Qu'apporte la littérature jeunesse aux enfants ? Et à ceux qui ne le sont plus

Publié le 12 Mai 2015

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La quatrième de couverture :

 

"Le premier homme de la préhistoire qui composa un bouquet de fleurs fut le premier à quitter l'état animal ; il comprit l'utilité de l'inutile." Le livre de Thé, Okakura Kakuzô, 1906

 

La littérature de jeunesse est ainsi : pour les uns un bouquet de fleurs et pour les autres, inutile. Depuis toujours, elle se complait dans cette interrogation persistante, insignifiante et inféconde : écrit-on pour les enfants ? Elle résonne alors inlassablement de mille polémiques quant à sa qualité, son statut, sa fonction. Faut-il l'interdire, la remettre à l'ordre, "l'éduquer" ? Contre les voix qui s'élèvent pour l'éreinter, souvent sans la connaître, Patrick Ben Soussan fait l'éloge de cette singulière faculté de la littérature jeunesse : offrir aux enfants des occasions de penser, de rêver, de rire et de pleurer, d'aimer, de comprendre, de partager, de rencontrer, au plus vrai, le sensible, l'affecté, le réel et le rêve, de s'échapper et de se retrouver. C'est cela aussi qu'apporte la littérature de jeunesse à ceux qui ne sont plus des enfants, des retrouvailles, non pas avec leur enfance, perdue, inaliénable, mais avec des parts d'eux-mêmes, étranges et étrangères parfois, qu'elle leur révèle, à leur insu.

 

 

Mon avis :

 

Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre, nous fait part de son amour passionné pour la littérature jeunesse et plaide pour des lectures ni utilitaristes ni éducatives mais simplement sachant favoriser la découverte de soi et des autres. Il fustige notamment François Busnel, qui juge la littérature jeunesse à la seule lumière du marketing. C'est un livre militant et intéressant ; un plaidoyer qui puise dans son histoire personnelle. On peut toutefois regretter des longueurs et des tournures de phrases parfois ardues.

 

 

Quelques extraits :

 

  • "Il m'a fallu au mois quinze ans d'études et presque autant de psychanalyse, pour y comprendre quelque chose à ces 90 pages de Oui-Oui." (p. 32)

  • "A travers les siècles, l'enfant sera pensé sur ce mode ontologique, en vide, en creux, en attente d'éducation." (p. 59)

  • La littérature jeunesse est l'alcool fort de la littérature. Elle nous rappelle, avec fracas." (p. 81)

 

  • "Des bacs entiers de librairies et de bibliothèques te diront le monde à la façon machmallow, chamallow, pastels suaves, édulcorants et arômes artificiels à toutes les pages. Se souviendra-t-on un jour des Trois brigands, de ces oppositions de couleurs tranchées, de ces noirs, de ces rouges, de ces bleus, dans des mises en pages si audacieuses ?" (p. 144​)

  • "J'ose penser que les livres ont d'autres goûts et qu'immanquablement ils sauront rendre les enfants gourmands." (p.155​)

  • "J'avais traversé les années 1980, après la naissance de mon premier fils, en d'étranges compagnies : il y avait là un Sacré Père Noël (Raymond Briggs), un Marcel très champion (Anthony Browne), un Prince de Motordu (Pef), un Grand Papa (John Burningham), des brigands, enfin au moins trois (Toni Ungerer) et des filles amusantes (Agnès Rosenthiel), des monstres très maxi (Maurice Sendak), une Adèle (Claude Ponti), une petite Lou (Jean Claverie), un Loulou (Grégoire Solotareff), une Célestine (Gabrielle Vincent), un chien bleu (Nadja), un petit bleu ou peut-être un petit jaune (Léo Lionni), une chenille qui fait des trous (Eric Carle) et encore une maison hantée (Jan Pienkowski)... J'en ai connu aussi qui avaient des problèmes avec leur père (Babeth Cole), des qui voulaient des chats (Tony Ross), même une Julie qui avait une ombre de garçon (Christian Bruel), enfin, vraiment de drôles de Jojo (Olivier Douzou)."

 

Ben Soussan, Patrick.

Qu'apporte la littérature jeunesse aux enfants ? Et à ceux qui ne le sont plus

Ed. Erès

Coll. 1001 et +

2014/322 p.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis sur la lecture

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