Publié le 11 Mars 2025

Ceux que j'ajoute à ma pile à lire du printemps

Voici mes repérages pour de prochaines lectures printanières :

 

 

  • ℒ𝒶 𝓉𝓇𝑒̀𝓈 𝒸𝒶𝓉𝒶𝓈𝓉𝓇𝑜𝓅𝒽𝒾𝓆𝓊𝑒 𝓋𝒾𝓈𝒾𝓉𝑒 𝒹𝓊 𝓏𝑜𝑜 de Joël Dicker, un roman "multigénérationnel" qui semble prometteur et qui me permettrait de découvrir cet auteur populaire et porteur d'un fort message de sensibilisation à la lecture.

 

  • ℋ𝑒𝓍𝒶 de Gabrielle Filteau-Chiba, un roman éco-féministe, du genre hopepunk, d'une autrice découverte avec la lecture du court roman Encabanée et que j'ai pris plaisir à écouter sur France Inter récemment.

 

  • 𝒟𝒾𝓋𝑜𝓇𝒸𝑒 𝒶̀ 𝓁𝒶 𝒻𝓇𝒶𝓃𝒸̧𝒶𝒾𝓈𝑒 d'Eliette Abécassis, repéré dans les parutions de fin d'année dernière et présenté comme un huis clos étourdissant sur la thématique du déchirement d'un couple.

 

  • Peut-être ℒ'𝒾𝓃𝒸𝑜𝓃𝓃𝓊𝑒 𝒹𝓊 𝓅𝑜𝓇𝓉𝓇𝒶𝒾𝓉 de Camille de Peretti qui a fait parler de lui sur les réseaux et qui vient de paraître en poche.

 

  • Peut-être ℒ𝑒𝓈 𝒷𝑜𝓊𝒸𝒽𝑒̀𝓇𝑒𝓈 de Sophie Demange, premier roman décrit à la fois comme très noir et très rose (entendez par là féministe).

 

  • Peut-être ℐ𝓃𝓈𝑜𝓂𝓃𝒾𝑒𝓈 de Clothilde Salelles, premier roman "écrit comme aux aguets" (dixit Raphaëlle Leyris dans Le Monde) révélé lors de la rentrée littéraire de janvier.

 

Et j'espère d'autres titres savoureux trouvés sur mon chemin ensoleillé...

 

Hâte

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 10 Mars 2025

Il n'a jamais été trop tard

Lola Lafon regroupe et partage ici les chroniques publiées dans Libération chaque samedi en 2023 et 2024 en y ajoutant des récits inédits plus personnels, en italique, mêlant l'actualité de la France et du monde à ses ressentis. Le texte est découpé en saisons (hiver, printemps, été...) et évoque l'actualité (contestation de la réforme des retraites, guerre en Ukraine, procès Mazan...) tout en la faisant dialoguer avec des réflexions intimes sur le fait de grandir, vieillir ou faillir. L'autrice partage l'état de tristesse ou de colère dans lequel peuvent la plonger les événements du monde sans renoncer à chercher, parfois dans l'étymologie, une forme de lumière et d'espoir en nous encourageant à "𝓹𝓮𝓻𝓼𝓮́𝓿𝓮́𝓻𝓮𝓻 𝓪̀ 𝓹𝓻𝓮𝓷𝓭𝓻𝓮 𝓪̀ 𝓫𝓻𝓪𝓼-𝓵𝓮-𝓬𝓸𝓻𝓹𝓼 𝓵𝓮𝓼 𝓶𝓸𝓽𝓼 𝓯𝓪𝓽𝓲𝓰𝓾𝓮́𝓼".

 

On a quitté sa place d'enfant. On est devenue celle qui, désormais, préviendra des obstacles, guidera, indiquera les pièges. Ca n'est qu'un rôle, mais il semble bien que tout le monde y croie, à cette incarnation d'adulte responsable dans laquelle on s'est glissée. On en sourit, d'être crédible. Quelle mascarade. Ce sourire est bordé d'une vague tristesse, aussi : parce qu'on le sait, en faisant comme si on avait vraiment grandi, on a perdu le privilège d'être consolée, protégée, épargnée.

On aura été témoins de tant de gestes exceptionnels, cet été olympique ; on aura célébré la force, la capacité à dépasser ses limites. Qu'est-ce qu'un exploit ? C'est une "action d'éclat, héroïque", une prouesse. Aujourd'hui, une femme s'apprête à accomplir un exploit. Sa force est inimaginable. Son courage, sans pareil. Elle n'est porteuse d'aucun drapeau, à moins qu'elle ne les porte tous. Aucune médaille ne viendra la récompenser : tout juste espère-t-on qu'elle sera entendue. C'est elle qui nous regarde. Elle nous invite à nous pencher sur l'abîme dans lequel elle n'a pas sombré ; qu'on y plonge, avec elle. Cette femme se prénomme Gisèle.

Au sujet de Gisèle Pélicot

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 4 Mars 2025

Tout le monde aime Clara

Clara est une adolescente, enfant unique et chérie d'un couple qui s'est séparé. Un soir, elle se rend à un concert avec sa meilleure amie Lola et le père de celle-ci. En rentrant, sa vie bascule. Elle se retrouve dans le coma. Quelques mois plus tard, son père Alexis s'inscrit à un atelier d'écriture. Il rencontre l'écrivain "Ruprez", qui n'a publié qu'un seul roman. Ils ne savent pas encore que dans quelques mois, la vie de Ruprez sera bouleversée par sa rencontre avec Clara.

 

Les destins des personnages s'entrelacent sous la plume fine et sensible de David Foenkinos. Il offre ainsi une réflexion sur la manière dont nos vies sont façonnées par les rencontres et les conjonctures. La quête de sens, l'ésotérisme et les hasards de la vie sont les thèmes du roman. Malheureusement, malgré le fait que le roman soit plutôt bien écrit et divertissant, j'ai trouvé qu'il manquait de profondeur. Parler d'une œuvre d'art ou du métier d'écrivain ne fait pas d'un texte de la littérature. David Foenkinos peine à se renouveler : ses notes de bas de pages typiques sont moins pertinentes, son regard amusé sur les relations humaines s'essouffle dans une trame narrative brouillonne. Dommage.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 4 Mars 2025

Il sait que ce n'est pas vrai, mais il sait aussi que c'est drôle. Et c'est une des vertus des livres que d'alimenter cette propension naturelle des enfants à décoller de la réalité et à la colorer de morceaux d'imagination.

Jeanne Ashbé

Un bébé à qui on ne lit pas des histoires ne peut pas construire sa voix, car pour avoir de la voix, il faut avoir entendu quelqu'un parler. Pour parler une langue, il faut l'avoir entendue.

Evelio Cabrejo-Parra

Les bébés sont naturellement attirés par des images complexes et préfèrent explorer une illustration inédite plutôt qu'une mage familière.

Chloé Séguret

Les enfants sont des ralentisseurs humanisants, le livre aussi.

Sylviane Giampino

La psychanalyste Suzanne Maiello [ose] affirmer que, pendant sa vie intra-utérine, le bébé [...] ressentirait une forme d'altérité. On peut aller jusqu'à dire qu'il y aurait une préconception du sentiment "qu'un autre" que lui existe [...] représenté par une multitude de mouvements sensoriels. C'st comme s'il se disait "Je ne suis as tout seul pace que cela bouge de partout : cela bouge sonore, cela bouge gustatif, cela bouge tactile, cela boue vibration, quel incroyable monde se prépare !"

Sophie Marinopoulos

Prendre le temps de s'installer avec une enfant pour lui "lire" une histoire, c'est lui signifier toute notre intention de lui offrir de l'attention. L'attention est une matrice qui permet aux comportements cognitifs, affectifs et sociaux de se construire.

Sophie Marinopoulos

Publié le 3 Mars 2025

Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau

Une fois n'est pas coutume : je vous partage aujourd'hui un coup de cœur ciné. Il s'agit d'un long métrage d'animation que j'avais déjà repéré il y a quelques semaines et dont l'obtention d'un César vendredi nous a décidé à le visionner en famille dans le week-end : Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau. Un insolite bijou sans dialogue, une ode à la nature. Dans un monde où la civilisation humaine semble avoir disparue, surpris par une brusque montée des eaux, plusieurs animaux embarqués à bord d'un petit bateau doivent mettre leurs différences de côté pour survivre. La narration est plutôt lente et pourtant foisonnante de vie animale et végétale. GRANDIOSE.

 

Publié le 27 Février 2025

Bobigny 1972

Dans ce roman graphique est retracée l'histoire d'un procès qui fera date et ouvrira la voix à la promulgation de la loi Veil légalisant l'avortement. L'album s'ouvre sur l'arrestation, en 1972, d'une jeune homme, puis celle de Marie-Claire Chevalier (16 ans) et sa mère Michèle, accusées sur dénonciation dudit jeune homme d'avoir procédé à un avortement clandestin. L'avortement est encore, à cette époque pas si lointaine, un délit passible d'une très forte amende et même d'une incarcération. La triste banalité de cette affaire va pourtant marquer un tournant dans l'histoire féministe grâce au concours de Gisèle Halimi, avocate féministe et antiraciste, et de l'association dont elle fait partie, soutenue par des actrices, intellectuelles, journalistes et personnalités politiques françaises (cf. Le manifeste des 343). Elle s'empare de l'histoire de Marie-Claire et de sa mère pour créer un électrochoc médiatique. Elle se met dans la posture, non pas de défendre une jeune femme (et ses "complices" faiseuses d'anges) coupable d'avortement mais d'attaquer les lois et politiques anti-abortives qui sévissent en France, dans le but de créer une jurisprudence.

 

Ce roman graphique, développé avec force et réalisme par Marie Bardiaux-Vaïente, revient sur le contexte et le déroulé du procès de façon poignante, en véritable plaidoyer pour la liberté et l'émancipation. J'ai notamment appris que Marie-Claire était tombée enceinte suite à un viol et dénoncée par le violeur lui-même et aussi que Gisèle Halimi était déjà dans une démarche militante avant ce procès. J'ai noté qu'un des arguments majeurs de Gisèle Halimi était la dimension économique : la possibilité hypocrite des riches de se rendre à l'étranger pour avorter alors que des familles modestes ne le pouvaient pas. J'ai apprécié que les hommes ne soient pas tous mis dans le même sac et que le juge fasse preuve d'une certaine empathie. Carole Maurel (dont j'ai déjà lu la BD Collaboration horizontale) magnifie la narration par un graphisme aux accents vintage mais pas caricaturaux, faisant évoluer le lecteur dans des tonalités ocres, et s'appuyant sur un trait plutôt classique mais expressif. Bobigny 1972 est assurément un album à lire et faire lire, s'inscrivant dans un militantisme qui, encore aujourd'hui, semble nécessaire. Les mots de Simone de Beauvoir placés en exergue du livre le rappelle : "𝒩'𝑜𝓊𝒷𝓁𝒾𝑒𝓏 𝒿𝒶𝓂𝒶𝒾𝓈 𝓆𝓊'𝒾𝓁 𝓈𝓊𝒻𝒻𝒾𝓇𝒶 𝒹'𝓊𝓃𝑒 𝒸𝓇𝒾𝓈𝑒 𝓅𝑜𝓁𝒾𝓉𝒾𝓆𝓊𝑒, é𝒸𝑜𝓃𝑜𝓂𝒾𝓆𝓊𝑒 𝑜𝓊 𝓇𝑒𝓁𝒾𝑔𝒾𝑒𝓊𝓈𝑒 𝓅𝑜𝓊𝓇 𝓆𝓊𝑒 𝓁𝑒𝓈 𝒹𝓇𝑜𝒾𝓉𝓈 𝒹𝑒𝓈 𝒻𝑒𝓂𝓂𝑒𝓈 𝓈𝑜𝒾𝑒𝓃𝓉 𝓇𝑒𝓂𝒾𝓈 𝑒𝓃 𝓆𝓊𝑒𝓈𝓉𝒾𝑜𝓃. 𝒞𝑒𝓈 𝒹𝓇𝑜𝒾𝓉𝓈 𝓃𝑒 𝓈𝑜𝓃𝓉 𝒿𝒶𝓂𝒶𝒾𝓈 𝒶𝒸𝓆𝓊𝒾𝓈. 𝒱𝑜𝓊𝓈 𝒹𝑒𝓋𝓇𝑒𝓏 𝓇𝑒𝓈𝓉𝑒𝓇 𝓋𝒾𝑔𝒾𝓁𝒶𝓃𝓉𝑒𝓈 𝓋𝑜𝓉𝓇𝑒 𝓋𝒾𝑒 𝒹𝓊𝓇𝒶𝓃𝓉."