Des bribes d'imagination
Publié le 13 Novembre 2013
Les jours se sont transformés en semaines... En effet, ils ne semblent plus s'écouler à la même vitesse ces derniers temps. En attendant d'en retrouver un peu pour bloguer, du temps, voici de quoi vous mettre en appétit.
Un extrait (pp. 13-14) du dernier Marie-Aude Murail :
"Quand Mme Plantié annonça que l'on donnerait un spectacle en fin d'année, un coup de baguette magique nous transporta tous les trois sur la scène du théâtre à l'italienne au moment du salut final. Mais il y avait auparavant quelques formalités à accomplir, comme de trouver une pièce à jouer. Celle-ci devait fournir un rôle à chaque élève et bien sûr, finir mal. Pourquoi madame Plantié choisit-elle Roméo et Juliette ? Peut-être parce que, si les amoureux les plus célèbres de l'histoire du théâtre avaient vécu de nos jours, ils se seraient rencontrés au collège : Quinze ans, ô Roméo, l'âge de Juliette ! Mais notre professeure n'avait pas prévu l'effet que ferait Shakespeare sur des collégiens. Chez les Montaigu, quand on vous invite à dîner, on ne dit pas : "On vous attend pour vingt heures", mais : Tel Mercure, mets tes plumes à tes talons et viens, rapide comme la pensée, à l'heure où Phébé contemple son visage d'argent dans le miroir des eaux. Ce qui embrouille un peu.
Comme ses acteurs s'emmêlaient dans les personnages, madame Plantié eut l'idée de faire porter un tee-shirt rouge aux Capulet et un tee-shirt bleu à leurs ennemis, les Montaigu. Grâce aux exclamations de la prof : "Ici, les bleus ! Mais bougez-vous, les rouges !" les répétitions théâtrales se transformèrent bientôt en entraînement de foot."
Un deuxième extrait (p. 16) :
_ Madame, ça va pas être possible que je fais Juliette. Même Shakespeare, il la traite.
_ Comment ça ? Qu'est-ce que tu racontes ?
_ Mais si, madame, il lui dit "pute toi-même".
Elle tendit sa photocopie : Dieu veuille que tu n'imputes toi-même ma promptiude à la légèreté de mes sentiments. Madame Plantié eut beau rétablir l'innocence du verbe imputer, Ludivine prit un air vexé qu'elle garda jusqu'au jour de la représentation."