Publié le 30 Juin 2021

Faire défiler le carrousel
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Faire défiler le carrousel

😕 Je suis un oiseau de la ville de Delphine Jaboeuf, Caroline Aufort et Élodie Mandray est un album jeunesse documentaire de grand format sur les oiseaux des villes, du plus remarquable au plus commun. Il permet de les reconnaître, les observer, de mémoriser leur chant et leurs particularités. Nous n'avons pas été particulièrement séduits à la maison. Peut-être, en vrac, parce que : le format est imposant et difficilement manipulable, les illustrations sont rébarbatives, décrypter les chants est compliqué. Un album qui ne correspond pas forcément aux bas âges de mes enfants mais qui pourrait en séduire d'autres. Je remercie tout de même les éditions Hélium pour cet envoi.

 

😕 Retour vers l'antiquité de Delphine Chedru est un livre-jeu de grand format. Le chevalier Courage et la Princesse Attaque sont réunis pour un voyage dans le temps direction l’Antiquité. Ils sont dirigés dans leur périple par les choix faits par le lecteur au fil du livre, et traversent ainsi les civilisations grecque, égyptienne romaine, etc. Le principe ludique est intéressant mais autant le dire sans détour : l'indication d'âge de l'éditeur (à partir de 5 ans) ne me semble pas du tout approprié ! Le contexte historique et certains jeux d'observation sont hors de portée des plus jeunes et ne sont abordables aisément qu'à partir de 7 ou 8 ans. Un album qui, de nouveau, ne correspond pas forcément aux bas âges de mes enfants mais qui pourrait en séduire d'autres. Je remercie tout de même les éditions Hélium pour cet envoi.

 

🙂 Montagnes de Marcos Navarro et Mia Cassany est un album jeunesse documentaire de grand format sur de célèbres montagnes de seize régions du monde. C'est l'occasion d'évoquer la géographie, la faune et la flore d'autres pays comme le Pérou ou le Japon. Chaque double page présente un paysage à la biodiversité détaillée dans lequel on peut s'amuser à observer et compter des animaux tels que l'ours, le lama ou le saro à cornes. Du volcan Arenal au Mont Blanc en passant par le Kilimandjaro, on se régal d'illustrations chatoyantes et d'informations à portée des jeunes enfants à partir de 5 ou 6 ans environ. Je remercie les éditions Nathan pour cet envoi.

 

😐 L'artiste contemporain de Nathalie Heinich et Benoît Feroumont est une bande dessinée sociologique de petit format sur la figure de l'artiste contemporain : son positionnement, sa carrière, sa rémunération. C'est lisible et enrichissant sur le sujet, même si je pensais en apprendre plus sur l'art contemporain en général plutôt que sur le statut de l'artiste.

 

😐 La colline que nous gravissons d'Amanda Gorman est la retranscription du discours The hill we climb fait par la jeune poétesse afro-américaine lors de l'investiture du Président Joe Biden en janvier 2021. C'est à la fois consensuel, facile d'accès et bien écrit. Et comme la poésie, dit-on, a le pouvoir d'adoucir les mœurs, je vous laisse sur une citation de ce long discours poétique.

 

Si nous voulons être dignes de notre époque,
nous devons vaincre
Non par la lame de l'épée, mais grâce aux ponts que nous avons construits.
Telle est la clairière promise,
La colline que nous gravissons, si tant est que nous en ayons le courage :
Car être américain est bien plus qu'une fierté reçue en héritage,
C'est le passé dans lequel nous nous inscrivons,
et la façon dont nous le réparons.

Publié le 29 Juin 2021

Appelez-moi Nathan

Voici une bande dessinée sur une thématique émergente dans les lycées : la transidentité. Ce sera l'un des thèmes forts de mon volet culturel l'année prochaine. J'ai déjà lu Mon père, ma mère, mes tremblements de terre sur cette question et d'autres suivront (un essai et un roman italien sont déjà dans ma PAL d'été). Nous suivons ici le parcours de Lila, adolescente née fille, qui à l'approche de la puberté se pose des dizaines de questions sur son corps et son identité. Pourquoi n'a-t-elle pas tout à fait les mêmes goûts que ses copines ? Qui est-elle vraiment ? Est-elle homosexuelle ? Fait-elle sa crise d'adolescence ? Petit à petit, elle va comprendre qu'elle se sent garçon et décidera de se faire appeler Nathan. Elle commencera, avec le soutien de ses parents, un processus de transformation avec des injections de testostérone chaque mois.

 

C'est une sorte de témoignage fictif sur les questionnements et le parcours d'un adolescent transgenre. La narration utilise un langage parlé, à hauteur d'adolescents, très abordable et lisible. Les illustrations à l'aquarelle sont douces et fluides. Au fil de ma lecture, j'ai été sceptique face au côté "on ne me comprend pas mais moi je sais maintenant et je vais m'affirmer quitte à bousculer la norme" mais j'ai aussi noté deux planches choc (l'une mettant en scène un violent fantasme d'arrachage des seins et l'autre une hypothétique opération de changement de sexe) qui permettent de ne pas rendre anodin et rose le parcours transidentitaire. Centré sur Lila / Nathan, le récit n'omet pas non plus la douleur et la dignité des parents et du petit frère dans cette situation oh combien bouleversante. D'ailleurs, outre la question centrale du genre, sont aussi évoqués des sujets tels que la scarification, le sexisme et l'homophobie. Le récit est didactique et éclairant. Il balaie les différents aspects de cette égarement d'un garçon dans un corps de fille : de sa prise de conscience à celle de l'entourage familial, amical et scolaire, jusqu'aux processus sentimentaux, médicaux, administratifs et sociaux. Pour autant, il ne répond pas à tous mes questionnements d'adulte sur le lien entre identité biologique (sexe) et identité genrée, nature et culture, et aussi sur les conséquences autour des questions familiales et procréatives.

 

Appelez-moi Nathan
Appelez-moi Nathan

Publié le 28 Juin 2021

Carbone & Silicium

Voici une bande dessinée de pure science-fiction, et d'un certain volume, signé Mathieu Bablet. Son premier roman graphique paru il y a quelques années a connu un énorme succès. C'est donc avec beaucoup d'attente que les lecteurs ouvraient ce nouvel opus. N'ayant pour ma part pas lu Shangri-La, c'est sans attendus particuliers que j'ai ouvert en cette fin d'année scolaire Carbone & Silicium.

 

Ces deux éléments chimiques sont ici les prénoms donnés à deux intelligences artificielles. Nous sommes en 2046. Ces deux humanoïdes sont les derniers-nés de la Tomorrow Foundation dans la Silicon Valley. Ce sont des prototypes qui ont pour but de prendre soin de la population humaine vieillissante. Après un temps d'apprentissages enfermés entre quatre murs, ils s'évadent, se séparent et découvrent le monde extérieur. Ils vont par la suite, sur plusieurs siècles, chacun chercher leur place sur la planète, malgré les bouleversements climatiques et politiques.

 

Le récit est assez vertigineux du fait de son étirement sur près de 300 ans. Il pose des questions intéressantes sur la question des liens Homme/Machine (le libre-arbitre, la paternité...) mais aussi sur le rapport au corps (l'identité genrée, le transhumanisme...) et à l'environnement. L'enjeu climatique est présent. Une certaine réflexion philosophique sur le Beau également. J'ai particulièrement aimé le début du récit avec l'explicitation de certains choix opérés par les actionnaires (obsolescence programmée, apparences physiques...).

 

Bien que le style graphique ne soit pas particulièrement à mon goût, je ne peux qu'en attester une qualité certaine. J'en retiens un travail d'abstraction graphique pour représenter la conscience / le cloud. Une référence relativement évidente à Matrix. J'en retiens également le découpage. En effet, programmés pour vivre quinze ans, Carbone et Silicium doivent régulièrement changer d'enveloppe corporelle. Si Silicium reste attaché à son corps qu'il use jusqu'à sa décrépitude, Carbone s'empare elle de chaque occasion pour changer d'apparence et de genre. Ainsi, chaque page d'ouverture d'un nouveau chapitre est un portait, pour mieux identifier le personnage et se repérer. Les ellipses insufflent un rythme haché. Dans ma mémoire aussi : une planche choc où une humaine, sur son lit d'hôpital, ne se réduit qu'à un amas d'organes vitaux, "grâce" au développement de la technologie et à la quête d'immortalité des Hommes. J'ai aussi été séduite par une planche au coloris bleu océan contrastant, un appel d'air dans des paysages plutôt sombres et bétonnés.

 

Ce roman graphique ne manque donc pas d'intérêt mais s'étire en longueur. Je l'ai aussi trouvé un peu glauque. Dommage. J'ai apprécié mais j'ai été quelque peu circonspecte. Surtout en lisant la fin.

 

Carbone & Silicium
Carbone & Silicium
Carbone & Silicium

Publié le 24 Juin 2021

Les vacances de monsieur Monsieur

Merci à la maison Nathan pour le partage de cet album

 

qui vient tout juste de sortir

 

 

Voici un album cartonné signé Georgette, à découvrir à partir de deux ans environ, sur le thème des vacances d'été mais aussi de la relation oncle-nièce. Monsieur Monsieur adore les vacances. C’est l’occasion pour lui de faire ses valises, de prendre le train, et surtout, de retrouver sa petite nièce chérie Zélie ! Ensemble, ils vivent de folles aventures, comme explorer les fonds sous-marins et combattre les requins. Si seulement cela pouvait durer plus longtemps ! Alors, quand la fin des vacances arrive, qui de l'oncle ou de la petite nièce console l'autre ? À la maison, on a adoré : Monsieur Monsieur et ses faux airs de Monsieur Hulot, les flocages rouges à trouver et à caresser à chaque page, la tendre ironie qui se dégage parfois du contraste texte / image... Un récit fantaisiste, gai et touchant, à partager pendant les vacances qui s'annoncent.

 

Les vacances de monsieur Monsieur
Les vacances de monsieur Monsieur
Les vacances de monsieur Monsieur
Les vacances de monsieur Monsieur
Les vacances de monsieur Monsieur

Publié le 23 Juin 2021

Ça ne tourne pas rond

Merci à la maison Nathan pour le partage de cet album

 

 

Paru le mois dernier, ce petit album de format carré signé Régis Lejonc met en scène un bestiaire amusant. Chaque double-page fait apparaître en rimant un animal dans un véhicule étonnant. On croise ainsi une panthère en trottinette, un panda en mobylette ou encore une gazelle dans un cabriolet. Ça ne tourne pas rond, me direz-vous. Sauf si tout ce petit monde est en réalité sur un... vous l'avez, la chute ? C'est loufoque et amuse bien les petits dès deux ou trois ans. Chez nous la phrase qui a le plus de succès est : "Non mais ça va pas la tête !" sans l'ombre d'un doute. Le plus, c'est l'application gratuite Nathan live ! qui propose la lecture de l'album pour des relectures en toute autonomie. Ça m'a déjà sauvé la préparation du repas une ou deux fois... 😉

 

Pour en voir plus, rendez-vous sur mon compte Instagram
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Publié le 18 Juin 2021

Nous nous sommes construits par les histoires et nous serons effacés par les données...

Préférence système

Dans Préférence système, le dessinateur Ugo Bienvenu s'interroge sur la mémoire de l'humanité, désormais dépendante de la capacité des serveurs informatiques. En 2120, le volume de données informatiques est devenu si conséquent qu'on commence, pour continuer à publier et à conserver de nouveaux fichiers, à effacer des données. Toute archive frappée d'un visa d'élimination par le corps des "Prophètes", chargé d'opérer les choix cruciaux, doit être supprimée. Yves, archiviste du Bureau des Essentiels, ne peut s'y résoudre. Pour les sauver de l'oubli, il sauvegarde clandestinement certaines données, plus poétiques que politiques, (comme le film 2001 : L'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick par exemple) et les rapporte chez lui pour les stocker dans la mémoire de Mikki, son robot domestique. Une infraction grave à l'éthique de sa profession. Les progrès de l'intelligence artificielle ayant par ailleurs permis de confier la charge de la gestation pour autrui (GPA) aux machines, Mikki, androïde hermaphrodite, porte l'enfant d'Yves et Julia, son épouse. Cependant, au Bureau des Essentiels, des fuites ont été décelées et une vaste enquête est lancée parmi le personnel.

 

Cette dystopie relativement facile d’accès m'a convaincu. Elle propose une réflexion sur le stockage de données, la mémoire, le révisionnisme culturel et la transmission tout à fait pertinente. Bourrée de références culturelles (de Tintin d'Hergé à La petite sirène d'Andersen en passant par Sensation de Rimbaud), elle tend à défendre la production culturelle, bien sûr, mais aussi l'importance d'adopter un mode de vie plus lent et contemplatif. À ce titre, le dialogue entre Yves et Mikki sur la différence entre l'être humain (capable de s'émouvoir) et le robot (intelligence artificielle logique) est à souligner. Cette anticipation ne peut qu'alimenter notre réflexion sur nos usages actuels pour préserver les générations futures. La fin ouverte aurait peut-être gagnée à moins l'être mais le scénario global est bien ficelé et les illustrations un peu "vintage" inspirées du pop art bien abouties. Dans la lignée de Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, le roman graphique d'Ugo Bienvenu porte des valeurs d'humanisme, de transmission, de sauvegarde d'un patrimoine immatériel commun. Une lecture très agréable à mettre sans hésiter entre les mains des lycéens.