La Brigade de l'Oeil

Publié le 27 Mars 2010

 

 

La collection DoAdo Noir des éditions du Rouergue nous propose décidément des romans originaux... En voici un de Guillaume Guéraud.

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La quatrième de couverture :

"Rush Island, 2037. La loi Bradbury interdit toutes les images depuis vingt ans sur l'ensemble du territoire. La propagande matraque : Les photographies sont nocives. Le cinéma rend fou. La télévision est l'opium du peuple. Les agents de la Brigade de l'Œil, les yeux armés du gouvernement, traquent les terroristes opposés à cette dictature. Brûlent les images encore en circulation et les pupilles de ceux qui en possèdent. Parce qu'un bon citoyen est un citoyen aveugle. Kao a 15 ans. Il ne craint pas les images. Elles le fascinent. Après le lycée, il traîne dans les rues de Badwords pour en distribuer clandestinement. Une rumeur circule : des films auraient survécu. Ils seraient enfouis quelque part dans l'île. Kao est prêt à risquer gros pour les sauver des flammes."

Mon avis :

L'avenue Montaigne, le boulevard Dostoïevski, la place Offenbach, le quartier Majuscule ou encore le quartier étudiant Italique... Guillaume Guéraud nous plonge bien ici dans une société futuriste emprunte de la symbolique livresque. La littérature est vénérée. Au contraire, toute image est interdite. Le gouvernement martèle ses slogans anti-images depuis l'instauration de la loi Bradbury de 2017. Par cette loi, "toutes les images sont interdites", "il est interdit d'en voir. Il est interdit d'en posséder et d'en conserver. Il est interdit d'en produire, d'en reproduire, d'en importer et d'en diffuser" et "tout contrevenant aux articles de cette loi sera automatiquement condamné à perdre la vue". La Brigade de l'Oeil est ainsi le corps de police qui s'attache à faire respecter cette loi.

Le lecteur suit donc les parcours de deux personnages que tout oppose :
Falk, capitaine dirigeant la Brigade et Kao, adolescent de 15 ans qui va peu à peu intégrer la Résistance. Puisque bien sûr quand il y a répression, il y a résistance...

La loi dite "Bradbury" explicite l'hommage rendu à l'auteur de
Fahrenheit 451. Dans ce dernier, paru en 1953, les livres étaient brûlés et laissaient place à l'invasion de la télévision. Ici, c'est l'inverse : l'image est considérée comme un poison et seule l'écriture est sacrée.
Guillaume Guéraud nous offre ici un grand moment de SF, qui rend hommage à la culture au sens large et met en garde contre l'asservissement. C'est aussi une réflexion sur la mémoire : individuelle et collective...
C'est un roman sombre, dur, violent. Guillaume Guéraud ne nous épargne pas une fin amer. Son style est vif, énergique et nous projette dans un scénario dramatique digne... d'un grand film ! Comme il le fait dire à un de ses personnages : "l'homme est un singe immature qui cherche des certitudes".


Un point sur le sous-genre de la contre-utopie :

[ Wikipédia, article "Dystopie"]

 

 

"Une dystopie — ou contre-utopie — est un récit de fiction peignant une société imaginaire, organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur, et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur. La dystopie s'oppose à l'utopie : au lieu de présenter un monde parfait, la dystopie propose le pire qui soit. La différence entre dystopie et utopie tient moins au contenu (car après examen, nombre d'utopies positives peuvent se révéler effrayantes) qu'à la forme littéraire et à l'intention de son auteur.

Cette forme littéraire a été rendue célèbre par Le Meilleur des mondes (1932) d'Aldous Huxley1984 (1948) de George OrwellFahrenheit 451 (1954) de Ray BradburyNous autres (1920) de Ievgueni Zamiatine et, dans une moindre mesure, par Les Fils de l'homme (1992) de Phyllis Dorothy James."


Plus d'infos sur :

Ricochet
Actu SF
Le cafard cosmique
BlOg-O-nOisettes

Et aussi :

Ma critique de l'adaptation BD de Je mourrai pas gibier
Ma critique de Felicidad

 

 

Guéraud, Guillaume.

 

 

La brigade de l'oeil
Ed. du Rouergue
Coll. DoAdo Noir
2007/406 p.
 

Rédigé par Nota bene*

Publié dans #Je lis

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