Harlem (T.1)

Publié le 4 Mai 2022

Harlem (T.1)

L'ambivalente Stéphanie Saint-Clair, martiniquaise installée à New York, chef de gang et figure de la communauté afro-américaine du Harlem des années 30, est de nouveau mise en lumière par le neuvième art, quelques mois après la sortie de l'élégant roman graphique Queenie : la marraine de Harlem. Cette fois, c'est l'auteur Mikaël qui lui consacre un diptyque au sein d'une série. Le premier volet est paru en janvier et peut se lire indépendamment des précédents (Giant T.1 & 2 et Bootblack T.1 & 2).

 

Première différence notable : le graphisme et la colorisation. Ici les tons chauds (marron, orange, vert kaki...) côtoient à la fois des plans larges représentant l'immensité de la ville de New York et des plans serrés, souvent à hauteur d'enfant ou en contre-plongée. Le trait est assez réaliste et expressif. Quelques planches bleues et muettes se différencient des autres, mettant en scène des flash back du parcours de Queenie où la couleur jaune, symbolisant la liberté, se charge de la narration. J'ai parfois remarqué l'influence du dessin manga (p. 8). J'ai apprécié l'ensemble même si l'originalité et l'élégance de ma précédente lecture était prégnantes.

 

Deuxième différence : la narration est prise en charge par un personnage secondaire - en l’occurrence un journaliste blanc qui n’a pas le droit d’enquêter sur la reine de Harlem mais qui fera en sorte de grappiller des informations - et mêle véracité historique et fiction. J'ai trouvé les dialogues parfois trop faciles et plaqués pour expliquer au lecteur le contexte dans lequel évolue les personnages (par exemple à la p. 18 au sujet de la loterie) mais c'est aussi ce qui permet de bien comprendre l'intrigue et de se passer de notes de fin d'ouvrage (présentent dans le roman graphique Queenie). J'ai mieux compris les différents rapports de force entre gangs mafieux et identifié les principaux "patrons" (Dutch Schultz le hollandais et Lucky Luciano l'italien).

 

Énigmatique, singulière, influente, intransigeante, maîtrisant un anglais mâtiné de français et de créole, la "négresse française" de Harlem au dos zébré de cicatrices, comparée à J. C. Walker, permet à Mikaël de nous plonger de façon renouvelée dans le New York de La Grande Dépression, entre speakeasies, barbiers, clubs de jazz et sombres ruelles. J'ai été un peu frustrée de voir la BD se terminer par un cliffhanger... mais c'est de bonne guerre pour nous faire revenir vers le deuxième tome - à la couverture tout aussi belle que le premier - dont la parution est prévue pour 2023.

 

 

 

L'oiseau en cage ne sait pas qu'il sait voler.

Harlem (T.1)
Harlem (T.1)
Harlem (T.1)

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis aussi des BD

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