Numéro deux

Publié le 3 Février 2022

Numéro deux

Tout comme le documentaire anniversaire Retour à Poudlard est divertissant mais surfe sur la vague d'un succès sans apporter grand chose de consistant, le dernier roman en date de David Foenkinos (Charlotte, Deux sœurs, La famille Martin) propose malheureusement une histoire platement artificielle. Le romancier imagine le destin du gamin qui a faillit être choisi pour incarner le héros à lunettes inventé par J. K. Rowling. À partir d'une anecdote cinématographique réelle - en 1999, la directrice du casting de Harry Potter à l'école des sorciers déclare que deux acteurs ont été retenus pour interpréter Harry Potter mais que Daniel Radcliff a obtenu le rôle grâce à "ce petit truc en plus" - David Foenkinos dresse le portait fictif du "second". Il l'appelle Martin Hill. Martin, comme la famille Martin, individu lambda qui sera bousculé par un hasard malheureux. Il est franco-britannique, un peu réservé, rêveur... et myope. C'est son apparence physique et sa présence sur un plateau de tournage du fait d'un papa accessoiriste qui le feront notamment repérer. Alors qu'il n'a rien demandé et n'a pas encore lu le roman phénomène, Martin est irrémédiablement embarqué dans la Pottermania et voit son destin se lier à celui des adaptations cinématographiques. Le fort sentiment d'échec ressenti à l'annonce du résultat du casting, ajouté à la perte de son père, vont peu à peu l'enfermer dans une rancœur obsessionnelle. Manque de confiance en lui, jalousie, peur de l'échec, peur de l'abandon... et beau-père malveillant vont mettre à mal son destin professionnel, social, familial et amoureux. Cette histoire est celle d'un échec puis d'une reconstruction qui tourne autour de la question suivante : comment assumer la banalité de l'existence ? Le problème c'est que David Foenkinos ne fait que tourner autour de cette question et que le récit ne nous emporte pas totalement. Le sujet semble vain tant le roman piétine et dérive même vers un sujet tiré par les cheveux : la pathologie relationnelle, de Martin mais aussi de son beau-père ! De plus, la fin est assez parachutée, avec l'intervention peu crédible de Daniel Radcliff lui-même. En revanche, le livre se lit très bien grâce à son style fluide et joyeux malgré le sujet dramatique. Comme à son habitude, David Foenkinos nous réjouit de bonnes formules. C'est probablement ce qui me fera revenir vers lui lors de la sortie de son prochain roman.

 

On vit aujourd’hui sous la dictature du bonheur des autres.

Changer de vie est le slogan contemporain par excellence. Jamais les existences n'ont été autant alimentées par le besoin de se bouleverser elles-mêmes.

À l'évidence, ils avaient évolué vers des sphères différentes. Tant de couples survivent pourtant au dépareillement. Il y avait tant de raisons de s'aimer encore : leur fils, leur passé, les braises de leur évidence.

Rencontrer quelqu'un, c'est se permettre d'exister à nouveau sans son passé. On se raconte comme on veut, on peut sauter des pages et même commencer par la fin.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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