Je te plumerai la tête
Publié le 6 Janvier 2020
Merci aux éditions Syros pour le partage de ce roman
dont la parution est prévue pour février 2020
(M-1 !)
♡
Dans un petit village de Provence, Lilou, lycéenne bien dans sa peau entourée de ses amis et fille de son "Papa Loup" est affectée par la maladie de sa mère, hospitalisée pour la récidive d'un cancer. Pour autant, elle estime qu'il n'est peut-être plus nécessaire de se rendre chaque soir à l’hôpital : à quoi bon consacrer trop de temps à cette mère fragile dont elle a pris ses distances ? Avec son père par contre, elle est plus soudée que jamais : elle lui voue depuis l'enfance une admiration sans bornes. Elle s'inquiète pour lui qui travaille beaucoup tout en prenant soin de sa compagne souffrante et de sa fille. Pourtant, petit à petit, des éléments en apparence anodins vont venir ébranler la confiance absolue que Lilou voue à son père. Ce "Papa Loup" ne serait-il pas un fin carnassier ?
J'ai dévoré les 500 pages de ce roman en trois soirées tellement l'écriture abordable et fluide se met au service d'une intrigue éloquente. Elle nous permet de comprendre les mécanismes en œuvre lorsque l'on est amené à côtoyer et devenir la victime d'un pervers narcissique. Bien que l'on sache dès la quatrième de couverture à qui l'on va avoir à faire, le récit est bien construit, tout en nuances et en suspens. Les personnages adolescents qui évoluent au fil du récit ne sont pas du tout infériorisés ou ridiculisés sur le thème de "l'âge ingrat". Cela porte d'autant plus le propos. Des références à la passion pour les études littéraires ne gâchent rien. La maman de Lilou vouera ses dernières forces à renouer avec sa fille et à l'aider dans ses révisions du bac de français, lui transmettant sa passion pour le dramaturge de l'absurde Eugène Ionesco. Ce thriller psychologique est assez sidérant : il nous permet d'appréhender les mécanismes et conséquences de la pathologie relationnelle qu'est la perversion narcissique. Ce thème, à ma connaissance jamais traité en littérature jeunesse, fait de ce roman un récit nécessaire.
Sensation bizarre depuis quelque temps : je me sens prisonnière. Je ne suis plus un moineau sur un fil à haute tension. Je suis une poule à la merci d'un renard. Une bête traquée dans un terrain entouré de fils barbelés et infecté de bombes. je n'ose pus rien faire. Peur de décevoir ? D'être rabrouée ? De n'être pas à la hauteur ? Peur de faire erreur dans le moindre de mes gestes ? Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive.
- Lilouuuuuuuu ! soupire seulement mon père.
Aussitôt, je m'enfonce dans ma "boue intérieur ". C'est ainsi que j'appelle secrètement mon état.