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Publié le 15 Mai 2025

Hexa

Nous sommes au Québec, dans une cité cernée par un mur qui protège les habitants de la dévastation extérieure et qu’une infime minorité de gens peuvent franchir. Dans un état qui contrôle les naissances et la relative liberté de circulation. Sur une planète où les ressources naturelles ont été exploitées et où climat et sols sont devenus arides. Thalie, 16 ans, vit avec ses parents Gabriel et Sandrine. Chaque printemps, Sandrine est impatiente de quitter son amoureux et sa fille pour partir reboiser le nord du pays avec un groupe de femmes. Cette année, Thalie obtient le droit de l’accompagner. L’adolescente va alors découvrir un monde insoupçonné : la nature omniprésente, la sororité, le travail acharné pour reconstruire ce qui a été abîmé… l’amour, aussi. Ainsi, nous suivons de façon croisée les histoires de trois générations de femmes : Hexa  (dont nous ne découvrons l’identité qu’à la fin), Sandy et Thalie.

 

Immersion dans la nature, militantisme, écologie, féminisme, entre-aide... on retrouve ici tous les éléments qui font la beauté et la force des récits de Gabrielle Filteau-Chibat (dont j'ai déjà lu Encabanée). L’autrice nous livre un roman, dédié "aux sorcières qui nous éclairent", d'amour maternel et d’amour tout court, d'évasion au contact de la nature, d'anticipation dystopique… mais truffé d'espoir. C’est une sorte de manifeste pour la décroissance : pour tisser des liens sincères entre femmes, entre êtres vivants et pour prendre le temps de ralentir et tout repenser. J’ai aimé le message global et certains passages (comme ceux concernant l’accouchement) mais j’ai aussi regretté des longueurs et un propos qui tarde à prendre sens. La trame narrative est assez classique et la fin détonne un peu par rapport au reste : on se retrouve tout à coup dans un film d’anticipation avec un papa résistant tête pensante d’une rébellion. Malgré tout, le langage est intéressant et relevé d’un vocabulaire québécois dépaysant.

 

Hexa

Tu n'as plus le droit de mourir. Plus jamais. Tu es une bisonne qui brave les éléments. Tu es cette jument sauvage qui brise l'enclos, sème le vent. Une maman qui se sacrifie pour les siens. Qui doit tenir sa promesse et revenir.

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 13 Mai 2025

Pour que l'on se souvienne

Le 19 décembre 2024 s’est clos le procès de Mazan, inédit par son ampleur et son impact. Caroline Darian, la fille de la principale victime Gisèle Pélicot et du coupable, nous livre son regard unique sur cette tragédie et met en lumière l’inachevé de l’enquête.

 

Après son premier témoignage paru en 2022 "Et j’ai cessé de t’appeler papa", que je n’ai pas lu, elle parle ici de la façon dont elle a vécu la révélation des atrocités commises par son père puis le procès. Elle insiste aussi sur l’ampleur de l’enquête encore à mener sur le passé criminel de Dominique Pélicot : son ADN a été retrouvé sur une scène de viol et de meurtre datant des années 90. Elle énonce l’importance du combat contre la soumission chimique et pour la manifestation de la vérité. Pour prendre en charge les victimes qui n’ont ni preuves ni souvenirs. C’est évidemment un témoignage fort et bouleversant sur une révélation familiale devenue une déflagration médiatique et sociétale. Des faits quasiment inimaginables. À lire avant la parution des mémoires de Gisèle Pélicot en janvier 2026 chez Flammarion.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 16 Avril 2025

Divorce à la française

Lui est chirurgien. Elle est romancière. Ils divorcent et se déchirent par avocats interposés pour la garde de leurs enfants. Chaque chapitre de ce roman fait intervenir un protagoniste : lui, elle, leurs enfants, leurs mères, l'employée de maison, l'éditeur, le beau-frère, etc. comme une suite de témoignages énoncés lors du procès, devant la Juge aux Affaires familiales. Chacun a sa version de l'histoire et ces versions sont toutes plus contradictoires les unes que les autres. C'est donc un thriller psychologique qui nous pousse à être attentif au moindre indice qui pourrait être caché dans les propos des uns et des autres. Chaque prise de parole décrédibilise la précédente. Est-ce Margaux la manipulatrice, habituée à mener son lecteur par le bout du nez ? Ou Antoine, infidèle et violent, qui semble instrumentaliser les enfants ? Chacun est crédible mais rien ne s'accorde dans cette histoire familiale.

 

L'idée de départ de laisser le lecteur prendre partie objectivement, au fil des témoignages, est plutôt bonne. Pourtant, j'ai trouvé des longueurs et j'ai eu du mal à ne pas trouver les personnages tous plus détestables les uns que les autres. J'ai été un peu déçue par la chute qui semble banalement dénoncer la passivité de la justice en matière de violences faites aux femmes. Pour autant, la construction est originale et certaines prises de parole, comme celles des enfants, plutôt déstabilisantes.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 2 Avril 2025

Je peux tout lire avec Capitaine Maya

Les éditions Nathan ont sorti il y a quelques mois une collection pour les lecteurs débutants bien pensée et à petit prix : Je peux tout lire avec Capitaine Maya. Elle promet à l'enfant, dès 5 ans, de lire tout seul, en s'appuyant sur ce qu'il sait déjà et en s'aidant des indices. Il est ainsi accompagné sur le chemin de l'apprentissage de la lecture. 📖

 

Voici les indices proposés :

  • Les lettres muettes sont grisées.
  • Les sons é / è et les lettres qui ne font pas leur son habituel sont transcrites juste en-dessous du texte. Par exemple le c de arc-en-ciel qui se prononce s ou le g de magie qui se prononce j.
  • Les graphèmes complexes (an, ou, ch...) sont à la fois colorés dans le texte, pour repérage, et illustrés en bas de page. Par exemple le ch de chat associé au dessin du chat. 🐱

 

Dans L'arc-en-ciel magique, le jeune lecteur suit les aventures fantastiques de Maya, appelée sur l'île de Gato-Gato, dont l'arc-en-ciel a perdu ses jolis couleurs. Elle va l'escalader, accompagnée de Soro, pour tenter de lui redonner sa lumière. 🌈

 

Bien que les indications soient nombreuses et qu'il faille consacrer du temps au déchiffrage au départ, l'enfant prend confiance en lui au fur et à mesure des pages et se régale de l'histoire et des illustrations modernes et colorées. Ma fille a adoré ! 💛

 

Je peux tout lire avec Capitaine Maya
Je peux tout lire avec Capitaine Maya

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 26 Mars 2025

La très catastrophique visite du zoo

Je connaissais Joël Dicker et ses thrillers à succès sans jamais avoir eu particulièrement envie de les lire. Quand soudain, le phénomène médiatique a déferlé : ces dernières semaines, Joël Dicker est partout. Pour faire la promotion de son dernier roman en même temps que celle de la lecture en général, et de l'opération 11 mars, je lis / quart d'heure lecture en particulier. Son discours m'a évidemment interpellé, et la présentation de son nouveau roman aussi. Une enquête à hauteur d'enfant s'adressant à un public "multigénérationnel". De la littérature jeunesse qui ne dit pas son nom ?

 

C'est donc avec impatience que j'attendais de pouvoir découvrir La très catastrophique visite du zoo. Je n'ai pas été déçue. 𝑪𝒆 𝒍𝒊𝒗𝒓𝒆 𝒆𝒔𝒕 𝒖𝒏 𝒃𝒐𝒏𝒃𝒐𝒏. 𝑼𝒏𝒆 𝒈𝒐𝒖𝒓𝒎𝒂𝒏𝒅𝒊𝒔𝒆 𝒂̀ 𝒔𝒂𝒗𝒐𝒖𝒓𝒆𝒓 𝒂̀ 𝒏'𝒊𝒎𝒑𝒐𝒓𝒕𝒆 𝒒𝒖𝒆𝒍 𝒂̂𝒈𝒆. 𝑪𝒐𝒎𝒎𝒆 𝒍𝒆𝒔 𝒉𝒊𝒔𝒕𝒐𝒊𝒓𝒆𝒔 𝒅𝒖 𝑷𝒆𝒕𝒊𝒕 𝑵𝒊𝒄𝒐𝒍𝒂𝒔. 𝑺𝒂𝒖𝒇 𝒒𝒖𝒆 𝒔𝒂 𝒏𝒂𝒓𝒓𝒂𝒕𝒓𝒊𝒄𝒆 𝒔'𝒂𝒑𝒑𝒆𝒍𝒍𝒆 𝑱𝒐𝒔𝒆́𝒑𝒉𝒊𝒏𝒆.

 

Au début de l'histoire, la maman de Joséphine est "mortifiée". Joséphine ne sait pas très bien ce que ça veut dire mais se doute qu'avec le mot "mort" dedans, ce ne doit pas être très positif. Et surtout, elle est privée de dessert. Parce que la journée a viré à la catastrophe et que ses parents exigent de savoir pourquoi. Alors, Joséphine prévient : il va falloir l'écouter jusqu'au bout. Car pour comprendre pourquoi la visite du zoo s'est mal passée, il faut tirer le fil des événements et savoir pourquoi la soirée de Noël de l'école s'est mal passée, pourquoi M. André est tombé pendant le cours de sport ou encore pourquoi les lavabos des toilettes de l'école "spéciale" ont été bouchés et les robinets laissés ouverts, provoquant une catastrophique inondation. Car Joséphine n'est pas une enfant ordinaire. Elle est "spéciale", comme ses camarades de classe : Artie l'hypocondriaque, Thomas le karatéka, Otto qui sait tout sur tout, Giovanni qui a des parents très riches et Yoshi qui ne parle jamais.

 

On devine en tant que lecteur adulte que ces enfants sont probablement atteints de troubles du spectre autistique mais rien n'est jamais formulé si clairement. Leur naïveté face aux adultes est à la fois déconcertante et follement drôle. Elle pousse les raisonnements des adultes au bout - à bout - et ainsi dévoile leurs incohérences et les absurdités de certains discours. Leur naïveté est finalement une forme de lucidité et leur franchise une force extraordinaire. A travers son histoire - l'enquête que les enfants vont mener pour découvrir qui est à l'origine de l'inondation de leur école - Joël Dicker propose une réflexion sur le vivre-ensemble, la normalité et la démocratie. De manière joyeuse et drôle, les chapitres se succèdent, nous faisant découvrir une galerie de personnages irrésistibles : Mademoiselle Jennings, le directeur de l'école "normale" (on croirait presque reconnaître M. Bouillon), le gendarme, le prof de gym, la grand-mère de Giovanni, etc. Cette dernière va d'ailleurs aider les enfants, forte de son expérience tirée des feuilletons policiers, et leur apprendre du vocabulaire indispensable à leur investigation : suspect, alibi, indic, etc. Les déambulations des enfants nous mèneront de l'amphithéâtre de l'école au zoo en passant par l'hôpital et le centre commercial. L'auteur maîtrise l'art du comique de situation à la perfection. Sa plume est fraîche et alerte, au service de dialogues pertinents et drôles.

 

𝑪'𝒆𝒔𝒕 𝒕𝒓𝒆̀𝒔 𝒃𝒊𝒆𝒏 𝒆́𝒄𝒓𝒊𝒕, 𝒎𝒆̂𝒍𝒂𝒏𝒕 𝒔𝒖𝒔𝒑𝒆𝒏𝒔𝒆 𝒅𝒆 𝒍'𝒆𝒏𝒒𝒖𝒆̂𝒕𝒆, 𝒓𝒆́𝒇𝒍𝒆𝒙𝒊𝒐𝒏 𝒔𝒖𝒓 𝒍𝒆 𝒗𝒊𝒗𝒓𝒆-𝒆𝒏𝒔𝒆𝒎𝒃𝒍𝒆, 𝒉𝒖𝒎𝒐𝒖𝒓, 𝒑𝒆́𝒓𝒊𝒑𝒆́𝒕𝒊𝒆𝒔 𝒖𝒏 𝒑𝒆𝒖 𝒓𝒐𝒄𝒂𝒎𝒃𝒐𝒍𝒆𝒔𝒒𝒖𝒆𝒔 𝒆𝒕 𝒎𝒊𝒈𝒏𝒐𝒏𝒏𝒆𝒓𝒊𝒆𝒔. Un roman jeunesse à mettre entre les mains de tous à partir d'environ 9 ans.

 

Un lundi matin de la fin de l'automne, à quelques semaines de Noël, il s'est passé quelque chose de grave.
Comme toujours, lorsque survient une catastrophe, on ne voit rien venir. Ce lundi-là s'était donc déguisé en jour normal [...].

J'aime mon école. C'est une toute petite école pare qu'il n'y a qu'une seule classe. Elle est comme un grand pavillon en planches. Maman dit que c'est charmant. Moi je dirais plutôt que c'est chouette.

Et puis enfin, il y a moi : Joséphine. Il paraît que je comprends les choses trop vite. Je ne vois pas le problème, mais apparemment c'en est un. Ca fait au moins une chose que je ne comprends pas. Quand je serai grande, je veux devenir inventeuse de gros mots. C'est une idée qui m'a été soufflée par mon père.

- Dans une démocratie, a-t-il indiqué, nous vivons ensemble avec nos différences. Je serai très ferme sur ce point : il n'y aura pas de place pour les intolérants dans cette école !

Artie s'est alors mis à pleurer bruyamment, interrompant le Directeur.

- Pourquoi pleures-tu, mon petit coquin ? a demandé le Directeur.
- Parce que je suis intolérant au lactose, a expliqué Artie.
- Intolérant au lactose, ça va, a assuré le Directeur avant de déclarer solennellement : les intolérants au lactose seront tolérés.

Au fond, les gens sont comme les étoiles: c'est en les regardant attentivement qu'on se rend compte à quel point ils brillent.

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 11 Mars 2025

Ceux que j'ajoute à ma pile à lire du printemps

Voici mes repérages pour de prochaines lectures printanières :

 

 

  • ℒ𝒶 𝓉𝓇𝑒̀𝓈 𝒸𝒶𝓉𝒶𝓈𝓉𝓇𝑜𝓅𝒽𝒾𝓆𝓊𝑒 𝓋𝒾𝓈𝒾𝓉𝑒 𝒹𝓊 𝓏𝑜𝑜 de Joël Dicker, un roman "multigénérationnel" qui semble prometteur et qui me permettrait de découvrir cet auteur populaire et porteur d'un fort message de sensibilisation à la lecture.

 

  • ℋ𝑒𝓍𝒶 de Gabrielle Filteau-Chiba, un roman éco-féministe, du genre hopepunk, d'une autrice découverte avec la lecture du court roman Encabanée et que j'ai pris plaisir à écouter sur France Inter récemment.

 

  • 𝒟𝒾𝓋𝑜𝓇𝒸𝑒 𝒶̀ 𝓁𝒶 𝒻𝓇𝒶𝓃𝒸̧𝒶𝒾𝓈𝑒 d'Eliette Abécassis, repéré dans les parutions de fin d'année dernière et présenté comme un huis clos étourdissant sur la thématique du déchirement d'un couple.

 

  • Peut-être ℒ'𝒾𝓃𝒸𝑜𝓃𝓃𝓊𝑒 𝒹𝓊 𝓅𝑜𝓇𝓉𝓇𝒶𝒾𝓉 de Camille de Peretti qui a fait parler de lui sur les réseaux et qui vient de paraître en poche.

 

  • Peut-être ℒ𝑒𝓈 𝒷𝑜𝓊𝒸𝒽𝑒̀𝓇𝑒𝓈 de Sophie Demange, premier roman décrit à la fois comme très noir et très rose (entendez par là féministe).

 

  • Peut-être ℐ𝓃𝓈𝑜𝓂𝓃𝒾𝑒𝓈 de Clothilde Salelles, premier roman "écrit comme aux aguets" (dixit Raphaëlle Leyris dans Le Monde) révélé lors de la rentrée littéraire de janvier.

 

Et j'espère d'autres titres savoureux trouvés sur mon chemin ensoleillé...

 

Hâte

 

Rédigé par Nota Bene

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