Les victorieuses
Publié le 27 Septembre 2019
Lecture d'été à la couverture acidulée, Les victorieuses, deuxième roman de Lætitia Colombani, dans la même veine que La tresse, a pourtant réussi le pari du renouvellement en partageant de nouveaux destins de femmes éprouvées par la vie.

Solène, 40 ans, a tout sacrifié à sa carrière d'avocate : ses rêves, ses amis, ses amours. Un jour, elle craque et tombe en dépression. Tandis qu'elle cherche à remonter la pente, son psychiatre l'oriente vers le bénévolat : sortez de vous-même, tournez-vous vers les autres, lui dit-il. Peu convaincue, Solène répond pourtant à une petite annonce : "association cherche volontaire pour mission d'écrivain public". En parallèle, à plusieurs décennies d'intervalle, Blanche Peyron s'engage dans l'Armée du Salut et parvient, en 1925, à réunir les fonds nécessaires pour l'achat d'un grand hôtel parisien qui sera par la suite nommé le Palais de la femme et logera de nombreuses femmes en situation de grande précarité. Quand Solène posera son ordinateur portable dernier cri dans le hall du Palais, elle se sentira complètement déstabilisée.
J'ai retrouvé dans ce livre l'idée de combat, de volonté farouche de s'en sortir pour briser la chaîne malheureuse des générations. Des passages m'ont émue, comme la lecture de la lettre écrite par Solène pour une mère et destinée à son fils resté au pays. C'est plein de dignité, de constats amers mais aussi de paillettes d'espoir. L'auteur semble nous dire : c'est dur mais quand on veut et qu'on est bien entouré, on peut. Aide-toi et le ciel t'aidera. Un peu "macronien" sur les bords ! Mais retenons-en les encouragements. La lecture est simple, fluide, touchante. Les bons sentiments ne suffisent malheureusement pas à nourrir une attente littéraire exigeante. J'ai trouvé les ficelles aussi grosses que pour son premier roman et le style bien pauvre. Pour autant, comme souligné alors, le récit a le mérite d'être bien construit et accessible. Entre un cours de Zumba, une soupe distribuée par Blanche et une lettre à la Reine d’Angleterre, on se laisse happer par des portraits sensibles de femmes aux parcours singuliers.
Quels mots pour dire cela ? Ils sont si impuissants, les mots, les pauvres mots, devant tant de souffrance. Cette femme vient de livrer sa vie comme on livre un secret, un fardeau, un cauchemar. Et elle attend, les yeux pleins d’espoir, les mots que Solène va poser sur son histoire.