Genesis
Publié le 7 Mai 2010
Un roman de science-fiction ayant remporté la dernière édition du Prix Sorcières : sa lecture était pour moi une évidence. Par ailleurs, sa couverture ne peut laisser indifférent.
La quatrième de couverture :
"Anax est prête à affronter le jury. Pendant cinq heures, face à trois examinateurs, elle va montrer qu'elle connaît parfaitement son sujet. Mais plus elle en dit, plus elle referme son propre piège...
Quand la philosophie est au cœur du suspens... Que signifie être un humain ? Un thriller futuriste d'une ingéniosité stupéfiante. Et le meilleur... est pour la fin !"
Mon avis :
Wouah. Voilà ce qui m'est venu à l'esprit en refermant ce livre singulier. Qu'on se le dise : il faut être concentré pour en comprendre toutes les subtilités. C'est un formidable roman de SF mâtiné de réflexion philosophique. Sont abordées des questions telles que : qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal, l'être vivant de la machine ? Qu'est-ce que sont la conscience, l'esprit, l'intelligence artificielle ? Quel rapport entre organisation politique de la société et progrès technologique ?
Matrix, quand tu nous tiens...
Anaximandre (Anax pour les intimes) passe un examen pour entrer à l'Académie (regroupant l'élite de la connaissance et du pouvoir) qui va durer 5h. Son sujet est le suivant : "La vie et l'oeuvre d'Adam Forde, 2058-2077". Les chapitres reflètent le déroulement de l'examen (Première heure ; Première pause ; Deuxième heure ; Deuxième pause, etc.) et entretiennent le suspens. Le temps s'écoule entre exposé, réponses aux trois examinateurs, visionnages d'hologrammes. Pourtant, on sent bien que plus Anax en dit, plus les examinateurs lui font souligner ses propos qui semblent s'éloigner des thèses généralement admises...
Les premières explications d'Anaximandre nous permettent de comprendre la façon dont le monde a évolué durant tout le début du XXIe siècle. Après une troisième guerre mondiale - la "Dernière Guerre" - fut créée la République de Platon. Il est à noter que la plupart des noms de personnages sont d'origine grecque. Ainsi, le tuteur qui a suivis le travail d'Anaximandre se nomme Périclès. Mais on découvre au fur et à mesure que cette république ressemble davantage a un régime totalitaire.
Je ne dis rien de plus, il y a déjà assez d'éléments dans les références ci-dessous et... "le meilleur est pour la fin" ! A l'instar de Felicidad, la trame SF et philosophique du roman se révèle en effet être le terreau d'un formidable thriller. Ce n'est cependant pas un roman évident à aborder pour des ados je pense.
Un extrait :
"Quand la première épidémie a commencé, à la fin de l'année 2052, la République était déjà hermétiquement séparée du reste du monde. Platon fut considéré comme le sauveur d'Aotearoa, et à mesure que les nouvelles de l'extérieur se faisaient de plus en plus sombres, il fut considéré comme le sauveur de la race humaine, rien de moins. Lors des dernières informations captées en juin 2053, l'idée se répandit sur l'île que la République était la dernière terre habitable de la planète.
On s'attendait à un afflux de réfugiés, et quand ils sont arrivés, ils ont été éliminés. Les engins aériens étaient abattus sans tentative de communication. Au début, la population se rassemblait en haut des falaises pour assister au spectacle des vaisseaux fantômes qui explosaient à l'horizon en atteignant la zone minée. Au fil du temps, les explosions sont devenues moins fréquentes, et les fusils laser ont eu moins de cibles aériennes à abattre. Le peuple a alors demandé à Platon de l'amener vers des temps meilleurs."
Plus d'infos sur :
Beckett, Bernard.
Genesis
Ed. Gallimard jeunesse
2009/185 p.