La valise rose
Publié le 4 Février 2020
On lui avait apporté des peluches, des mobiles, des jouets, des grenouillères, un cheval à bascule, une balançoire géante, parfaite pour un bébé de trois kilos, 437 grammes. Tout cela était considéré comme des cadeaux de naissance acceptables et bienvenus.
Un petit garçon vient au monde. Son entourage le gâte pour célébrer "ce bébé tant attendu et déjà tant aimé", ses dix doigts de pied, ses petites cuisses potelées et son sourire aux anges. Mais personne ne comprend très bien ce qui est passé par la tête de la grand-mère (forcément paternelle). Elle arrive à la rencontre de son petit-fils avec une valise rose. Bon, déjà, pourquoi ce "rose criard" pour un petit garçon ? Peut-être le véritable cadeau est-il à l'intérieur ? Mais non, c'est bien la valise elle-même, le présent offert à Bébé Benjamin. Sa mère est outrée : "Une valise pour un bébé ! Il va où ? Il ne sait pas encore marcher !" mais son père temporise, trouvant le cadeau original et pratique. Au fil du temps, Bébé Benjamin s'approprie la valise. Elle devient tout à tour un lit pour ses peluches, un garage pour ses camions, un tam-tam africain, un trotteur, un cartable, une compagne de voyage... C'est avec elle qu'étudiant, il franchit la porte de la maison en disant au revoir à ses parents. Et puis arrive le jour de son départ en lune de miel. Il faudra alors que Benjamin apprenne à composer. Que garde-t-on de soi au fil des années et que laissons-nous de côté ? Emprunté à la médiathèque, cet album n'était pas vraiment adapté à mon fils de 4 ans mais il est à savourer pleinement à partir de 6 ans ! Susie Morgenstern et Serge Bloch signent ici un livre irrésistible : une histoire drôle, tendre et originale qui touche à plusieurs thématiques (la jalousie belle-fille/belle-mère, l'héritage familial, la transmission, la complicité entre les générations, la confiance en soi, les stéréotypes de genre, les conventions sociales) et des illustrations au trait fin d'une drôlissime expressivité.