Lady sapiens : enquête sur la femme au temps de la préhistoire
Publié le 24 Janvier 2022
La préhistoire s'est longtemps écrite au masculin.
Qui étaient les femmes de la préhistoire ? Quel était leur quotidien ? Il semble que pendant 150 ans, les chercheurs ont sous-estimé leur rôle en interprétant les découvertes avec les a priori de leur époque. Dans ce livre, les auteurs, dont une enseignante et chercheuse en préhistoire, tentent de dresser un portrait juste et nuancé de la femme Sapiens, s'appuyant sur des sources archéologiques (ossements humains, objets, empreintes...) et prenant en compte les approches ethnographiques.
Voici une enquête scientifique rendue accessible et passionnante. Elle a d'ailleurs donné lieu a un documentaire diffusé sur France 5 en septembre dernier et dont des extraits sont à retrouver sur la plateforme Lumni. Entre vulgarisation scientifique et essai féministe, "au-delà des clichés hérités des siècles passés", un étonnant portrait-robot se dessine. Lady Sapiens aurait été musclée, métisse (avec une couleur de peau plus noire que blanche), aux cheveux plutôt noirs et crépus... et aux yeux bleus ! Elle aurait porté vêtements, bijoux, peintures corporelles. On estime qu'elle devait mettre au monde en moyenne 5 à 6 enfants, procréant de 14 à 30 ans environ, et allaitant ses enfants jusqu'à 3 ou 4 ans (et c'est fou d'imaginer que l'on sait ça grâce à l'analyse de dents humaines préhistoriques !). On pense que la société de l'époque proscrivait déjà l'inceste, que le lien entre sexualité et procréation était déjà connu. On apprend aussi que les femmes ménopausées devaient avoir un rôle assez capital à jouer pour contribuer à la survie des jeunes enfants et à la transmission des savoirs. Pas tellement chasseuse mais peut-être rabatteuse, Lady Sapiens devait plus sûrement être une formidable cueilleuse mais aussi une tanneuse, meunière, tisserande, céramiste voire une chamane ou une artiste. Pour en arriver à de telles certitudes ou quasi-certitudes, les auteurs se sont appuyés sur de multiples scientifiques aux métiers insoupçonnés : sociobiologistes, paléogénéticiens, paléoanthropologues, etc. Si bien des mystères demeurent, il est bluffant de prendre connaissance des techniques et des cheminements scientifiques ayant amenés à découvrir l'apparence ou les hypothétiques rôles de la femme préhistorique. Abordable, agréable à lire, cet essai surprenant nous apporte des éléments essentiels à la compréhension de notre (pré)histoire et éclaire notre présent.
La station debout a bouleversé nos corps et nos comportements à l'échelle individuelle comme à celle de la société [...] pourtant les femmes ont été davantage bousculées [...] car cette révolution posturale a modifié considérablement leur bassin.
L'arrêt de la fertilité bien avant l'âge de la mort constitue clairement un avantage évolutif. Une femme ayant encore une ou plusieurs décennies de vie devant elle mais qui n'enfante plus pourra investir son énergie dans la survie de ses propres enfants et petits-enfants.