Blizzard

Publié le 8 Juin 2023

Blizzard

En Alaska, au cœur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n'aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l'enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s'engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

 

Le lecteur arpente un territoire hostile, aux prises avec un vent glacial, sur 𝑢𝑛𝑒 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑠𝑜𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑞𝑢𝑖 𝑠𝑢𝑖𝑛𝑡𝑒 𝑙𝑒 𝑚𝑎𝑙ℎ𝑒𝑢𝑟. Ce roman choral donne tour à tour la parole aux voix intérieures de divers personnages. 𝐵𝑒𝑠𝑠 (Elizabeth Morgensen), une femme rousse approchant les 40 ans, jugée 𝑖𝑛𝑐𝑜𝑛𝑔𝑟𝑢𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑢 𝑝𝑎𝑦𝑠𝑎𝑔𝑒, qui sort en pleine tempête avec 𝑙'𝑒𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡. 𝐵𝑒𝑛𝑒𝑑𝑖𝑐𝑡 𝑀𝑎𝑦𝑒𝑟, qui se retrouve le premier à 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒𝑟 𝑢𝑛 𝑔𝑜𝑠𝑠𝑒 𝑒𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑛𝑒𝑖𝑔𝑒, 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑛𝑢𝑙𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡. 𝐶𝑜𝑙𝑒, qui s'élance malgré le 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑎̀ [𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑠] 𝑚𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒 𝑢𝑛 𝑏𝑜𝑛 𝑐ℎ𝑟𝑒́𝑡𝑖𝑒𝑛 𝑑𝑒ℎ𝑜𝑟𝑠. 𝐹𝑟𝑒𝑒𝑚𝑎𝑛, un Noir lui aussi 𝑖𝑛𝑐𝑜𝑛𝑔𝑟𝑢, ancien militaire. Tous expriment la violence de leurs sentiments, leurs tourments, en parallèle des éléments naturels qui se déchaînent. Le blizzard apparaît d'ailleurs comme le cinquième personnage du livre, qui les force à faire un travail introspectif. D'autres personnages sont évoqués au fil du récit : l'enfant de 10 ans, un 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡 𝑔𝑒́𝑛𝑖𝑒 avec l'allure d'un 𝑝𝑟𝑜𝑓𝑒𝑠𝑠𝑒𝑢𝑟 𝑒𝑛 𝑔𝑜𝑔𝑢𝑒𝑡𝑡𝑒, des membres de la famille de chacun des personnages, un certain 𝐶𝑙𝑖𝑓𝑓𝑜𝑟𝑑. L'écriture orale, fluide, découpée en très courts chapitres, porte les thèmes de la culpabilité et de la vérité, cachée ou révélée. Des secrets de famille sont en jeu. La construction identitaire adolescente est aussi assez central. Plusieurs histoires de disparitions, douloureuses et violentes, se répondent dans le temps et laissent entrevoir un certain portrait des États-Unis (sont notamment mentionnées les guerres du Viêtnam et d'Irak). Ce n'est donc pas un polar mais bel et bien un thriller - et un premier roman réussi - qui nous happe crescendo.

Je ne peux pas rentrer, je ne peux pas lui expliquer, ce serait trop d'un seul coup. Il est solide, mais il y a des choses qui sont trop dures à entendre.

Je ne sais pas si la nature les a absorbés ou si elle va les recracher, morts ou vivants.

Parfois je rêve de l'Océan Pacifique, de ses rouleaux, du sel sur la peau et des cheveux gainés par les embruns. Ici, il n'y a que de l'eau douce, des hectolitres d'eau douce, des lacs, rivières, fleuves, ruisseaux, cascades [...]

Ici, vous pouvez tout oublier et être oublié.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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