Sauvage

Publié le 9 Novembre 2023

Sauvage

Ottavia est une ardente quadragénaire italienne. Restauratrice, fille de chef, compagne et mère de famille. Elle est devenue une référence dans son domaine à force d'heures passées en cuisine et de sueur. Ambitieuse, du genre "à accélérer dans les virages", mais l'esprit embrumé par des heures de travail harassantes, Ottavia est aux prises avec ses contradictions et se heurte au défi de maintenir une relation amoureuse intense et durable et une vie de famille stable tout en conservant une totale liberté. D'autant plus quand un ancien amant français, Clem, réapparaît dans sa vie et explique son silence.

C'était un homme surgi du passé venu me rechercher, riche de ses erreurs, pour m'apprendre quelque chose que j'ignorais. Il n'était pas venu apporter le chaos, plutôt son frère jumeau, le doute.

Comment exercer sa liberté sans exclure ses proches qui la circonscrivent ? Les chapitres sont vifs et le ton efficace pour décrire le doute, le questionnement sur le destin, les choix, la liberté, la féminité et la passion amoureuse. Julia Kerninon nous plonge dans l'intimité d'une femme libre et ardente... mais qui en devient paradoxalement dure et froide. Ottavia se veut forte et sauvage mais quelque part, elle abîme au lieu de construire, divague au lieu de se fixer, tergiverse et ne fait pas grand chose. J'ai trouvé la figure de sa mère plutôt désagréable et son rapport aux hommes (père, ex, mari...) assez étrange. Par ailleurs, son apparition dénudée sur un rooftop avec piscine sans qu'il ne se passe rien m'a paru démentir toute crédibilité. Je suis donc de nouveau perplexe face à l'écriture de Julia Kerninon. La première page éclatante à la fois de poésie et de pragmatisme était pourtant prometteuse. Force est de constater que sa langue ciselée et les arômes de basilic et de café n'auront pas suffit à éveiller mon enthousiasme.

C'est le matin à Rome. Quelques heures plut tôt, je me suis réveillée à côté de Bensch, il m'a embrassée, et puis les voix cristallines des enfants se sont élevées dans les chambres, le jour s'est ouvert. J'ai filé dans la salle de bains, je me suis lavé les cheveux, je les ai séchés, attachés en chignon. J'ai passé une robe noire et des collants, j'ai mis de la crème, du mascara, du rouge à lèvres, des boucles d'oreilles. Quand je suis descendue, ils étaient tous les trois autour de la table, mon enfant faon, mon enfant rubis et mon enfant symphonie, j'ai bu la petite tasse de café brûlant que Bensh m'a tendue, j'ai donné des baisers, j'ai enfilé des bottes, mon manteau et je suis sortie. A grands pas j'ai traversé San Lorenzo qui s'éveillait, j'ai pris le tunnel les yeux fermés [...]

Les gens avaient besoin de limites. Ils avaient besoin de vigilance, pas seulement de tolérance. Ils avaient besoin qu'on veille sur eux et que des mots soient prononcés à temps.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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