Méto (T.1) : La Maison
Publié le 21 Janvier 2014
Il était dans ma PAL depuis bien longtemps :
La quatrième de couverture :
Soixante-quatre enfants vivent coupés du monde, dans une grande maison. Chacun d'eux sait qu'il devra en partir lorsqu'il aura trop grandi. Mais qu'y a-t-il après la Maison ?...
Mon avis :
Cela faisait bien longtemps que ce roman traînait dans ma pile à lire virtuelle. Une trilogie dystopique couronnée de plusieurs prix littéraires (Prix Tam-Tam Je bouquine 2008 notamment) ? C'est exactement le genre d'annonce qui aiguise ma curiosité. Pourtant, cette couverture quelque peu déconcertante et le pauvre développement de l'intrigue offert sur la quatrième de couverture ou sur le net m'a longtemps fait remettre à plus tard ma découverte, à l'avantage de titres comme Entre chiens et loups ou Hunger games.
Néanmoins, il m'est venu tout à coup un regain de motivation, encouragé par ma découverte il y a plusieurs mois du court mais non moins éloquent récit L'école est finie. Je ne regrette pas de m'être aventurée dans les pas de Méto et ai déjà hâte de commencer le deuxième tome. Le personnage éponyme est donc Méto, un enfant d'environ 14 ans (il n'a pas connaissance de son âge exact), qui fait partie des 64 garçons de la "Maison" : un établissement fermé, sécurisé et diligenté par des règles très strictes. Les enfants et les "Césars" qui les surveillent y vivent donc en autarcie selon un emploi du temps bien défini : au point que le nombre de secondes entre chaque bouchée lors des repas doit être compté ! Les garçons sont divisés en groupes de couleur selon leur taille/âge : les Bleu clair, les Bleu foncé, les Violets et les Rouge. Ils doivent subir des injections quotidiennes afin de limiter leur croissance jusqu'au jour où ils "craquent". Devenus trop grands, leur lit émet un craquement, signe que leur temps dans la Maison est révolu. Mais qu'advient-il d'eux ensuite ? Mystère.
Depuis que Méto - en tant que rouge - est chargé d'initier un nouveau venu - du nom de Crassus - aux règles de la Maison, il commence à se poser beaucoup de questions... En filigrane se joue son émancipation. Nous le suivons donc dans son quotidien rempli par des cours, des temps d'études, des repas chronométrés, des sessions de sport dont la course et le "inche" : cela consiste - arnaché d'un équipement de protection dont la couverture du roman nous donne une idée - à attraper une balle avec les dents, à la façon d'un chien, pour la mettre dans la "niche" de l'équipe adverse... Sachant que tous les coups sont permis. Yves Grevet se serait-il inspiré d'un certain quidditch version Battle royale ? Parfois, un seul et unique film intitulé La Maison du bonheur est projeté et nous fait déceller une propagande qui semble menée par un certain "Jove". En plus de tout ça, Méto va devoir subir plusieurs jours dans le "frigo", une pièce réfrigérée dans laquelle on enferme et fait frôler l'hypothermie aux individus qui auraient transgressés les règles. Ultra policé, autoritaire, violent... l'univers détaillé dans lequel évoluent les personnages d'Yves Grevet est dérangeant mais attise la curiosité. Le lecteur aussi souhaite lever le mystère sur cette étrange île volcanique sur laquelle vivent ces enfants. Au fur et à mesure de ce premier opus, il devient spectateur d'une véritable rébellion.
Ce tome d'exposition nous tient en haleine et nous donne l'envie de découvrir la suite pour obtenir des réponses à nos questions : pourquoi les enfants ne se rappellent-ils pas de leur passé ? Vont-ils comprendre d'où ils viennent et la raison de leur isolement dans la Maison ? Vont-ils rencontrer ces "femelles" dont ils ne connaissaient pas l'existence il y a peu de temps encore ? Vont-ils réussir à s'échapper et à regagner sain et saufs la tribu des Oreilles coupées ? Vont-ils découvrir qu'ils appartiennent à une famille ? La suite au prochain épidode... Ce qui m'intrigue le plus : avoir croisé au fil des lectures de critiques sur le net le mot "uchronie" !
L'incipit :
"Crac !... Le bruit est à peine audible, mais il réveille tout le monde. Les respirations sont coupées. On attend dans un silence angoissant. Il est cinq ou six heures du matin. On sent poindre le jour à travers l'oculus. Soudain Servius chuchote :
- C'est Quintus !
- Non, c'est pas moi ! répond l'autre, comme si on l'injuriait.
- Taisez-vous tous, gronde Claudius, taisez-vous ou ils vont venir. Allez ! Tout le monde dort, espérons que ça ne se verra pas.
Une heure plus tard, le moment est venu de se lever. Chacun se redresse et descend lentement de son lit, puis en fait le tour en pinçant délicatement avec son pouce et son index les fines planches qui l'entourent. La plupart du temps, ce geste quotidien est presque un plaisir. En l'accomplissant, on s'assure que tout va bien. Ce matin, c'est différent, un lit a craqué pendant la nuit. Un de nous est en danger et vit peut-être ses dernières heures dans la Maison."
Grevet, Yves.
Méto (T.1) : La Maison
Ed. Syros
2008/246 p.