Elle ne pleure pas elle chante
Publié le 31 Janvier 2011
Un roman graphique trouvé au hasard de mes rangements des bacs à BD du lycée.
Une adaptation poignante du roman d'Amélie Sarn.
Lettre ouverte au scénariste et au dessinateur :
"Il est de ces textes que l'on n'écrit pas mais que l'on crie. De ces textes que l'on a portés si longtemps qu'ils sont indissociables d'une partie de votre âme. C'est le cas d'Elle ne pleure, elle chante. Un texte intérieur et intime. Pourtant, ce texte, Eric et Thierry vous avez su, je ne sais comment, le porter avec moi et mieux encore, le faire vivre autrement. J'ai écrit les mots, vous avez éprouvé des sensations que vous avez retransmises avec votre propre langage, votre grammaire, votre vision. Peut-être vos peurs. Mon cri est devenu le vôtre. Je dois bien avouer que j'avais la trouille. Avais-je vraiment envie de partager cette histoire ? Les images ne risquaient-elles pas d'être crues ou trop violentes pour moi ? Non. Tes mots et ton découpage, Eric, tes dessins, Thierry sont la pudeur même. Et pourtant tout est dit. A présent, je ne suis plus seule. On ne pouvait pas m'offrir plus beau cadeau. Merci."
Amélie Sarn
Mon avis :
Je n'avais aucune idée de la lecture dans laquelle je m'embarquais en lisant la première planche. Ce sont le format, la première de couverture ainsi que le dessin qui m'ont donné envie de découvrir cette BD. J'en ressors décontenancée.
Quand on annonce à Laura que son père est dans le coma apparaît un drôle de mot : joie. On comprend ensuite le pourquoi d'un tel mot, qui veut en fait traduire un infini soulagement. Laura va se rendre au chevet de son père et déverser à son oreille tout ce que son coeur gardait enfouie depuis si longtemps. Elle va se délester du poids des non-dits suite au drame subit entre 6 et 12 ans. Le lecteur se retrouve alors confronté à une intimité meurtrie, oscillant entre tristesse, dégoût, révolte et désespoir.
Le dessin est d'une grande pudeur et d'une grande sensibilité. Les auteurs gagnent à traiter tout en retenue le sujet si délicat de l'inceste. Les décors sont discrets, les détails délaissés au profit des émotions. Je dirais même que le trait est assez féminin. Ce livre laisse indiscutablement son empreinte sur le lecteur. Je le recommande. En outre, une adaptation cinématographique semble être sur le point d'aboutir. On remarque que ce roman graphique est publié dans la collection Mirages (Ed. Delcourt), tout comme la toute aussi poignante adaptation BD du roman de Guillaume Guéraud Je mourrai pas gibier.
Scénario : Eric Corbeyran