Publié le 30 Octobre 2019

Un roman de la rentrée littéraire 2019

que je voulais découvrir : alors, verdict ?

 

Propriété privée

Un couple parisien d'un certain âge, sans enfant, cherche à devenir propriétaire et s'installe dans un nouvel éco-quartier en périphérie de la capitale. Ces bobos, en apparence soucieux de la préservation de l'environnement, s'appliquent avant tout à réaliser le meilleur investissement possible. Cet aménagement de rêve dans leur nouveau chez-eux va pourtant virer au quotidien nerveux : fini l'anonymat citadin, la promiscuité entre voisins de la résidence va donner lieu à des politesses surjouées et des camaraderies forcées. Des bruits irritants dans le jardin mitoyen, un chat sans gène, des aménagements écologiques qui ne fonctionnent pas comme prévu... vont faire monter la tension dans le quartier. L'intrigue s'appuie sur des détails qui peuvent paraître insignifiants au premier abord mais qui s’avéreront être les gouttes d'eau qui rempliront le vase de l'exaspération. Véritable satyre sociale, ce roman à la couverture blanche est pourtant bien noir. Les amateurs apprécieront. De mon côté, j'ai trouvé le ton un peu trop sarcastique et l'utilisation des deuxième et troisième personnes du singulier par la narratrice un peu pénible. Une écriture de qualité mais trop économe et ironique pour moi.

 

Rendez-vous sur le site de l'éditeur pour en découvrir quelques pages.

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 29 Octobre 2019

C'est un beau jour pour ne pas mourir : 365 poèmes sous la main

Il y a de ces lectures comme des moments suspendus où l'on a l'impression qu'un fauteuil cotonneux vient de nous être offert par l'auteur. On se retrouve porté par un nuage, regardant notre quotidien et notre monde d'en haut, en se disant que ces mots-là décrivent tellement bien notre vie comme elle va, avec ses lenteurs, ses déceptions, sa beauté et ses petits bonheurs. Plus j'avance dans ma découverte de Thomas Vinau et plus j'apprécie sa verve : une poésie en prose rythmée par le fil des saisons et non-événements de sa vie. Observateur un brin nonchalant et mélancolique, il met en lumière les petits bonheurs de l'existence, de l'oiseau qui chante à sa fenêtre aux fiévreuses étreintes amoureuses en passant par le goût du café matinal. Il est beaucoup question de la nature (la flore, la faune, l'atmosphère...) dans l’œuvre de Thomas et aussi de la famille et de l'amour qui lie les individus. 365 poèmes à grignoter au fil des jours comme autant de respirations à s'accorder entre les aberrations du quotidien. Oscillant entre la magie de l'anecdotique et le désenchantement philosophe. De la gourmandise en pages.

 

 

Cette fois encore un livre dans lequel piocher au hasard des pages

de quoi s'appliquer du baume au cœur.

 

Publié le 28 Octobre 2019

Vous n'aurez pas haine : une lettre ouverte publiée par Antoine Leiris sur Facebook après la mort de sa femme en novembre 2015 au Bataclan. Vous n'aurez pas haine : cette même lettre relayée quelques jours plus tard par le quotidien Le Monde. Vous n'aurez pas haine : un premier roman dans lequel il racontait les premiers jours suivant le drame, traversés avec son fils Melvil alors âgé de dix-sept mois. Vous n'aurez pas haine : presque un mantra. Quatre années plus tard, Antoine Leiris nous raconte La vie, après. Parce que dans sa chronologie encore plus que pour les autres, il y a désormais un avant et un après. Mais surtout, oui, la possibilité d'un après. Sans épouse, sans mère pour son fils, mais avec des fantômes à apprivoiser, un petit garçon à élever, des mots à trouver.

La vie, après

Posé, grave, doux : voici les qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour décrire le ton du récit d'Antoine Leiris. De son nouvel appartement parisien à l'école de son enfance en passant par une plage bretonne, il s'appuie principalement sur des lieux chargés de son histoire personnelle pour évoquer son enfance, sa rencontre avec Hélène, sa vie sans elle aussi. Le fil rouge de son récit, on pourrait croire au départ que c'est son fils. En réalité, il s'agit de lui en tant que fils, en tant que frère et en tant que père qui se doit de réapprendre à l'être en acceptant de vivre avec des fantômes. Antoine était journaliste et son aisance d'écriture transparaît de façon évidente. Il nous dit avoir plusieurs fois tenté "de reprendre la plume" après la publication de son premier livre, plein d'urgence et de gris. Mais il ne parvenait pas alors à écrire une fiction.

Mon imaginaire était tout entier tourné vers l'invention de notre nouvelle vie.

Avec ce nouveau livre, "le ciel se dégage" et c'est de façon lumineuse que le récit s'égaye d’anecdotes tantôt drôles (l'épisode des raviolis ou celui des lessives), tantôt nostalgiques (l'épisode de la sortie du bus) voire épiques (celui de la cabane perchée, au parc). Au-delà du drame vécu et de leur situation particulière, les mots d'Antoine Leiris, plein d'intelligence sensible et d'un amour paternel inconditionnel, peuvent résonner en n'importe quel parent. C'est souligner comme un enfant peut être le fruit d'un amour, comment cet amour nous interroge sur notre propre histoire, comme le quotidien peut se nuancer de mille états d'âme et ambiguïtés quand il s'agit de l'élever. Deuil, pouvoir de distanciation de l'art (littéraire et théâtral), amour filial : tout ça est évoqué avec beaucoup de sincérité et de tendresse. Un conseil : ne le lisez pas trop vite, au risque d'être comme moi, frustrée de devoir déjà le refermer.

 

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 18 Octobre 2019

Les vacances, douce transition entre les mois d'octobre et novembre, seront j'espère l'occasion de profiter de journées cocooning qui riment avec éclats de rire avec les cousines. Je vous souhaite de duveteuses vacances et vous propose un poème de circonstance. Merci Thomas Vinau.

 

 

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 17 Octobre 2019

Yves Grevet se prêtant au jeu de la démonstration du fonctionnement de l'application Syros live

Yves Grevet se prêtant au jeu de la démonstration du fonctionnement de l'application Syros live

Il y a quelques semaines j'étais invitée par l'éditeur Syros jeunesse à l'événement nantais organisé à l'occasion de ses 35 ans d'existence. Réunissant principalement des prescripteurs du livre, il était l'occasion de revenir sur l'ancrage historique de la maison pour mieux éclairer les choix éditoriaux d'aujourd'hui.

 

L'ouverture au monde dans sa diversité

Fondé en 1984, le secteur jeunesse de la maison Syros a tout d'abord proposé, en nouant un partenariat avec l'association "L'arbre à livres", des productions destinées à accueillir les enfants et les parents d’origine étrangère et à faire découvrir les différentes cultures, notamment par le biais de livres bilingues (voire trilingues). Aujourd'hui, la maison s'attache notamment à éditer des contes originaires de tous les pays et à développer la collection Tip tongue pour faire apprendre les langues étrangères (plus grande source de stress à l'école, avant même l'apprentissage des mathématiques !).

 

L'ouverture au monde dans sa réalité

Dès 1986, Joseph Périgot lance et dirige la collection "Souris noire", qui propose pour la première fois aux jeunes la lecture de polars et à travers ceux-ci les sensibilise à une certaine critique sociétale sous-jacente. Avec cette collection, les jeunes sont confrontés à des histoires "où les morts sont bien morts". Je me rappelle encore des couvertures noires et du logo jaune à l'étrange rongeur découvert à la bibliothèque de quartier ! Il existe maintenant des grands formats hors-série polar (à l'instar de Little sister) mais aussi un catalogue dense en terme d'anticipation, même pour les plus jeunes, avec les collections "Soon" et "Mini soon" notamment (L'école est finie par exemple). On peut citer également des albums et documentaires engagés tels que L'agneau qui ne voulait pas être un mouton de Didier Jean et Zad, publié avec le concours d'Amnesty international.

 

Aujourd'hui et demain

Rattaché à Nathan jeunesse depuis 2002, Syros jeunesse propose aujourd'hui un catalogue riche de près de 400 titres mettant en avant des albums, des contes, quelques documentaires, des romans pour enfants, pré-adolescents et adolescents, principalement des polars et des dystopies d'auteurs français. Ses têtes d'affiche sont : Yves Grevet, Jean-Christophe Tixier, Florence Hinckel ou encore Marie Leymarie. La maison a à cœur de poursuivre sur sa lancée : offrir un espace de création où des talents peuvent s'engager pour une émancipation de la jeunesse contre les injustices, dans la tolérance et le respect de l'altérité. On peut mettre en lumière à ce propos la sortie de l'album Je suis Camille de Jean-Loup Felicioli, sur un sujet encore tabou : la transidentité. L'aventure continue en 2020 avec de beaux textes à paraître, notamment la suite de la série Lou après tout de Jérôme Leroy et Je te plumerai la tête de Claire Mazard, dont je vous reparlerai dans quelques semaines ! En attendant, je vous souhaite d'épanouissantes (re)découvertes chez Syros !

 

Pourquoi ce nom ? Au hasard de la géographie grecque, symbole de la démocratie. Pourquoi ce logo ? L'hippocampe est un symbole de protection représenté dans l’art grec, notamment dans les cortèges des divinités marines (Neptune et Amphitrite, Thétis et les Néréïdes...).

Pourquoi ce nom ? Au hasard de la géographie grecque, symbole de la démocratie. Pourquoi ce logo ? L'hippocampe est un symbole de protection représenté dans l’art grec, notamment dans les cortèges des divinités marines (Neptune et Amphitrite, Thétis et les Néréïdes...).

Syros jeunesse : 35 ans d'ouverture aux autres et de frissons

Publié le 16 Octobre 2019

Merci aux éditions Syros pour cet album de référence

 

réédité à l'occasion des 35 ans de la maison

 

 

 

Le mal et le malheur existent. Faut-il à tout prix en tenir abrités les enfants ? Les préserver, au chaud, à l'abri du malheur - et de la vie - aveugles, sourds, heureux ? Jo Hoestlandt, qui vous aime et sait vous raconter de belles histoires, pense qu'il ne faut pas vous "raconter d'histoires" et que les enfants ont droit à la vérité comme les grands, même quand la vérité fait mal.

Extrait de la préface de Claude Roy

 

Hélène, aujourd'hui grand-mère, raconte. En 1942, Lydia et elle sont les meilleures amies du monde. Un jour, la maman de Lydia se met à coudre une étoile jaune sur le vêtement de sa fille. Cela semble la contrarier. "Étoile du matin, chagrin, étoile du soir, espoir" dit-elle alors mystérieusement. À travers le regard naïf et bouleversant de la petite Hélène qui s'apprête à fêter ses 9 ans, Jo Hoestland revient ici sur le drame des rafles des juifs à Paris durant la Seconde Guerre mondiale. Dans un style sobre et émouvant, le lecteur est plongé dans un univers où la réalité se superpose à l’insouciance propre à l'enfance. Les illustrations de Johanna Kang accompagnent le texte d'ombres douces et inquiétantes et nous offre un récit de référence pour aborder cette période historique avec les enfants.

 

 

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