Sous les couvertures
Publié le 12 Janvier 2015
La quatrième de couverture :
Un samedi soir, une librairie de quartier. Comme toutes les nuits, sitôt le rideau tombé, les livres s'éveillent et se racontent leurs histoires... Mais ce soir, l'heure est grave : les nouveautés viennent d'arriver, et les romans du fond de la librairie n'ont plus que quelques jours pour trouver un lecteur ! Pour sortir par la grande porte, il leur faudra s'unir et prendre la place des best-sellers solidement empilés près de la caisse. Autant dire qu'ils n'ont pratiquement aucune chance...
Mon avis :
Voici un roman terminé il y a plusieurs jours qui ne pouvait qu'attirer une des représentantes des métiers du livre comme moi. Comme dans un dessin animé dans lequel on verrait les jouets s'animer la nuit quand tout est endormi, Bertrant Guillot imagine ici les livres bien rangés sur les rayonnages d'une boutique de quartier prendre vie lorsque le libraire a baissé le rideau de fer. Ce soir-là, l'heure est grave : à l'arrivée des nouveautés de la rentrée littéraire, les livres du boudoir sont menacés de pilon. Une volonté émerge alors : faire leur place sur la fameuse table proche de la caisse pour se donner une chance d'être achetés par de futurs lecteurs. Les livres nous apparaissent paisibles, jaloux, naïfs, aigris, passionnés, stoïques, belliqueux, bienveillants... en un mot : humains. On découvre au fur et à mesure leurs sentiments vis-à-vis du libraire, des clients de la librairie ou encore de la liseuse numérique. Les chapitres alternent le combat héroïque des livres du boudoir contre les best-sellers et les états d'âmes des personnages humains : le vieux libraire amoureux de son métier mais dépassé, la jeune libraire discrète mais pleine d'idées pour perdurer dans ce secteur en mutation, les auteurs en dédicaces parfois désabusés qui font connaissance et plus si affinités, le jeune cadre dynamique qui se destine à travailler pour un géant américain... Ce roman plein d'esprit propose une réflexion sur la production littéraire actuelle et ce marché délicat et passionnant qu'est celui du livre en usant d'humour et de références littéraires. Je regrette cependant de ne pas avoir été surprise outre mesure. On peut également déplorer une certaine longueur au niveau des scènes de bataille. A l'inverse, les personnages humains auraient pu être davantage développés. Pour autant, j'en retiens l'impression d'un conte moderne bien écrit, frais, vivant et d'une effervescence aussi colorée que sa couverture.
Quelques citations :
- "Les livres portaient les espoirs démesurés et les doutes abyssaux de leurs auteurs, ce qu'ils avaient vécu et ce qu'ils auraient aimé vivre, ainsi que d'infimes morceaux d'âme dont ils n'avaient pas conscience." (p. 12)
- "C'était l'une de ces nuits où sans le savoir on abandonne de vieilles lunes pour voir le monde sous un nouveau jour, une nuit où les idées progressent sans qu'on puisse encore les suivre. Une nuit où l'on grandit." (p. 74)
Janvier : lire un roman sorti/édité en 2014
Guillot, Bertrand.
Sous les couvertures
Ed. Rue Fromentin
2014/176 p.