La Voix du couteau
Publié le 9 Janvier 2010
Cet été déjà j'avais repéré cet ouvrage sur les rayonnages de différentes librairies. Les libraires interrogés ne l'ayant pas encore lu, j'ai hésité à l'acheter. Alors, lorsqu'il m'a à nouveau fait de l'oeil avec sa couverture rouge (qui lui apporte déjà un bon point), cette fois-ci sur les rayonnages de la médiathèque de l'IUFM, je me suis lancée.
La quatrième de couverture :
C'est l'année de ses treize ans et, dans un mois, Todd Hewitt va devenir un homme. Il est le dernier garçon de Prentissville. Cette ville de Nouveau Monde est uniquement peuplée d'hommes. Depuis longtemps, toutes les femmes et les enfants ont disparu. A Nouveau Monde, chacun peut entendre les pensées des autres, qui circulent en un brouhaha incessant, le Bruit. Nul ne peut échapper au Bruit, nulle part, jamais...
Mon avis :
A savoir avant toute chose : ce roman, 1er tome de la trilogie du Chaos en marche, a été, dès sa parution en 2008 en Grande-Bretagne, acclamé par une critique unanime et a reçu plusieurs prix littéraires :
- Prix Guardian 2008
- Booktrust teenage prize 2008
- "Le livre que vous ne pouvez pas lâcher" 2008, The Times
L'auteur, Patrick Ness, est né aux Etats-Unis, dans l'état de Virginie. Passionné par la lecture et l'écriture, il y étudie la littérature anglaise. En 1999, il s'installe à Londres et enseigne pendant trois ans l'écriture à Oxford. Il est l'auteur de deux romans pour adultes. Il écrit également pour la radio et travaille comme critique littéraire pour le journal anglais The Guardian. La Voix du couteau est son premier roman pour la jeunesse.
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A lire les critiques, on peut s'attendre à un roman qui fera désormais référence. Le scénario - qui conjugue plusieurs registres, de l'aventure au fantastique en passant par la SF - est effectivement original et bien mené. Il s'agit là encore (comme dans les séries Uglies ou Twilight) d'un roman initiatique où l'on suit les aventures du jeune héros, confronté à des problématiques d'adultes dont il a du mal à démêler le vrai du faux.
C'est peut-être justement là à mon avis que le bas blesse : ce héros est bien naïf et amène l'auteur à se perdre dans des longueurs interminables... On peut ajouter à cela des évidences attendus jusqu'à la fin du roman tel que les sentiments amoureux qui vont naître chez le héros Todd à l'égard de Viola.
En outre, ce qui fait sortir du lot ce roman c'est son écriture. Il fallait y penser et oser malmener la syntaxe et multiplier les fautes d'orthographe ! Mais c'est bien sûr au service de l'histoire. On perçoit de manière évidente l'adéquation entre le forme et le fond du roman. On se sent entraîné dans le chaos des pensées des personnages et plus particulièrement celles de Todd.
Les thèmes abordés au travers de ce roman sont aussi variés que : la colonisation, la liberté de penser, la place des femmes dans la société, la misogynie, la violence (nez arraché et plaies béantes ne sont pas éludés !), la guerre, les rites initiatiques, la survie collective et individuelle, le puritanisme, le fanatisme religieux, l'obscurantisme...
Ainsi, la question sous-jacente et qui obsède le héros tout au long du roman serait : "Peut-on choisir de tuer pour sa survie ?".
La Voix du couteau est donc un roman oppressant, rythmé par une écriture saccadée se jouant de la syntaxe et qui laisse le lecteur... sur sa faim !
Les pages 26-27
"Voici à quoi ça ressemble Prentissville. Voici à quoi ressemble chaque minute de ma sinistre vie de paumé dans cette sinistre ville paumée. Et inutile de se boucher les oreilles, ça sert à rien : [...] Et ça juste des mots, des voix qui parlent, se lamentent et pleurent. Et il y a des images aussi, des images qui viennent à l'esprit en coup de vent, peu importe qu'on en veuille ou pas ou surtout pas, des images de souvenirs et de rêves et de secrets et de plans et de mensonges, mensonges, mensonges..." [pp. 26-28]
Incipit :
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Ricochet
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