La bonne couleur
Publié le 20 Décembre 2014
La quatrième de couverture :
La liberté, le plus beau des combats !
Mon avis :
Dans un futur pas si lointain, la liberté de pensée n'existe plus. Les livres et les films sont interdits. Des uniformes de différentes couleurs distinguent les élèves selon leur mérite : du brun infamant au violet de l'élite en passant par le bleu, le vert et le rouge. Max est surveillé de près car il a perdu sa couleur violette et se retrouve brun : ses amis et sa mère lui tournent maintenant le dos. Il va alors fréquenter en secret le vieil antiquaire Félix qui vit en bas de son immeuble. C'est par ce biais que Max sera amené à entrer dans la résistance au régime et à en découvrir plus sur son père inconnu.
Le lecteur est invité à suivre à la fois le cours présent du récit et à la fois le récit des événements qui ont amenés Max jusqu'ici. Cette dénonciation des régimes totalitaires tient la route et fait référence à Fahrenheit 451 de Ray Bradbury et à Seul dans Berlin de Hans Fallada mais aussi à la révolution de velours de 1989 en Tchécoslovaquie et à la révolution des oeillets au Portugal dans les années 70. On pense aussi à Matin brun de Franck Pavloff. L'intrigue et son traitement n'apportent rien de neuf au genre de la dystopie mais offrent une porte d'entrée facile dans ce type de récits. L'écriture de Yaël Hassan ne me fait toujours pas tomber sous son charme. Ce roman ne propose pas de surprise à un lecteur averti. Pour autant, il s'avère adapté à des collégiens et nous fait passer un agréable moment.
Des extraits :
- "Cinq heures cinquante. Dans dix minutes, le réveil sonnera. Max n'a pas fermé l'oeil. Nouvelle nuit d'angoisse et d'insomnie. Mais c'est l'heure. Il va devoir se lever, affronter, assumer. Faire face à ce qui l'attend. Et ce qui l'attend est loin d'être rose. Non, c'est plutôt brun. De ce brun infâme qu'il va endosser dans quelques instants ; ce brun infâme qui désormais fera de lui un objet de mépris, de moquerie, de mise à l'écart, d'exclusion." (incipit, p. 5)
- "Les hommes, les femmes, les adolescents comme toi avaient toute liberté de penser, de s'exprimer, de s'aimer... De s'aimer ? avait relevé Max. De s'aimer comment ? De s'aimer d'amour, pardi ! Tu veux dire que tu ne sais pas ce que c'est qu'aimer d'amour ? Non, je ne crois pas. Tu n'est jamais tombé amoureux ? Je ne pense pas. Et quand une fille te plaît, c'est quoi, selon toi ? De l'intérêt. Et quand un homme et une femme sont attirés l'un par l'autre, lorsqu'ils s'accouplent, c'est quoi, selon toi ? Une réaction physiologique normale en vue d'une reproduction éventuelle. Je vois... Et ce que tu éprouves pour ta mère ? Du respect. Et pour un bon gâteau ? Du goût. Pour un livre ?De la satisfaction." (p.37)
- "Ce fut le jour où l'ordre tomba de remettre aux autorités tous les livres édités avant la prise de pouvoir que Félix décida de se terrer dans sa boutique. Car un pays qui brûle ses livres brûle sa mémoire et, donc, ne peut que vouloir se débarrasser aussi de sa mémoire vivante." (p. 48)
Hassan, Yaël.
La bonne couleur
Ed. Casterman
Coll. Feeling
2008/120 p.