Justine et la pierre de feu
Publié le 19 Février 2021
Après Arc-en-ciel et Flocon, je poursuis mon tour d'horizon des personnages créés par Marcus Pfister dans les années 1990. Ce nouvel album grand format arbore une première de couverture qui n'est pas sans rappeler celle du plus beau poisson des océans. En effet, c'est de nouveau un animal sur fond bleu qui tient dans sa main une pierre scintillante qui accroche tout de suite le regard du lecteur. Le récit commence par la présentation sur une double-page d'une "𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡 𝑖̂𝑙𝑒 [𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠] 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑒𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑑'𝑎𝑛𝑛𝑒́𝑒𝑠 [𝑟𝑒́𝑠𝑖𝑠𝑡𝑎𝑖𝑡] 𝑎𝑢 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑡 𝑎𝑢𝑥 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑢𝑟𝑖𝑒𝑢𝑠𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑒́𝑓𝑒𝑟𝑙𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑢𝑟 𝑠𝑜𝑛 𝑟𝑖𝑣𝑎𝑔𝑒". C'est là que vivent Justine et ses amies les autres souris. Elles passent d'agréables étés à grignoter, jouer, se raconter des histoires allongées sur les galets chauffés par le soleil. L'hiver, elles s'abritent sur les flancs de la montagne. C'est justement un hiver, après une tempête, que Justine, affamée, part à la recherche de nourriture. Elle trouve dans une crevasse "𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑒́𝑡𝑖𝑛𝑐𝑒𝑙𝑎𝑛𝑡𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑚𝑖𝑟𝑜𝑖𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑓𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙'𝑜𝑏𝑠𝑐𝑢𝑟𝑖𝑡𝑒́ 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑜𝑐𝘩𝑒𝑠". Belle et irradiant une chaleur réconfortante, elle devient un trésor que chacune des souris souhaite posséder. Mais le vieux sage Barnabé les met en garde : ces pierres appartiennent à la terre. On ne peut "𝑙𝑒𝑠 𝑙𝑢𝑖 𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑢𝑖 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒 𝑐𝘩𝑜𝑠𝑒 𝑒𝑛 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟". À partir de là, l'histoire peut bien finir ou mal tourner. Les pages du livre sont horizontalement coupées en deux et c'est au lecteur de faire ce choix : poursuivre en tournant les parties hautes pour un récit qui se termine bien ou lire l'histoire sur la partie basse et observer sa mauvaise tournure. Soit les souris réfléchissent et savent se contenter d'un minimum en préservant la nature et leur habitat ou bien les souris, cupides, foncent tête baissée et finissent par détruire leur île. Tout comme chacun, par son comportement, peut contribuer à détruire ou sauver notre planète, le lecteur est responsabilisé et maître de l'histoire. Justine et la pierre de feu, malgré un prénom quelque peu passé de mode et un ton un brin moralisateur, est une jolie fable écologique où les notions de partage vs d'égoïsme mais aussi d'exploitation vs de préservation sont au cœur du récit. Et bien sûr les pépites d'or qui scintillent, de plus en plus nombreuses au fil des pages, font, comme les écailles d'Arc-en-ciel, briller les yeux des lecteurs.