéale.

 

Au revoir mésange
Au revoir mésange
Au revoir mésange
Au revoir mésange

Publié le 19 Septembre 2024

La célébrité est ma vie. Celle que je savais que j’aurais, celle que j’ai fait en sorte d’avoir. […] La célébrité est une drogue dure, un monstre féroce. Et je suis allée la chercher avec ma rage, avec mes ongles, avec mes dents. L’extrême notoriété a libéré la bête en moi, impitoyable et cruelle. Autant le dire d’emblée : je me suis sali les mains.

Célèbre

Se maintenir en haut de l'affiche : l'enjeu était de taille pour Maud Ventura après la parution remarquée de son premier roman Mon mari en 2021. Elle a de nouveau ensoleillée ma rentrée littéraire, avec le thème de la célébrité.

 

Depuis sa plus tendre enfance, Cléo rêve d'être une star. Elle veut devenir chanteuse et révolutionner l'industrie musicale internationale. Elle est convaincue que le succès n'arrive pas par hasard. Elle est prête à tout pour l'obtenir. De la France aux États-Unis, au fil d'efforts, de persévérance et d'égoïsme, Cléo trace son chemin vers la notoriété et son monde où règne l'artifice. Lorsque nous la découvrons, elle est au sommet de la gloire, vers ses 30 ans. Elle ressemble à un mélange entre Taylor Swift, Lady Gaga et Beyoncé. Elle part seule pour trois semaines sur une île déserte au milieu de l'océan Pacifique, sans eau ni électricité : "𝘭𝘦 𝘨𝘦𝘯𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘧𝘢𝘯𝘵𝘢𝘴𝘮𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘤é𝘭é𝘣𝘳𝘪𝘵é 𝘱𝘦𝘳𝘮𝘦𝘵 𝘥'𝘢𝘤𝘩𝘦𝘵𝘦𝘳. 𝘘𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘰𝘯 𝘢 𝘵𝘰𝘶𝘵, 𝘪𝘭 𝘧𝘢𝘶𝘵 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘱𝘳𝘦𝘶𝘷𝘦 𝘥'𝘶𝘯 𝘱𝘦𝘶 𝘥'𝘪𝘮𝘢𝘨𝘪𝘯𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘴𝘦𝘴 𝘷𝘢𝘤𝘢𝘯𝘤𝘦𝘴 𝘥'é𝘵é." A la manière d'une autobiographie intérieure, nous suivons le récit de son ascension. Tout ce que Cléo ne peut pas dire en interview ou publier sur Instagram, elle nous le livre sans faux-semblants. Le portrait est féroce. Cléo est odieuse, vaniteuse, pleine de méchanceté magnifiquement cachée. Évidemment, on aborde les affres de la célébrité : les transformations des rapports avec les gens, le manque de vie privée, le rapport à l'argent, l'addiction à la notoriété, l'angoisse de l'échec et l'ivresse du succès. On explore le caractère malsain du star-system. Mais surtout, on est happé et séduit par le ton acide de Cléo. Sans filtre, elle nous dévoile son sentiment de supériorité. Le titre de sa première chanson, 𝘐 𝘧𝘦𝘦𝘭 𝘯𝘰𝘵𝘩𝘪𝘯𝘨, est en cela révélateur du peu d'estime qu'elle a réellement pour son public : "𝘌𝘴𝘵-𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘫'𝘢𝘪 𝘥é𝘫à 𝘦𝘹𝘱𝘭𝘪𝘲𝘶é à 𝘲𝘶𝘦𝘭 𝘱𝘰𝘪𝘯𝘵 𝘫'é𝘵𝘢𝘪𝘴 𝘥éç𝘶𝘦 𝘱𝘢𝘳 𝘮𝘦𝘴 𝘧𝘢𝘯𝘴 ? 𝘔ê𝘮𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘦 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘳𝘪𝘤𝘩𝘦 𝘦𝘵 𝘴𝘰𝘱𝘩𝘪𝘴𝘵𝘪𝘲𝘶é𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘔𝘪𝘭𝘢𝘯, 𝘪𝘭𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘮𝘢𝘭 𝘩𝘢𝘣𝘪𝘭𝘭é𝘴 𝘦𝘵 𝘪𝘭𝘴 𝘰𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘫𝘢𝘶𝘯𝘦𝘴 𝘛𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘵𝘢𝘳𝘴 𝘩𝘰𝘭𝘭𝘺𝘸𝘰𝘰𝘥𝘪𝘦𝘯𝘯𝘦𝘴 𝘷𝘰𝘶𝘴 𝘥𝘪𝘳𝘰𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘮ê𝘮𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦 : 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘢𝘯𝘴 𝘧𝘰𝘯𝘵 𝘳𝘢𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦 𝘥𝘶 𝘩𝘢𝘶𝘵 𝘥𝘶 𝘱𝘢𝘯𝘪𝘦𝘳."

 

Maud Ventura reprend les ingrédients de son premier roman : une narratrice affreusement égoïste et maniaque du contrôle, un déséquilibre psychique qui s'exprime à travers le corps, un ton cruellement drôle, une thématique percutante. Elle nous le dit clairement par le biais de son personnage : "𝘑'𝘶𝘵𝘪𝘭𝘪𝘴𝘦 𝘭𝘢 𝘮ê𝘮𝘦 𝘳𝘦𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘦𝘮𝘪𝘦𝘳 𝘢𝘭𝘣𝘶𝘮 : 𝘫𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘪 𝘦𝘯 𝘨𝘰𝘮𝘮𝘢𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘥é𝘵𝘢𝘪𝘭𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘤𝘩𝘦𝘳 à 𝘭'𝘶𝘯𝘪𝘷𝘦𝘳𝘴𝘦𝘭." Le dénouement en deux temps, sur la question de l'impunité, est imprévisible et brutal comme dans Mon mari. J'ai passé un excellent moment en compagnie de ce récit. Mais attention, bien qu'elle ait su revisiter sa recette pour ce deuxième roman, il faudra que Maud Ventura sache se renouveler par la suite, au risque de s'enfermer dans un même schéma narratif et de lasser. En attendant, si ce n'est pas encore fait, n'hésitez surtout pas à faire la connaissance de la nouvelle idole Cléo Louvent : j'ai adoré !

 

La célébrité n'est pas une victoire, c'est une vengeance.

C'est l'un des secrets les mieux gardés à mon sujet : je suis une besogneuse. Parfois, il m'arrive même de penser que je n'ai aucun talent. Rien ne m'a jamais été offert. Au mieux quelques rares fulgurances dans un océan de labeur.

Bientôt, je dirai que j'ai mis dix ans à être connue du jour au lendemain.

Je suis plus riche que je ne l'ai jamais été - je le sais parce que je commence à désirer très fort des choses qui ne s'achètent pas.

Je ne l'avouerai jamais publiquement, mais je suis épuisée. J'étais prête à toutes les guerres pour être célèbre, sans imaginer que je devrais donner autant pour le rester.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 16 Septembre 2024

Celles dont je n’ai pas parlé

Bref retour sur mes lectures d’été :

 

👎 Le livre des sœurs d'Amélie Nothomb : L'histoire loufoque de Tristane, une enfant surdouée qui se construit seule, délaissée par ses parents, et qui aime passionnant sa petite sœur Laetitia et sa cousine anorexique (qui décèdera suite à la chute d'un frigo). On ne sait pas si ça penche du côté de l'humour ou du tragique et on a du mal à comprendre où l'autrice veut en venir. Une lecture qui ne restera clairement pas dans ma mémoire. Un conte un peu noir (paru en 2022) vite lu... et vite oublié.

 

👎 Hygiène de l’assassin d'Amélie Nothomb : Une série d'entretiens accordés par un grand écrivain plein de mépris, qui se sait condamné, à des journalistes. Seule la dernière d'entre eux va réussir à tenir l'invective et à lui faire avouer le monstre qu'il est. Une intrigue au départ plutôt intéressante et intellectuellement stimulante qui se révèle longue, verbeuse et cynique.

 

👎 Obsolète de Sophie Loubière : Afin d'enrayer le déclin de la population, toute femme de cinquante ans est retirée de son foyer pour laisser la place à une autre, plus jeune et encore fertile. Une intrigue rétrofuturiste prometteuse mais qui s'embourbe dans des longueurs. J'ai abandonné ma lecture au profit de récits plus alléchants.

 

👍 Nonbinaires de Martin Page : De la poésie en prose sur le thème, comme le titre l'indique, de la fluidité de genre. Un appel à la tolérance. Une lecture très rapide et adaptée aux lycéens.

 

👍 La gosse de Nadia Daam : Sur les sentiments et le rôle d'une mère, qui plus est célibataire, d'une fille unique. Très sympa pour occuper mes vacances mais bon, rien de révolutionnaire.

 

Dans la maison d’été de Karine Reysset : Si je devais retenir UN livre de mes lectures d'été, ce serait celui-ci. Une saga familiale ancrée dans la station balnéaire du Pouliguen. La maison d'été, c'est la villa qu'Albert et Rose achètent à l'automne 1980. Pendant plus de quarante ans, parents, enfants et petits-enfants vont s'y croiser, au fil des saisons, au gré des marées, des naissances, des anniversaires, des deuils. Les petits et les grands événements de la vie familiale sont racontés au fil de nombreux chapitres et de multiples points de vue. L'arbre généalogique qui ouvre le livre est d'ailleurs précieux pour se repérer. Le tout interroge le poids de la filiation, de la transmission. C'est touchant, délicat et intelligent et nous rappelle qu'il faut chérir sa famille : celle dont on hérite, celle qu'on a plus ou moins choisit et celle que l'on construit.

 

👍 Les cahiers d’Esther (T.9) de Riad Sattouf : Esther est en terminale, ça y est ! C'est l'année du bac, des choix d'orientation, de l'enfance qui s'évapore, des Cahiers d'Esther qui s'arrêtent... mais aussi de la majorité, de la liberté, et peut-être de la fin du célibat, qui sait ? Un tome agréable à lire, dans la lignée des précédents (mes critiques du tome 7 et du tome 8 sont en ligne).

 

👎 L'homme sous pilule d'Anne-Sophie Delcour et Lucy Macaroni : Une BD qui mêle l'histoire d'un couple fictif et des apports documentaires sur la contraception masculine. J'ai trouvé qu'il n'y avait pas de véritable originalité dans le récit et le graphisme et surtout que la volonté d'accompagner une réflexion éclairée sur la question était mal traitée car décourageante : le couple finit par se séparer (contraception définitive vs désir d'enfant) et en tant qu'homme les solutions existantes ne sont pas très convaincantes.

 

 

La référence à retenir

pour votre prochain passage en librairie ou en médiathèque :

Dans la maison d'été de Karine Reysset

 

 

Publié le 8 Septembre 2024

Les transfuges de classe en littérature

"Transfuge de classe" c'est un concept sociologique pour décrire une mobilité sociale ascendante : le passage d'une classe sociale à une autre, au capital économique, culturel et intellectuel plus important. En littérature, Annie Ernaux en est la figure de proue. Mais les œuvres dont l'ambition est de réhabiliter ou porter la parole des classes populaires sont diverses, autobiographiques ou fictionnelles. 

 

Voici quelques références incontournables à connaître sur ce thème :

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 6 Septembre 2024

Rentrée littéraire 2024

Je n'ai pas encore chroniqué mes lectures d'été que déjà la rentrée littéraire bat son plein.

 

Les 5 romans qui me font particulièrement de l’œil :

 

  • Célèbre de Maud Ventura (chez l'Iconoclaste) Lu et bientôt chroniqué !
  • Jacaranda de Gaël Faye (chez Grasset)
  • Terrasses de Laurent Gaudé (chez Actes Sud)
  • La vie meilleure d'Etienne Kern (chez Gallimard)
  • Badjens de Delphine Minoui (au Seuil)

 

 

Et vous

equel vღus tente ?

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je veille

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Publié le 5 Septembre 2024

RENTRÉE SCOLAIRE : PRÉNOMS CHICS OU CHOCS

 

 

TENDANCE NOUVELLE GÉNÉRATION

  • Lilou, Maïly, Zïa, Nyla, Olyna, Méloé, Laurana...
  • Lino, Théo...


TENDANCE RÉTRO

  • Maxine, Elanore, Fantine...
  • Jean, Mayeul, Léon, Basile, Gabin, Anatole, Clovis, Balthazar, Maxendre...


TENDANCE BRETONNE

  • Lilwenn, Aelig, Arwen, Gwennina, Azilis...
  • Maël, Thomas-Maël, Ewen, Evan...


HORS CATÉGORIES / ORIGINES CULTURELLES DIVERSES

  • Opale, Willow, Azaée, Louisy, Khélia, Krissy, Adama, Taïna, Lomane…
  • Danaël, Tylan, Soen, Dyel, Xavi, Adémar, Kezian, Iban, Thémis, Enri, Yago, Jonah...

 

 

Et pour (re)découvrir ceux relevés l'année dernière c'est par ici !