Métamorphose en bord de ciel
Publié le 31 Mai 2011
Vu avec ravissement sur un présentoir lors d'une visite en librairie :
le dernier ouvrage de Mathias Malzieu !
La quatrième de couverture :
Tom Cloudman est sans conteste le plus mauvais cascadeur du monde. Ses performances de voltige involontairement comiques le propulsent au sommet de la gloire, lui valant des jours heureux. Jusqu'à ce qu'un médecin le soignant pour une énième fracture décèle chez lui une maladie incurable. Commence alors pour Tom un long séjour hospitalier pour tenter de venir à bout de ce qu'il appelle "la Betterave". Lors d'une de ses déambulations nocturnes dans les couloirs de l'hôpital, cet homme qui a toujours rêvé de dévorer les nuages rencontre une étrange créature, mi-femme mi-oiseau, qui lui propose le pacte suivant : "Je peux vous transformer en oiseau, ce qui vous sauverait, mais cela ne sera pas sans conséquences. Pour déclencher votre métamorphose vous devrez faire l'amour avec moi. De cette union naîtra peut-être un enfant. Un risque à accepter."
Mon avis :
Encore une fois, Mathias Malzieu nous transporte dans un monde plein de poésie. Il n'y a que lui pour user de métaphores, métonymies et oxymores dans une veine aussi inattendue que fantastique. J'ai eu plaisir à retrouver son écriture imagée, tendre et forte. Au travers de son formidable travail littéraire, on retrouve ici encore les thèmes du combat contre la maladie, de la mort, de la rencontre amoureuse, de l'acceptation de soi et de l'autre, de l'envie de vivre sans entrave... En bref : un agréable moment de lecture qui débride l'imagination !
Pour l'anecdote, voici des phrases qui j'ai immédiatement associées en lisant la fin du roman. Mathias Malzieu serait-il redondant... ou enclin au clin d'oeil ?
- La mécanique du coeur : "Imperceptiblement, je me laisse tomber amoureux. Perceptiblement, aussi."
- Métamorphose en bord de ciel (p. 154) : "Je retiens ma respiration. Imperciptiblement, tu quittes mes bras. Perceptiblement, aussi."
Des extraits :
- "On vient de déposer le sablier du temps qu'il me reste à vivre entre mes mains. Un dé à coudre. Rien qu'un putain de dé à coudre. [...] On me regarde traverser le couloir avec ma dégaine de Twin Tower." (p.22)
- "Un bruissement d'ailes. L'oiselle tire une longue bouffée de cigarette. ses paupières ensevelissent ses pupilles, comme les rideaux à la fin d'un spectacle de marionnettes. elle étend ses bras jusqu'au bout des doigts, plie ses genoux, cambre ses reins et repousse le sol de ses talons plus qu'aiguilles. Ses pieds graciles quittent le sol, ses ailes se déploient, balayant le nuage de fumée. Onctuosité absolue. Les étoiles se penchent pour la regarder et se cognent aux angles des bâtiments. Elle s'envole jusqu'au portique de sa balançoire, se perche sur la barre transversale. La lune est en apnée, amoureuse." (p.63)
- "La nuit a commencé à se dépigmenter." (p.64)
- ""Je m'appelle Endorphine", chuchote-t-elle, en glissant sa main couverte de plumes dans la mienne. Ahurissante de grâce équivoque." (p.64)
- "J'ai beau penser à Endorphine, je ne vis que pour me retrouver dans les bras de Morphine." (p.68)
- "Endorphine cale une Camel light entre les rubis qui lui servent de lèvres et en exhale un cumulus pour Playmobils. Je voudrais être une Camel light. Rouler entre ses doigts, traverser son palais de princesse, me transformer en fumée souple pour descendre en rappel son oesophage et lécher ses seins par l'intérieur avant de finir en fleur de goudron plantée dans ses poumons." (p.73)
- "Dans le silence, le vent reprend ses droits" (p.79)
- "L'effet de surprise gèle mon esprit. Coeur et cerveau en court-circuit. un souffleur de verre tente de donner forme à mes pensées, je commence à ressentir ses étincelles. J'ai dit que je n'avais pas peur, mais je crois que j'ai menti." (p.79)
- "Elle caresse son ventre de plumes telle une cartomancienne sa boule de cristal. Elle parvient plus ou moins à garder contenance en s'allumant une clope. Une armée d'anges passe. Ils se prennent les pieds dans la fumée de sa Camel light." (p.81)
- "Quelque chose m'attire vers le ciel et un autre quelque chose me plaque au sol." (p.84)
Plus d'infos sur :
Mes anciens billets sur l'auteur (ici, ici ou encore là)
Malzieu, Mathias.
Métamorphose en bord de ciel
Ed. Flammarion
2011/157 p.