Tout le bleu du ciel
Publié le 26 Août 2020
Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Voici un long mais fluide roman qui nous laisse les larmes aux yeux une fois refermé. Mélissa Da Costa nous raconte l'histoire d’Émile, une jeune homme de 26 ans plutôt sûr de lui à qui l'on vient de diagnostiquer un Alzheimer précoce et d'annoncer une espérance de vie d'environ deux ans. Il décide de fuir l'hôpital, le protocole médical et l'insupportable compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à son annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme entièrement vêtue de noir qui ne donne aucune explication sur sa présence et semble sans attache. Ainsi commence dans les montagnes pyrénéennes un voyage stupéfiant de tendresse à la rencontre de soi et de l'autre. Au fil des pages on apprend à savourer l'instant présent et à s'intéresser vraiment : aux paysages, aux gens, aux sentiments... La taciturne Joanne, qui pratique la méditation en pleine conscience, va finalement permettre à Émile de s'apaiser. Elle va lui apprendre à gérer tant bien que mal ses crises de panique. Grâce à Émile, elle aussi va guérir et avancer. Ensemble ils vont rire, pleurer, se rappeler, cicatriser. Les rares échanges superficiels du début vont laisser place à des petits riens qui relient (des herbes aromatiques à partager, un carnet de notes acheté...) pour finalement faire naître de vraies confidences (sur Laura, l'amour perdu d’Émile, sur l'histoire de Joanne et celle d'un petit garçon autiste obnubilé par la couleur bleue...) et un véritable amour. C'est plein de bons sentiments mais profondément touchant. Forcément, l'histoire se termine par la mort d’Émile. C'est triste mais aussi très beau, humain et plein d'espoir. On se sent alors chanceux d'avoir partagé avec eux ce voyage en pleine nature, au rythme des randonnées et des pauses étoilées.
Si nous pleurons parce que le soleil n’est plus là, nos larmes nous empêcheront de voir les étoiles.
Mon père avait recopié une citation sur le mur du salon. Elle disait : "Le moment présent a un avantage sur tous les autres : il nous appartient".
Il a de la chance de faire ce voyage. Quelque part, il a de la chance de savoir qu’il va mourir très bientôt. Sans ça il n’aurait jamais pris le temps de partir, de voyager au cœur de lui-même, de voir les choses avec de nouveaux yeux.