La fois où je suis devenu écrivain

Publié le 3 Juin 2012

 

 

La quatrième de couverture :

 

"Je ne comprenais pas où j'allais, mais j'y allais. Je savais jute que je vivais un de ces moments les plus importants de ma vie. Que ça y était, moi le nul, le redoublant, le presque dernier de la classe, le 30e sur 31, j'avais réussi quelque chose."

 

A la fin de la troisième, Vincent Cuvellier est viré du collège. Son adolescence, c'est des stages bidons, des petits boulots, le chômage... mais aussi les filles et la rage de s'en sortir. Il sait une chose : il adore écrire et rêve de devenir écrivain. Alors il écrit, sans se poser de questions. C'est comme ça qu'il publie son premier roman. A 16 ans. Vingt-cinq ans plus tard, il se souvient de ses débuts d'écrivain. Un livre qui claque fort !

 

 

Mon avis :

 

C'est avec ce livre qui revient sur le parcours qui l'a amené à être écrivain que je découvre Vincent Cuvellier. Une écriture mimant l'oral - ce qu'il revendique - et une franchise dans ses propos : voilà ce que j'en retiens. Vincent Cuvellier a un parcours tout à fait atypique qui m'a paru étrange ; j'oserai dire : étranger. C'est une personne anti-conformiste. Peu importe, le mélange de sincérité, de lucidité, d'humilité, d'humour et d'espoir m'a amené à lire ce livre d'une traite. Il nous indique sur son blog qu'il pensait au départ lui donner pour titre : l'écrivaillon. Pour autant, et étrangement, cela ne m'a pas forcément donné envie de lire ses romans.

 

 

Des extraits :

 

  • "Un cri. Non. Deux cris. Même si j'ai tué ma mère, je sais que j'ai bien fait. C'était la loi du plus fort. J'ai gagné. Tiens, prends-toi ça dans la gueule. Ces lignes, tu vois, ce sont les premières que j'ai écrites et qui ont été publiées. J'avais 16 ans, et fallait pas m'emmerder. Aujourd'hui j'ai dépassé 40, et faut toujours pas m'emmerder. Mais aujourd'hui, je suis écrivain. Punaise, j'adore dire cette phrase." (p. 5)

 

  • "Houlà, c'est mon tour.

- Euh, moi, ben, j'ai arrêté l'école, et je cherche une formation.

Le type qui va bien paraît super soulagé :

- Une formation ! C'est bien, ça ! Et quelle formation ?

- Euh, moi, je voudrais la formation poète maudit, option Arthur Rimbaud.

- Poète maudit ? Pfff, c'est très demandé. Vous aimez les falaises, les tempêtes et la drogue ?

- Euh, les falaises et les tempêtes, ça va, j'aime bien. Je suis breton. La drogue, je ne sais pas.

- Mouai... en première année, il vous faudra être amoureux d'une femme qui ne vous aime pas.

- Alors, là, pas de problème !

- Et il vous faudra mourir à 20 ans ! Vous savez ça ?

- Ben, si faut ça pour être poète maudit, moi je veux bien.

- Bon.

Le type de l'ANPE se gratte la tête. Il doit réfléchir.

- Ecoutez, j'ai l'impression que vous avez le profil, mais il y a un détail important, quand même, pour être poète maudit.

- C'est quoi ?

- L'écriture. Vous aimez écrire ?

- Alors là, pas de problème, je triomphe. C'est un des trucs que je préfère au monde. D'ailleurs à l'école, j'étais nul en tout sauf en rédaction.

- Ecoutez, pourquoi pas une formation poète maudit... je vais voir s'il reste des places.

Le type prend une liasse de papiers qu'il consulte d'un air soucieux.

- Ecoutez, je suis désolé, mais la formation est complète. Je peux vous mettre sur liste d'attente, mais il y a pas mal de monde avant vous.

- Je suis combien ?

- 17e. Par contre, il reste des places en secrétariat-bureautique.

Bien sûr, ça ne s'est pas du tout passé comme ça. Le type qui va bien a proposé aux types qui n'allaient pas bien de faire le ménage pendant trois mois dans une usine de médicaments. Tout le monde a accepté, sauf le clochard et moi." (p. 9-11)

 

  • "Moi, je suis né à Brest. Une vraie ville, avec des vrais morceaux de vie. Une ville qui en a tellement pris dans la tronche qu'elle en est touchante. A Brest, tout le monde vit avec le fait qu'elle a été presque entièrement détruite pendant la guerre. On le sait tous. C'est ancré dans nos esprits. Du coup, il y a un truc entre les brestois qu'il n'y a pas ailleurs. Rarement vu des gens défendre avec autant d'ardeur leur lieu de naissance. Rarement vu aussi des gens avoir autant de mal à la quitter." (p. 12-13)

 

  • "Surtout ce soir-là, j'ai compris qu'on pouvait se servir de la culture, de la poésie, de la littérature, des mots, pour humilier et mépriser les autres. Et c'est ce soir-là que j'ai décidé, autant que possible, de ne jamais le faire." (p. 58-59)

 

  • "De toute façon, le plus dur restait à faire. J'avais écrit un bouquin, très bien. Maintenant, il me fallait écrire le deuxième. Je ne le savais pas encore, mais il y aurait quinze ans entre les deux." (p. 62)

 

  • "Voilà ce que j'avais décidé. J'ai passé la trentaine. Je suis presque un écrivain raté. Un type qui a rêvé toute sa vie d'écrire et qui n'y arrivera jamais. Alors il faut que j'essaie, une bonne fois, une dernière fois, d'écrire un bon vrai bouquin !" (p. 76)

 

 

 

Cuvellier, Vincent.

La fois où je suis devenu écrivain

Ed. du Rouergue

Coll. DoAdo

2012/76 p.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis sur la lecture

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