Le syndrome des cœurs brisés

Publié le 17 Octobre 2021

Le syndrome des cœurs brisés

Dans ce premier roman écrit par Salomé Baudino, nous sommes dans un futur proche dans lequel vient d'émerger sur la scène médiatique l'application TimeWise. Sa fonction est de déterminer la date de fin d'histoire d'amour des couples. La société semble adhérer en masse. Passionnément amoureux, Lola et Victor y ont recours. La machine leur annonce qu'il leur reste deux mois à vivre ensemble. Lola s'en moque, Victor est sous le choc. Dans leur minuscule appartement, mille questions se mettent alors à tournoyer. Dans un premier temps, ils cherchent à déjouer les pronostics de l’algorithme informatique. Victor, surtout, se met en tête de tester les différentes raisons qui pourraient provoquer la fin de son couple. Car la société TimeWise pousse le vice jusqu'à dévoiler les pourcentages des différentes causes de rupture possibles : "Belle-famille", "Retour de l'ex", "Finances", etc. Ainsi, Victor va inciter Lola à revoir son ex ou encore provoquer un repas avec ses beaux-parents. Après diverses tergiversions, essais et discussions avortées, ils vont finir par tenter d'accepter leur sort et de profiter des derniers jours qui leurs sont promis. Finalement, on passe d'une sorte de dystopie amusante à une histoire de couple quelque peu ordinaire et plombante. Les personnages sont plutôt agaçants, notamment Victor le pianiste dilettante. L'intrigue était prometteuse, me faisant penser à la série Netflix The One, mais j'aurais préférée que l'on ne tourne pas en rond. La fin est d'ailleurs une pirouette moyennement convaincante. C'est dommage car le style est plutôt plaisant par ailleurs et les questions posées intéressantes : si on savait de quoi l'avenir était fait, agirait-on différemment ? Est-ce que ce n'est pas le fait de savoir et d'agir différemment qui précipite les événements tant redoutés ?

 

L'identité de Lola et Victor avait été de vivre avec le cœur de l'autre. Et voilà que ces cœurs subissaient des variables d'ajustement ; qu'en dépit de tout ce qu'ils s'aimaient, ils visitaient un passé et un futur dans lequel l'autre n'existait ou n'existerait plus. Le conditionnel de leurs échanges était d'une violence inouïe. Il fallait prévenir pour guérir ? Très bien.

Devant la porte de son immeuble, Paul demanda à Lola si elle voulait monter chez lui boire un dernier verre. "Boire un dernier verre" était encore l'ancêtre latin du "voulez-vous coucher avec moi ?" et il lui fit peur. Tout était devenu si invraisemblable, pensa-t-elle, tentant de minimiser le danger qu'elle avait provoqué, que l'on n'en était plus à une indécence près. Elle en fut tout de même profondément gênée et attrapa son téléphone. Elle s'appuierait sur l'horloge digitale de son écran pour s'échapper. Mais en lieu et place de son écran de veille, un message de Victor s'était affiché.

"Surtout, ne te sens pas obligée de rentrer."

Il avait projeté sur elle ses attentes, ses espoirs et ses désirs. Elle avait été le grand écran de sa vie. Il était logique qu’elle en devienne le générique de fin, aussi.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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