Déroute sauvage
Publié le 25 Juillet 2011
La quatrième de couverture :
Sur le papier, c'est un voyage scolaire en Espagne, dans le cadre d'un projet pédagogique qui devrait permettre aux élèves de se familiariser avec leur deuxième langue vivante et de découvrir la vallée de l'Aragon. Sauf que ça vire au cauchemar. En pleine nuit, au cœur des Pyrénées, le bus quitte la route et bascule. Une chute vertigineuse et un amas de corps broyés entre la tôle et le granit. Quelques rescapés s'extirpent des décombres. Ils croient avoir échappé au pire. Mais ils confondent la fin et le commencement. Car trois sauvages sanguinaires surgissent des ténèbres...
Mon avis :
Après ma découverte de Guillaume Guéraud avec son roman d'anticipation La Brigade de l'oeil, j'ai tardé à poursuivre mes lectures de cet auteur pourtant assez loué sur la toile. Je ne regrette pas d'avoir emporté Déroute sauvage dans ma valise entre deux déplacements. Ce court roman se lit en à peine 1h30 et laisse pourtant sa marque dans l'esprit du lecteur. Le début du roman permet de nous plonger dans l'atmosphère des voyages scolaires adolescents et de faire le point sur les principaux personnages du roman. Puis, tout à coup, au détour d'une page, tout bascule. Le car qui les conduit et approche de la frontière espagnole quitte brutalement la route. Il ne semble rester que peu de survivants. Pourtant, le cauchemard est loin d'être fini. Il ne fait que commencer. Une course-poursuite va bientôt débuter pour échapper au pire : des espcèces de créatures sanguinaires mi-monstres mi-humaines. Les morts seront alors égrénées au fil du récit et nous saurons finalement peu de choses de ces horribles créatures (d'où une pincée de frustration à la fin).
L'écriture alterne les phrases longues et les phrases courtes en suivant le rythme haletant du souffle des personnages. Les descriptions détaillées de sang et d'os brisés ne nous sont pas épargnées. Pour renforcer l'horreur de la situation, des extraits de documents administratifs (courrier de l'établissement aux parents, bulletin de notes...) apparaissent parfois entre deux pages. Toutefois, j'ai trouvé que ces extraits n'étaient pas indispensables à la montée en puissance de l'intrigue. Véritable hommage aux films d'horreur et films gore, ce roman est sombre, cru, violent. Pour le moins percutant. Pour ma part loin d'être amatrice de ce genre, mon visage grimaçant a été figé pendant toute ma lecture. J'ai refermé le livre en me disant que c'était comme si je venais de voir un film d'horreur. Pourtant, je l'ai lu d'une traite sans penser à m'arrêter. J'avoue avoir du mal à comprendre les critiques qui utilisent de tels termes : "franche rigolade", "dérision", "second degré", "pour rire en frissonant"... Mais de la même façon que j'ai du mal à comprendre le plaisir de regarder des films d'horreur. Je suppose qu'il s'agit du même second degré. Cela ne change rien au fait - le lisant au premier degré - que j'ai apprécié la puissance évocatrice - cinématographique même - des descriptions de Guillaume Guéraud. Je me suis lancée dans une course éperdue en économisant mon souffle, tout comme les personnages. Guillaume Guéraud ne faillit pas à la réputation qui m'est venue aux oreilles : il nous livre un style vif, brut, poignant. Un roman original qui ne peut pas laisser indifférent, que l'on soit amateur du genre de l'horreur... ou pas. Un titre qui vient renforcer l'esprit de la collection DoAdo Noir du Rouergue (dont j'ai déjà lu ceci par exemple) et me donne à nouveau envie de lire Le contour de toutes les peurs du même auteur.
Plus d'infos sur :
Les éditions du Rouergue (extrait en ligne)
Mes anciennes lectures de Guillaume Guéraud ici et là
Guéraud, Guillaume.
Déroute sauvage
Ed. du Rouergue
Coll. DoAdo Noir
2009/144 p.