A ma source gardée

Publié le 1 Juin 2015

 

 

La quatrième de couverture :

 

Jeanne retrouve une bande d'amis à chaque vacances dans le village de sa grand-mère. Lucas se joint à eux, Jeanne en tombe amoureuse, éperdumment. Lui aussi sans doute. Ce bonheur l'habite, elle en aime le secret, elle aime tout de lui. L'été suivant alors qu'elle revient par surprise, elle comprend que cet amour n'est pas complètement réciproque, pas comme elle le pensait. C'est le trou noir qui l'absorbe. Il lui faudra du temps pour en parler, pour évoquer cet enfant qu'elle attendait et qu'elle n'aura pas...

 

Mon avis :

 

Ce premier ouvrage écrit par une libraire jeunesse a la saveur des romans plein d'émotions adolescentes. La narratrice, Jeanne, à fleur de peau, nous raconte son histoire. Cet été, elle vient à nouveau passer les vacances chez sa grand-mère et retrouve ses amis. Parmis eux, le charmant et sensible Lucas. Pour Jeanne, Lucas sera de ceux qui compte profondément. Dans un monologue imprégné de tendresse mais aussi de tristesse et de colère, elle revient sur sa relation avec Lucas, de sa rencontre à sa perte. En tant que lecteur, nous sommes témoins des vertiges d'une relation stoppée nette et de ses conséquences. Ce sont aussi les affres d'un avortement gardé secret qui reflètent l'éternel difficulté d'être femme. Un premier roman bien écrit qui explore les méandres du sentiment amoureux avec une lumineuse et douloureuse sincérité.

 

 

Quelques extraits :

 

  • "C’est août et les étoiles par milliers. Je me suis allongée dans le pré en pente, sous le cerisier. J’ai ôté mes chaussures. En quelques heures, les brides ont ceinturé les chevilles, les marques sont là, sur la peau blanche. Je me fais le sentiment d’être une espèce de Cendrillon qui se serait trompée de bal. Ou de jour. Ah non, revenez demain ! J’ai le corps tout mouillé, les heures peuvent passer, les heures et même les bruits que l’on n’entend que la nuit, je n’arrive plus à bouger. J’ose à peine remuer. J’ai la main droite sur mon ventre. Je ne sens rien. Mais je sais." (p. 8)

  • "Ca, là, tout ça, c'était du bruit. Les gens, la musique, l'endroit : du bruit. Du bavardage. Du qui sert à rien. Du moche. Lucas m'avait appris le silence. Et je ne savais plus vivre dans ce bruit, là, des autres." (p. 12)

  • "J'ai quand même un peu froid. Et y'a mes rêves qui s'essoufflent. Un peu." (p. 13)

  • "On avait fait le tour des mots. Je crois. Ma peau réclamait sa peau, à présent. Ca devait faire un boucan énorme. Lucas avait envahi mon corps, mon corps et ma voix. Il avait chanté dedans, respiré dedans. Il était entré comme le soleil, il était resté longtemps, le temps que toute sa peau dise je t'aime, peut-être. Longtemps." (p. 34)

  • "Avant Lucas, il me semblait qu'on me prenait quelque chose. J'étais d'accord pour le donner, ce quelque chose, mais ça n'enlevait rien à ce sentiment-là : quelqu'un entrait en moi, avançait en moi, et ressortait. Je n'avais pas lutté, je n'avais rien donné : on me l'avait pris. On m'avait enlevé un bout de moi, un bout de peau, un peu d'âme, de sang, de je ne sais pas quoi, mais quand ça finissait, ça me faisait l'effet d'une lutte où je n'avais pas lutté. L'autre avait gagné, il pouvait s'endormir, moi j'avais perdu, j'étais pas très fière, mais je donnais un baiser, un sourire, le coeur doucement revenait à des battements normaux, tout pouvait s'apaiser, et puis la nuit effaçait, en général. C'était pratique pour ça, les nuits et l'acool. Au matin, on pouvait faire comme si de rien n'était." (p. 35)

 

Juin : lire un roman d'un auteur francophone

 

 

Roth, Madeline.

A ma source gardée

Ed. Thierry Magnier

Coll. Roman

2015/58 p.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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