Max
Publié le 22 Août 2012
Mon coup de coeur de l'été !
La quatrième de couverture :
"19 avril 1936. Bientôt minuit. Je vais naître dans une minute exactement. Je vais voir le jour le 20 avril. Date anniversaire de notre Fürher. Je serai ainsi béni des dieux germaniques et l'on verra en moi le premier-né de la race suprême. La race aryenne. Celle qui désormais régnera en maître sur le monde. Je suis l'enfant du futur. Conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Heil Hitler !"
Max est le protoype parfait du programme "Lebensborn" initié par Himmler. Des femmes sélectionnées par les nazis mettent au monde des purs représentants de la race aryenne, jeunesse idéale destinées à régénérer l'Allemagne puis l'Europe occupé par le Reich.
Une fable historique fascinantes et dérangeante qu'on ne peut pas lâcher. Une lecture choc, remarquablement documentée, dont on ne sort pas indemne.
Mon avis :
Wouah. Que dire si ce n'est que la quatrième de couverture tient ses promesses ? Ce roman est effectivement remarquable de par son sujet et son parti pris narratif. Remarquable de par son sujet car il traite d'un aspect peu connu - et à ma connaissance peu évoqué en littérature - de l'Histoire nazie : le programme Lebensborn initié par Himmler pour créer une race aryenne parfaite. Et - sans lourdeur aucune - j'ai beaucoup appris sur le sujet en lisant ce livre.
Le roman est également remarquable de par son parti narratif. En effet, le narrateur est un enfant qui n'est même pas encore né au début du roman. Nous faisons sa connaissance alors qu'il est encore dans le ventre de sa mère et qu'il s'applique à retarder le moment de l'accouchement afin de naître le 20 avril 1936, date anniversaire du Führer. On le suit ensuite de sa naissance à ses 9 ans, au moment de l'arrivée des américains en Allemagne. Entre-temps, il aura connu différents lieux, dont une Napola, école de la jeunesse nazie. Cet enfant est totalement embrigadé dans l'idéologie nazie et on ne peut que détester ses propos racistes. On se demande au départ s'il est possible d'aimer un tel être. Et pourtant on évolue en même temps que sa conscience se confronte à des vérités douloureuses et - si on ne parvient pas à l'aimer - on s'y attache en souhaitant qu'il ouvre un jour les yeux sur le monde, révélant ainsi sa part d'humanité.
L'auteur, que je découvre avec la lecture de ce livre, a à mon sens parfaitement su équilibrer les émotions de son personnage - et donc celles de son lecteur - et les scènes violentes, qui ne sont en général qu'évoquées. Elle offre au lecteur une fin parfaite en évitant tout happy end ou tout sursaut de conscience difficilement crédible. Pour qualifier ce roman en quelques mots j'évoquerais les adjectifs suivants : original, remarquable, fort, dérangeant, captivant, habilement construit, magistral. Certaines critiques lues sur la toile le comparent à Sobibor de Jean Molla (point sur lequel je ne peux pas me prononcer car je n'ai pas lu ce dernier). Il ne m'étonnerait donc pas que Max obtienne de nombreux prix dans les mois à venir et qu'il ne devienne une référence de la littérature jeunesse.
Je ne peux que me réjouir d'avoir consultée la sélection de l'été proposée par Lirado, qui m'a fait repérer ce roman au sujet délicat et intriguant, ainsi que les libraires l'ayant signalé comme un "énorme coup de coeur". Il suscite beaucoup d'émotions et de réflexions. On ne peut - pour les grands adolescents et les adultes - que le recommander afin d'éveiller les consciences et ne pas oublier.
Plus d'infos sur :
Cohen-Scali, Sarah.
Max
Ed. Gallimard jeunesse
Coll. Scripto
2012/472 p.