Il y a quelques semaines j'étais invitée par l'éditeur Syros jeunesse à l'événement nantais organisé à l'occasion de ses 35 ans d'existence. Réunissant principalement des prescripteurs du livre, il était l'occasion de revenir sur l'ancrage historique de la maison pour mieux éclairer les choix éditoriaux d'aujourd'hui.
L'ouverture au monde dans sa diversité
Fondé en 1984, le secteur jeunesse de la maison Syros a tout d'abord proposé, en nouant un partenariat avec l'association "L'arbre à livres", des productions destinées à accueillir les enfants et les parents d’origine étrangère et à faire découvrir les différentes cultures, notamment par le biais de livres bilingues (voire trilingues). Aujourd'hui, la maison s'attache notamment à éditer des contes originaires de tous les pays et à développer la collection Tip tongue pour faire apprendre les langues étrangères (plus grande source de stress à l'école, avant même l'apprentissage des mathématiques !).
L'ouverture au monde dans sa réalité
Dès 1986, Joseph Périgot lance et dirige la collection "Souris noire", qui propose pour la première fois aux jeunes la lecture de polars et à travers ceux-ci les sensibilise à une certaine critique sociétale sous-jacente. Avec cette collection, les jeunes sont confrontés à des histoires "où les morts sont bien morts". Je me rappelle encore des couvertures noires et du logo jaune à l'étrange rongeur découvert à la bibliothèque de quartier ! Il existe maintenant des grands formats hors-série polar (à l'instar de Little sister) mais aussi un catalogue dense en terme d'anticipation, même pour les plus jeunes, avec les collections "Soon" et "Mini soon" notamment (L'école est finie par exemple). On peut citer également des albums et documentaires engagés tels que L'agneau qui ne voulait pas être un mouton de Didier Jean et Zad, publié avec le concours d'Amnesty international.
Aujourd'hui et demain
Rattaché à Nathan jeunesse depuis 2002, Syros jeunesse propose aujourd'hui un catalogue riche de près de 400 titres mettant en avant des albums, des contes, quelques documentaires, des romans pour enfants, pré-adolescents et adolescents, principalement des polars et des dystopies d'auteurs français. Ses têtes d'affiche sont : Yves Grevet, Jean-Christophe Tixier, Florence Hinckel ou encore Marie Leymarie. La maison a à cœur de poursuivre sur sa lancée : offrir un espace de création où des talents peuvent s'engager pour une émancipation de la jeunesse contre les injustices, dans la tolérance et le respect de l'altérité. On peut mettre en lumière à ce propos la sortie de l'album Je suis Camille de Jean-Loup Felicioli, sur un sujet encore tabou : la transidentité. L'aventure continue en 2020 avec de beaux textes à paraître, notamment la suite de la série Lou après tout de Jérôme Leroy et Je te plumerai la tête de Claire Mazard, dont je vous reparlerai dans quelques semaines ! En attendant, je vous souhaite d'épanouissantes (re)découvertes chez Syros !
Pourquoi ce nom ? Au hasard de la géographie grecque, symbole de la démocratie. Pourquoi ce logo ? L'hippocampe est un symbole de protection représenté dans l’art grec, notamment dans les cortèges des divinités marines (Neptune et Amphitrite, Thétis et les Néréïdes...).