Journal d’un scénario
Publié le 13 Novembre 2023
Comme un carrosse qui redevient citrouille, Boris, scénariste, va voir son scénario de film d'auteur médiocrement glisser vers la vulgarité de la comédie bankable. Son drame romantique intitulé Les servitudes silencieuses, il l'imagine sur grand écran, en noir et blanc, avec Louis Garrel et Mélanie Thierry dans les rôles principaux. "On va faire un beau film !" s'enthousiasme son producteur. Tout semble décidément sourire à Boris quand il fait la rencontre d'Aurélie, une jeune femme cinéphile qui se passionne pour le projet et multiplie les propositions de rendez-vous. Pourtant, Boris va aller de concessions en désillusions et se désespérer de voir son scénario finalement frôler la teneur de La soupe aux choux.
Dans un délicieux - bien qu'attendu - crescendo comique, l'art de l'absurde de Fabrice Caro se met ici au service d'une satire du septième art et des velléités créatives. Les confidences façon journal de bord du narrateur sont pathétiques et touchantes. Le tout est drôle et ponctué de nombreuses références au cinéma (pas toujours maîtrisées pour ma part). Je regrette l'aspect répétitif du schéma narratif (par exemple quand le fils de son meilleur ami lui envoie des maquettes toutes plus nulles les unes que les autres pour l'affiche du film) et la prévisibilité du dénouement mais j'ai passé un agréable moment.
Le voilà, mon étalon en matière d’ouverture. La mienne ne lui arrive pas à la cheville, mais les modèles ne sont pas faits pour être atteints, ils sont là pour qu’on s’accroche à la paroi.
Deux mots et puis s'en va. Deux mots et des mois de travail qui s'écroulent, implosent, sont niés dans leur existence même, à l'instar de ces athlètes qui s'entraînent quatre années durant pour les jeux Olympiques, quatre longues et laborieuses années, puis vient le jour de l'épreuve et là baisse de forme, et là claquage, et là pied qui accroche, et là main qui glisse, et là Christian Clavier.