Publié le 27 Janvier 2014

Suite et fin des aventures de Méto :

 

Méto (Tome 3) : Le monde

 

La quatrième de couverture :

 

De retour à la Maison, Méto est séparé de ses proches et désigné aux yeux de tous comme le "traître". Mais les César le conduisent bientôt dans une partie de la grande demeure tenue secrète et réservée aux membres du groupe E, une élite chargée d'effectuer des missions sur le continent...

 

 

Mon avis :

 

Avertissement : cette critique révèle certains éléments de l'intrigue et du dénouement !

 

Quelque peu décontenancée et sceptique : voici mon état d'esprit depuis que j'ai tourné la dernière page de la trilogie d'Yves Grevet. Ce troisième tome est dense et nous apporte les révélations tant attendues et pourtant... des questions restent en suspens et  nous empêchent d'apprécier totalement l'univers créé par l'auteur :

  • Quel rapport entre une guerre - se soldant par un désastre biologique et la disparition des 9/10e de la population - et des vieux fous souhaitant créer une "nouvelle Rome" autour de deux enfants malades et condamnés à ne jamais grandir ???
  • Pourquoi les enfants ne sont-il pas alors tout simplement illiminés ?
  • Et d'ailleurs, d'un point de vue scientifique, un monde rendu impropre à la vie humaine dans lequel subsisteraient des zones blanches (comme des bulles d'oxygène) est-il concevable ?
  • Pourquoi les entrevues avec le père et le grand-père de Méto sont-elles si vite expédiées ?
  • Par ailleurs, la relation née entre Eve et Méto dans le deuxième tome semble bien vite évacuée, au profit d'émois amoureux auprès de Caelina qui sonnent faux. Pourquoi ne pas avoir développée davantage l'intrigue amoureuse ou du moins l'avoir rendue plus probable ?
  • Pourquoi ne pas donner plus de détails sur la rencontre entre les populations masculine et féminine ?
  • Comment Eve peut-elle pardonner à ses parents leur abandon ?

Bref, une trilogie intéressante et agréable à lire mais dont l'intrigue promet dès le début d'être tellement complexe que l'on se trouve finalement quelque peu déçu d'un manque de cohésion. Je suis curieuse de connaître votre avis là-dessus.

 

 

L'incipit :

 

"- Tu dois en avoir des choses à nous raconter, Méto, n'est-ce pas ? susurre le petit homme à la peau froissée et aux lunettes épaisses. Tu sais qui je suis, bien sûr ?

- Vous êtes Jove, le père de Rémus et Romulus. Vous êtes le créateur de la Maison...

- C'est bien. Les présentations étant faites, nous t'écoutons.

Je contemple les deux César. Je n'en reconnais qu'un. L'autre porte le numéro 3 mais ce n'est pas celui que je côtoyais à la Maison. Il n'a pas le même regard froid et sévère. Jove s'agite sur son siège. Je suis sans doute trop lent à réagir. Quand il tourne la tête, je vois que ses cheveux sont attachés à l'arrière de son crâne par un élastique. Je ne sais pas exactement ce qu'ils veulent m'entendre dire. Je me lance :

- Où sont Claudius et Octavius ? Et Marcus ?

- Je crois que tu ne comprends pas vraiment la situation, intervient César 1 d'un ton sec. Tu es ligoté devant nous. Tu nous a désobéi et tu devras payer pour ça. En attendant, tu n'as pas d'autres choix que de t'excuser du mal que tu as causé et de tout nous raconter. Tu dois sans rechigner mettre en cause tous tes complices, à commencer par ceux qui t'ont permis de croire qu'une fugue était possible. Et un conseil en passant, tes copains ayant très coopératifs, n'essaie pas de nous tromper.

L'image de mes deux frères de révolte jaillit soudain devant moi. Je suis sûr qu'ils n'ont rien dit. Je devine qu'ils ont subi des violences et, tout à coup, un frisson me parcourt le corps. Je dois me dominer et répondre tranquillement. Mais aucun mot ne sort de ma bouche. L'angoisse de trop en dire me paralyse. Je ne suis pas prêt.

Jove lève la main comme pour annoncer la fin de la partie. Il s'exprime sans élever la voix :

- Rafraîchissez-lui un peu la mémoire, à ce petit. On reprendra demain. D'ici là, pas de nourriture.

Avant de quitter la pièce, il se tourne vers moi et ajoute, comme une menace :

- Ne me déçois pas, Méto."

 

 

Les dernières phrases de la trilogie :

 

"Je contemple l'horizon en repensant au matin où tout a commencé. J'avais simplement entrouvert les yeux alors qu'on nous intimait l'ordre de les garder fermés. Aujourd'hui, je le sais. Il faut parfois désobéir."

 

 

Plus d'infos sur :

 

Le site des éditions Syros (avec notamment une vidéo de bande-annonce)

 

 

Les critiques des tomes précédents sur Nota bene :

 

 

 

Grevet, Yves.

Méto (T.3) : Le monde

Ed. Syros

2010/379 p.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 24 Janvier 2014

Suite des aventures de Méto :

 

Méto (Tome 2) - L'île

 

 

La quatrième de couverture :

 

Méto et ses camarades ont enfin franchi les portes de la Maison, livrant un combat terrible pour leur liberté. Méto est grièvement blessé lors de la bataille... Lorsqu'il se réveille, il se rend compte que ses paupières ont été collées et qu'il est entravé à un lit. Où est-il ? Et ses amis, sont-ils encore en vie ?...

 

 

Mon avis :

 

Le premier tome s'est achevé sur la fuite de la Maison de certains enfants et Serviteurs (anciens enfants devenus esclaves) qui cherchaient à rejoindre les Oreilles coupées, affranchis vivant cachés dans des grottes. Nous retrouvons donc Méto après le terrible combat mené pour quitter la Maison. Certains ne s'en sont pas sortis. Méto, lui, est grièvement blessé.

 

Peu à peu, il va découvrir la communauté des Oreilles coupées dans laquelle il se trouve échoué. Elle est toute aussi hiérarchisée et violente que celle qu'il vient de quitter. Là encore, ses membres sont répartis en différents groupes, aux noms d'animaux (les Lézards, les Sangliers, les Chouettes...). On passe son temps à remplir les missions attribuées à son groupe et à provoquer en duel ses camarades afin de gravir les échelons de cette société archaïque. Les membres du "Premier Cercle" font office d'instance dirigeante. Les rapports que la communauté entretient avec la Maison semblent quelque peu ambigus : les Oreilles coupées la considère comme ennemie mais y volent avec une certaine facilité des provisions, des outils et médicaments. Méto et ses amis Marcus, Claudius et Octavus subissent les brimades des "Chevelus" mais trouvent aussi certains alliés comme Affre, ancien Soldat, Gouffre, ancien César responsable de la bilbiothèque et Louche, le cuisiner. Méto rencontre également à plusieurs reprises le mystérieux Chamane l'ayant remis sur pied suite à sa fuite de la Maison... Passée une période d'accoutumance et d'intégration relative à la communauté, Méto et ses "frères" entreprendront d'échaffauder un plan leur permettant de quitter l'île.

 

Ce deuxième tome fait entrevoir quelques longueurs mais s'accélère dans le dernier tiers. L'auteur consent à nous y dévoiler certains éléments de l'énigme. Yves Grevet n'hésite d'ailleurs pas à mettre son héros à contribution pour décoder la significations de prénoms, messages secrets et autres codes de cadenas. Cet aspect quelque peu ludique se fait le contre-point de la brutalité de ce nouvel environnement dans lequel évoluent Méto et ses camarades. Ils s'attendaient à être accueillis au mieux par la tribu des Oreilles coupées mais découvrent en réalité que les êtres humains sont capables de reproduire ce pour quoi ils ont fuient. On apprend donc que les enfants seraient bien plus ou moins abandonnés par leurs parents, qu'ils possèdent des frères et soeurs, qu'une lettre correspondant à un groupe précis leur est attribuée à chacun à l'entrée dans la Maison... La fin du récit nous laisse encore une fois en plein suspens - Méto se retrouve tout à coup aux mains des Césars - et nous fait saliver quand aux révélations qui semblent s'annoncer dans l'ultime tome de la série.

 

 

Un extrait :

 

"Je reste éveillé plus longtemps. Mon esprit est constamment préoccupé par la douleur qui me lance sans prévenir. Quand elle se fait trop forte, je respire avec application et j'attends que ça se calme. J'essaie de me concentrer sur autre chose. Je pense à mes frères qui me manquent. Je tente de visualiser chacun d'entre eux pour les garder en moi. Marcus, celui dont je suis le plus proche et à qui, sans l'exprimer jamais, j'ai juré fidélité jusqu'à la mort. [...] Je l'ai senti s'éloigner les semaines précédant la révolte, juste avant son passage au frigo. Là, il s'est rendu compte que la peur du danger est parfois plus douloureuse que le danger lui-même et qu'on survit à presque tout." (p. 12)

 

 

 

Grevet, Yves.

Méto (T.2) : L'île

Ed. Syros

2009/246 p.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 22 Janvier 2014

BD enfin empruntée à une copine :

 

 

 

La quatrième de couverture :

 

Mon ange de bleu

Bleu du ciel

Bleu des rivières

Source de vie

 

 

Mon avis :

 

Moi qui suis encore une bleue dans l'univers du neuvième art, j'ai passé un très bon moment à la lecture de cette première publication de Julie Maroh. Cette bande-dessinée m'avait déjà interpellée lors du Festival d'Angoulême en 2011 et, évidement, après la présentation de son adaptation cinématographique au Festival de Cannes, elle est devenue incontournable. Je me suis donc laissée emporter par ce récit rétrospectif tout en nuances de gris.

 

Gris, comme la fatalité qui s'abat sur nous dès la première planche : "Mon amour, quand tu liras ces lignes, j'aurai quitté ce monde". Celle qui les écrit, c'est Clémentine. Celle qui les lit, c'est Emma. Leur romance bleu pastel commence avec un regard... et des cheveux. Bleus. Clémentine, lycéenne, va tomber amoureuse d'Emma, étudiante à la chevelure et à la sexualité assumée. Elle le raconte dans son journal intime. Au-delà des aléas inhérents à toute relation, Clémentine va devoir faire face à cette passion jusqu'alors inconnue qui l'envahit... et qui signifie devoir assumer sur elle le regard pesant de la société. En effet, dans les années 90, cet amour est encore hors-norme. Les gestes et les silences ont toute leur importance dans le récit de ces premiers émois qui conduiront les jeunes filles à se couper de la famille de Clémentine et à s'installer ensemble. Elles auront à gérer bleus et vague à l'âme. Des Emma-tomes, en somme. L'amour peut-il être éternel ? Clémentine tentera de répondre à cette question dans les dernières planches retrouvant peu à peu les couleurs du temps présent : "Il est dépendant de nous".

 

J'ai apprécié lire un récit intimiste et sensuel sans être voyeuriste, aux accents à la fois fleur bleue et engagé. Le dessin fin et doux jouant sur les ombres et les mises en valeur par touches de bleu m'a séduite. Son titre est incontestablement de ceux que j'aurais aimé inventer. Par ailleurs, la couverture souple de cette BD est plutôt d'une agréable prise en main. Désormais, le plus dur pour la jeune scénariste et dessinatrice au succès imposant va être de continuer à nous plaire et à nous surprendre ! Peut-être en changeant de ton et en nous faisant une peur bleue ?

 

 

La planche du coup de foudre :

 

 

Et "La vie d'Adèle" dans tout ça ?

 

On a confirmé ma pensée en m'indiquant qu'il était intéressant de lire la BD avant de voir le film. Reste donc pour moi à découvrir les incarnations de Clémentine et Emma à l'écran. Je regarderai le film avec une belle impression de lecture en tête... mais aussi avec la retenue - voire les critiques - formulées à l'encontre de scènes de sexe crues et infidèles à l'esprit initial. Dans tous les cas, je ne manquerai pas de faire une mise à jour complémentaire à ce billet en temps voulu !

 

[Mise à jour du 15 mars 2014]

J'ai vu le film assez rapidement après avoir lue la BD mais n'avait pas pris le temps jusqu'ici de vous en rendre compte. En quelques mots : la première partie du film est sensiblement la même que celle de la BD, outre le changement de nom du personnage de Clémentine qui devient "Adèle". La deuxième partie est cependant totalement réinventée par Abdellatif Kechiche : alors que l'on comprenait dès les premières pages de la BD que Clémentine était morte, la fin du film repose sur la séparation des deux jeunes filles sans pour autant qu'Adèle tombe malade. Alors que les tensions dans le couple provenaient de l'engagement militant d'Emma et de la présence de son ex, le film met en avant les différences sociales qui s'insinuent dans leurs rapports : on voit plusieurs fois Adèle manger sans grande élégance des spaghettis bolognaise devant la télé avec ses parents. A l'inverse, lorsqu'Emma invite Adèle à partager le dîner avec ses parents, on déguste huîtres et vin blanc tout en dissertant sur le peintre Gustav Klimt. D'ailleurs, la fameuse scène où la mère de Clémentine découvre en pleine nuit Emma nue devant son frigo - ce qui déclenche une fracture familiale - a été supprimée dans le film. Abdellatif Kechiche n'a d'yeux que pour Adèle et filme tour à tour en gros plan sa bouche, ses cheveux, ses fesses... Il en émane une extrème sensualité qui à mon sens s'inscrit dans la droite ligne du travail de Julie Maroh. Ceci dit, il est vrai qu'une scène de sexe est particulièrement longue et sans filtre. Dommage, c'est une inutile incursion dans une ultra-intimité qui ne nécessitait pas d'être portée à l'écran. En revanche, les plans fiévreux du réalisateur permettent de faire ressentir au spectateur toutes les facettes de la passion amoureuse. Le film est donc une magnifique réinterpréation de la BD et nous laisse emprunt d'une douce et torturée mélancolie. Un long-métrage à la sensualité assumée à savourer sans hésiter.

 

 

 

 

Maroh, Julie.

Le bleu est une couleur chaude

Ed. Glénat

2010

 

Publié le 21 Janvier 2014

Il était dans ma PAL depuis bien longtemps :

 

La Maison (Méto, tome 1)

 

 

 

La quatrième de couverture :

 

Soixante-quatre enfants vivent coupés du monde, dans une grande maison. Chacun d'eux sait qu'il devra en partir lorsqu'il aura trop grandi. Mais qu'y a-t-il après la Maison ?...

 

 

Mon avis :

 

Cela faisait bien longtemps que ce roman traînait dans ma pile à lire virtuelle. Une trilogie dystopique couronnée de plusieurs prix littéraires (Prix Tam-Tam Je bouquine 2008 notamment) ? C'est exactement le genre d'annonce qui aiguise ma curiosité. Pourtant, cette couverture quelque peu déconcertante et le pauvre développement de l'intrigue offert sur la quatrième de couverture ou sur le net m'a longtemps fait remettre à plus tard ma découverte, à l'avantage de titres comme Entre chiens et loups ou Hunger games.

 

Néanmoins, il m'est venu tout à coup un regain de motivation, encouragé par ma découverte il y a plusieurs mois du court mais non moins éloquent récit L'école est finie. Je ne regrette pas de m'être aventurée dans les pas de Méto et ai déjà hâte de commencer le deuxième tome. Le personnage éponyme est donc Méto, un enfant d'environ 14 ans (il n'a pas connaissance de son âge exact), qui fait partie des 64 garçons de la "Maison" : un établissement fermé, sécurisé et diligenté par des règles très strictes. Les enfants et les "Césars" qui les surveillent y vivent donc en autarcie selon un emploi du temps bien défini : au point que le nombre de secondes entre chaque bouchée lors des repas doit être compté ! Les garçons sont divisés en groupes de couleur selon leur taille/âge : les Bleu clair, les Bleu foncé, les Violets et les Rouge. Ils doivent subir des injections quotidiennes afin de limiter leur croissance jusqu'au jour où ils "craquent". Devenus trop grands, leur lit émet un craquement, signe que leur temps dans la Maison est révolu. Mais qu'advient-il d'eux ensuite ? Mystère.

 

Depuis que Méto - en tant que rouge - est chargé d'initier un nouveau venu - du nom de Crassus - aux règles de la Maison, il commence à se poser beaucoup de questions... En filigrane se joue son émancipationNous le suivons donc dans son quotidien rempli par des cours, des temps d'études, des repas chronométrés, des sessions de sport dont la course et le "inche" : cela consiste - arnaché d'un équipement de protection dont la couverture du roman nous donne une idée - à attraper une balle avec les dents, à la façon d'un chien, pour la mettre dans la "niche" de l'équipe adverse... Sachant que tous les coups sont permis. Yves Grevet se serait-il inspiré d'un certain quidditch version Battle royale ? Parfois, un seul et unique film intitulé La Maison du bonheur est projeté et nous fait déceller une propagande qui semble menée par un certain "Jove". En plus de tout ça, Méto va devoir subir plusieurs jours dans le "frigo", une pièce réfrigérée dans laquelle on enferme et fait frôler l'hypothermie aux individus qui auraient transgressés les règles. Ultra policé, autoritaire, violent... l'univers détaillé dans lequel évoluent les personnages d'Yves Grevet est dérangeant mais attise la curiosité. Le lecteur aussi souhaite lever le mystère sur cette étrange île volcanique sur laquelle vivent ces enfants. Au fur et à mesure de ce premier opus, il devient spectateur d'une véritable rébellion.

 

Ce tome d'exposition nous tient en haleine et nous donne l'envie de découvrir la suite pour obtenir des réponses à nos questions : pourquoi les enfants ne se rappellent-ils pas de leur passé ? Vont-ils comprendre d'où ils viennent et la raison de leur isolement dans la Maison ? Vont-ils rencontrer ces "femelles" dont ils ne connaissaient pas l'existence il y a peu de temps encore ? Vont-ils réussir à s'échapper et à regagner sain et saufs la tribu des Oreilles coupées ? Vont-ils découvrir qu'ils appartiennent à une famille ? La suite au prochain épidode... Ce qui m'intrigue le plus : avoir croisé au fil des lectures de critiques sur le net le mot "uchronie" !

 

 

L'incipit :

 

"Crac !... Le bruit est à peine audible, mais il réveille tout le monde. Les respirations sont coupées. On attend dans un silence angoissant. Il est cinq ou six heures du matin. On sent poindre le jour à travers l'oculus. Soudain Servius chuchote :

- C'est Quintus !

- Non, c'est pas moi ! répond l'autre, comme si on l'injuriait.

- Taisez-vous tous, gronde Claudius, taisez-vous ou ils vont venir. Allez ! Tout le monde dort, espérons que ça ne se verra pas.

Une heure plus tard, le moment est venu de se lever. Chacun se redresse et descend lentement de son lit, puis en fait le tour en pinçant délicatement avec son pouce et son index les fines planches qui l'entourent. La plupart du temps, ce geste quotidien est presque un plaisir. En l'accomplissant, on s'assure que tout va bien. Ce matin, c'est différent, un lit a craqué pendant la nuit. Un de nous est en danger et vit peut-être ses dernières heures dans la Maison."

 

 

 

Grevet, Yves.

Méto (T.1) : La Maison

Ed. Syros

2008/246 p.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 20 Janvier 2014

 

Je viens de lire/je suis en train de lire :

 

Jacquot et le grand-père indigne d'Yves Grevet (ici),

Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh (critique à venir),

Méto (T.1) : La maison d'Yves Grevet (critique à venir),

Méto (T.2) : L'île d'Yves Grevet (sera commencé dès que possible !).

 

Et vous ?

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 17 Janvier 2014

 

La quatrième de couverture :

Jacquot vit seul avec sa mère, qu'il adore. Ses grands-parents maternels, auxquels mère et fils rendent de rares visites, n'ont à la bouche que critiques et reproches. Depuis toujours, ils font mine d'ignorer l'existence de Jacquot. "Holà ! Holà ! Quel petit-fils ? C'est ton enfant, c'est ton choix." Mais la grand-mère meurt et son mari, sous le choc, emménage pour quelque temps au domicile de Jacquot et de sa mère...

 

Mon avis :

Un très court récit accessible selon l'éditeur dès 10 ans mais qui selon moi est accessible plus tôt ! D'une écriture très simple, j'avoue que ce récit ne m'a pas séduite outre mesure. Jacquot, le narrateur, semble aduler sa mère. Trop peut-être. Dès le début du récit, la mère de Jacquot est confrontée au décès de sa propre mère et doit ensuite accueillir son père quelques temps chez elle. La cohabitation entre Jacquot et son grand-père est délicate puisque le grand-père n'adresse pas la parole à son petit-fils... (un peu tiré par les cheveux, non ?). Mais cette cohabitation sera de courte durée car un jour, Jacquot et son copain Mehdi rentre à la maison et découvre le grand-père inanimé sur le sol de la cuisine. S'ensuivent plusieurs jours de visites à l'hôpital ou Jacquot espère le rétablissement de son grand-père qu'il pressent se réveiller "en mieux". En parallèle, sa mère semble apprécier discuter avec Théodor, l'infirmier. Tout est bien qui se termine bien avec le réveil du grand-père et une attention nouvelle qu'il porte à son "sauveur" de petit-fils puis l'invitation à déjeuner proposée à Théodor. Bref, il ne se passe rien de passionnant et la naïveté de ton ne m'a pas séduite.

 

Extraits :

"- Les gens de l'hôpital me demandent d'aller reconnaître le corps de mamie avant qu'ils ne ferment le cercueil, mais je ne m'en sens pas capable.

Je lui dis :

- Je comprends.

Mais je ne comprends rien. Ils savent bien qui c'est la morte puisqu'ils nous ont prévenus ! Pourquoi lui impose-t-on de faire ça ? Est-ce que c'est juste pour s'assurer que les gens sont vraiment tristes ou quoi ? Je ne vais pas lui demander d'explication sur cette curieuse coutume." (p. 13)

 

"Aujourd'hui, c'est dimanche. Et, pour aller à l'hôpital, elle a même mis une jupe, une jupe classe en plus. Je ne savais pas qu'elle en avait, des jupes. Elle est habillée comme pour aller à une soirée de l'ambassadeur. Comme une star de la télé.

La cause de ce changement, je l'ai vite compris, c'est le souriant Théodore. Ils ne doivent pas seulement parler de mon papi en sirotant leur cappuccino..." (p. 65)

 

"Le lendemain, je retourne à l'hosto. J'ai emporté une poésie à apprendre. Après avoir soliloqué trois minutes avec papi, j'attaque mon travail. Je lis six ou sept fois le texte tout doucement et ensuite je ferme les yeux pour le voir dans ma tête. J'en suis à la deuxième strophe quand j'entends une voix enrouée qui chuchote. Concentré sur les rimes, je n'y prête tout d'abord aucune attention. Puis je m'interromps pour voir si cela vient de l'extérieur. Je regarde alors mon grand-père. C'est comme si ses yeux s'étaient allumés." (p. 68)

 

 

Grevet, Yves.

Jacquot et le grand-père indigne

Ed. Syros

Coll. Tempo

2011/70 p.

 

Rédigé par Nota Bene

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