Publié le 25 Février 2021

Anne de Green Gables (T.2) : Anne d'Avonlea

Merci à Monsieur Toussaint Louverture

 

pour le partage de ce roman

 

paru ce mois-ci

 

 

Voici le deuxième tome (tome 1 par ici), dans une réédition magnifiquement travaillée, de la célèbre série anglo-canadienne Anne de Green Gables. Cette nouvelle traduction d'Isabelle Gadoin est proposée dans un véritable écrin de papier pour lequel rien n'a été laissé au hasard : de la qualité du grammage aux finitions chatoyantes de la couverture. Tout est là pour réjouir les amoureux de l'objet-livre et leur faire trouver une place de choix dans leur bibliothèque à l'héroïne Anne Shirley. L'objet relié et cartonné est sophistiqué, alliant tradition et modernité.

 

Anne, c'est une jeune orpheline rousse aux yeux verts débarquée dans le village d'Avonlea, sur l'Île-du-Prince-Edouard, dans sa famille d'accueil. Dans le tome 2, elle a 16 ans et est devenue institutrice. Entre son travail auprès des élèves et l'arrivée de Davy et Dora, jumeaux de six ans que sa mère adoptive Marilla recueille après le décès de leur propre mère, Anne va encore se retrouver dans des situations cocasses où son imagination et son humour lui seront bien nécessaires. Elle fera de nouvelles rencontres (avec le voisin Monsieur Harrison, Mademoiselle Lewis ou encore Paul, un de ses élèves). Toujours aussi romantique, pétillante et pleine de projets - celui de fonder la Société d'amélioration du village d'Avonlea notamment - nous la suivons pendant deux années de sa vie de jeune femme. Elle continue de décrire avec une densité poétique séduisante la nature l'environnant. Amitié, féminisme involontaire, démantèlement des préjugés sont quelques uns des thèmes phares du roman. Une lecture enthousiasmante et vivifiante. Et pour ceux qui voudraient la découvrir autrement : Anne with an "E" est en ce moment proposé sur Netflix.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 22 Février 2021

Je veux le même !

𝑷𝒐𝒖𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒔'𝒊𝒅𝒆𝒏𝒕𝒊𝒇𝒊𝒆𝒓 𝒂̀ 𝒖𝒏 𝒑𝒆𝒓𝒔𝒐𝒏𝒏𝒂𝒈𝒆 𝒅𝒆 𝒇𝒊𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏, 𝒄'𝒆𝒔𝒕 𝒔𝒂𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒒𝒖'𝒐𝒏 𝒆𝒙𝒊𝒔𝒕𝒆 𝒂𝒖𝒙 𝒚𝒆𝒖𝒙 𝒅𝒖 𝒎𝒐𝒏𝒅𝒆. Quand on a la peau couleur chocolat ou caramel, les cheveux crépus ou les yeux bridés, il est légitime de se chercher des modèles. Cantonner les personnages "non-blancs" à une représentation d'étrangers exotiques s'est invisibiliser une partie de la population occidentale. Parce que la diversité imprègne notre société, un couple de parents congolais résidant en Suisse a décidé que leurs filles devaient trouver des personnages de fiction référents ayant les mêmes caractéristiques physiques qu'elles. Dans cette perspective, ils viennent tout juste de donner naissance aux éditions Beth story, qui défendent des valeurs telles que le multiculturalisme, la tolérance et l’ouverture d’esprit. Pour déconstruire les stéréotypes et favoriser l'acceptation de soi, quoi de mieux que de mettre entre les mains de tous les enfants des albums aux petits héros divers et variés ? Belotie Nkashama (à l'écriture) et Amélie Buri (pour les illustrations) se sont donc attelées à cette tâche. J'ai le plaisir de vous présenter leur premier album jeunesse : 𝑱𝒆 𝒗𝒆𝒖𝒙 𝒍𝒆 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 !

 

D'un petit format facilement manipulable, le livre propose un récit s'inscrivant dans le quotidien d'une famille ainsi qu'un petit jeu sur la dernière page. Plus qu'une simple histoire, 𝒍'𝒂𝒍𝒃𝒖𝒎 𝒑𝒆𝒓𝒎𝒆𝒕 𝒂𝒖𝒙 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 𝒏𝒐𝒊𝒓𝒔 𝒅𝒆 𝒔'𝒊𝒅𝒆𝒏𝒕𝒊𝒇𝒊𝒆𝒓 𝒆𝒕 𝒂𝒖𝒙 𝒆𝒏𝒇𝒂𝒏𝒕𝒔 𝒃𝒍𝒂𝒏𝒄𝒔 𝒅𝒆 𝒔𝒆 𝒓𝒆𝒏𝒅𝒓𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒕𝒆 - 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒆𝒏 𝒇𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒖𝒏 𝒔𝒖𝒋𝒆𝒕 𝒆𝒏 𝒔𝒐𝒊 - 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒅𝒊𝒗𝒆𝒓𝒔𝒊𝒕𝒆́ 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒔𝒐𝒄𝒊𝒆́𝒕𝒆́. Les petites filles présentées dans l'album, tout comme leur papa, portent des tenues occidentales classiques et évoluent dans un environnement qui n'est pas marqué culturellement (par rapport au repas servis, aux jouets...). En revanche, on peut noter le turban et l'écharpe colorées de la maman portant un troisième enfant sur son dos. Mon grand n'a pas du tout commenté la couleur de peau des personnages. Par contre, il m'a demandé à plusieurs reprise qui était qui : les prénoms des petites filles ne sont en effet pas courant.

 

Ces petites filles, parlons-en ! Il s'agit de 𝑲𝒂𝒃𝒊𝒃𝒊 𝒆𝒕 𝑴𝒃𝒊𝒚𝒂. Deux sœurs dont la plus petite vient de fêter son anniversaire. 𝑲𝒂𝒃𝒊𝒃𝒊 est ravie d'essayer son nouveau vélo avec son papa. Sa sœur en est un peu envieuse. Une fois à table pour le dîner, c'est au tour de 𝑲𝒂𝒃𝒊𝒃𝒊 d'être jalouse de 𝑴𝒃𝒊𝒚𝒂 : elle voudrait le gobelet rose de sa grande sœur ! Papa propose alors un jeu : à partir de maintenant, les filles devront s'échanger toutes leurs affaires. Ainsi, "les jouets de l'une deviendront ceux de l'autre". Les fillettes sont enthousiastes. Pourtant, le jeu ne va pas s'avérer s'y drôle...

 

Les thèmes de la jalousie, du partage et aussi implicitement de l'âge nécessaire pour jouer à tel ou tel jeu sont au coeur de l'histoire. On sent que le texte a fait l'objet d'attention. Le vocabulaire est varié (vélo / bicyclette, "fait mine de", ...). Les illustrations simples et colorées permettent de facilement se projeter dans le quotidien de la famille. On peut même prolonger le plaisir de la lecture avec des coloriages disponibles sur le site de l'éditeur. Le livre est par ailleurs disponible en version numérique et traduit en plusieurs langues (anglais, portugais, lingala, etc.). De quoi diffuser le modèle de ses jolies petites filles aux cheveux crépus au-delà de nos frontières.

 

𝑬𝒕 𝒑𝒐𝒖𝒓 𝒄𝒐𝒏𝒕𝒓𝒊𝒃𝒖𝒆𝒓 𝒂̀ 𝒔𝒂 𝒅𝒊𝒇𝒇𝒖𝒔𝒊𝒐𝒏,

𝒑𝒂𝒓𝒄𝒆 𝒒𝒖𝒆 𝒋𝒆 𝒅𝒆𝒗𝒊𝒏𝒆 𝒒𝒖𝒆 "𝒕𝒖 𝒗𝒆𝒖𝒙 𝒍𝒆 𝒎𝒆̂𝒎𝒆 !",

𝒓𝒆𝒏𝒅𝒆𝒛-𝒗𝒐𝒖𝒔 𝒔𝒖𝒓 𝒎𝒐𝒏 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒕𝒆 𝑰𝒏𝒔𝒕𝒂𝒈𝒓𝒂𝒎 :

𝒍𝒆𝒔 𝒆́𝒅𝒊𝒕𝒊𝒐𝒏𝒔 𝑩𝒆𝒕𝒉 𝒔𝒕𝒐𝒓𝒚 𝒎𝒆 𝒑𝒆𝒓𝒎𝒆𝒕𝒕𝒆𝒏𝒕

𝒅𝒆 𝒇𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒈𝒂𝒈𝒏𝒆𝒓 𝒖𝒏 𝒆𝒙𝒆𝒎𝒑𝒍𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒂̀ 𝒍'𝒖𝒏 𝒐𝒖 𝒍'𝒖𝒏𝒆 𝒅'𝒆𝒏𝒕𝒓𝒆 𝒗𝒐𝒖𝒔 !

 

Je veux le même !
Je veux le même !

Publié le 19 Février 2021

Justine et la pierre de feu

Après Arc-en-ciel et Flocon, je poursuis mon tour d'horizon des personnages créés par Marcus Pfister dans les années 1990. Ce nouvel album grand format arbore une première de couverture qui n'est pas sans rappeler celle du plus beau poisson des océans. En effet, c'est de nouveau un animal sur fond bleu qui tient dans sa main une pierre scintillante qui accroche tout de suite le regard du lecteur. Le récit commence par la présentation sur une double-page d'une "𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡 𝑖̂𝑙𝑒 [𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑒𝑝𝑢𝑖𝑠] 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑒𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑖𝑒𝑟𝑠 𝑑'𝑎𝑛𝑛𝑒́𝑒𝑠 [𝑟𝑒́𝑠𝑖𝑠𝑡𝑎𝑖𝑡] 𝑎𝑢 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑒𝑡 𝑎𝑢𝑥 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒𝑠 𝑓𝑢𝑟𝑖𝑒𝑢𝑠𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑑𝑒́𝑓𝑒𝑟𝑙𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑢𝑟 𝑠𝑜𝑛 𝑟𝑖𝑣𝑎𝑔𝑒". C'est là que vivent Justine et ses amies les autres souris. Elles passent d'agréables étés à grignoter, jouer, se raconter des histoires allongées sur les galets chauffés par le soleil. L'hiver, elles s'abritent sur les flancs de la montagne. C'est justement un hiver, après une tempête, que Justine, affamée, part à la recherche de nourriture. Elle trouve dans une crevasse "𝑢𝑛𝑒 𝑝𝑖𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑒́𝑡𝑖𝑛𝑐𝑒𝑙𝑎𝑛𝑡𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑚𝑖𝑟𝑜𝑖𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑒 𝑚𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑓𝑒𝑢𝑥 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙'𝑜𝑏𝑠𝑐𝑢𝑟𝑖𝑡𝑒́ 𝑑𝑒𝑠 𝑟𝑜𝑐𝘩𝑒𝑠". Belle et irradiant une chaleur réconfortante, elle devient un trésor que chacune des souris souhaite posséder. Mais le vieux sage Barnabé les met en garde : ces pierres appartiennent à la terre. On ne peut "𝑙𝑒𝑠 𝑙𝑢𝑖 𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑠𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑢𝑖 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒𝑟 𝑞𝑢𝑒𝑙𝑞𝑢𝑒 𝑐𝘩𝑜𝑠𝑒 𝑒𝑛 𝑟𝑒𝑡𝑜𝑢𝑟". À partir de là, l'histoire peut bien finir ou mal tourner. Les pages du livre sont horizontalement coupées en deux et c'est au lecteur de faire ce choix : poursuivre en tournant les parties hautes pour un récit qui se termine bien ou lire l'histoire sur la partie basse et observer sa mauvaise tournure. Soit les souris réfléchissent et savent se contenter d'un minimum en préservant la nature et leur habitat ou bien les souris, cupides, foncent tête baissée et finissent par détruire leur île. Tout comme chacun, par son comportement, peut contribuer à détruire ou sauver notre planète, le lecteur est responsabilisé et maître de l'histoire. Justine et la pierre de feu, malgré un prénom quelque peu passé de mode et un ton un brin moralisateur, est une jolie fable écologique où les notions de partage vs d'égoïsme mais aussi d'exploitation vs de préservation sont au cœur du récit. Et bien sûr les pépites d'or qui scintillent, de plus en plus nombreuses au fil des pages, font, comme les écailles d'Arc-en-ciel, briller les yeux des lecteurs.

 

Justine et la pierre de feu
Justine et la pierre de feu
Justine et la pierre de feu

Publié le 18 Février 2021

Flocon, le petit lapin des neiges

Voici un album jeunesse "vintage" paru en 1991 aux éditions Nord-Sud (aujourd'hui intégrées aux éditions Mijade) de l'auteur Marcus Pfister, à qui l'on doit notamment le célèbre et scintillant poisson Arc-en-ciel. Ce grand format arbore une première de couverture rayonnante de douceur et de lumière hivernale. Les pages intérieures conservent cette atmosphère apaisante de paysages enneigés grâce à des illustrations aux contours flous et aux tons pastels. Nous faisons la connaissance de Flocon à son réveil, alors qu'il est encore tout ensommeillé. C'est un lapereau blanc qui porte très bien son nom : rond et pelucheux, on aimerait y enfouir son nez. "𝐽𝑒 𝑑𝑜𝑖𝑠 𝑓𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑚𝑎 𝑡𝑜𝑖𝑙𝑒𝑡𝑡𝑒 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑐𝑒 𝑚𝑎𝑡𝑖𝑛, 𝑚𝑎𝑚𝑎𝑛 ? - 𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑚𝑒 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑𝑒𝑠-𝑡𝑢 𝑙𝑎 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑐𝘩𝑜𝑠𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑡𝑖𝑛𝑠, 𝐹𝑙𝑜𝑐𝑜𝑛 ? 𝑆𝑖 𝑡𝑢 𝑣𝑒𝑢𝑥 𝑞𝑢𝑒 𝑡𝑎 𝑓𝑜𝑢𝑟𝑟𝑢𝑟𝑒 𝑟𝑒𝑠𝑡𝑒 𝑏𝑙𝑎𝑛𝑐𝘩𝑒, 𝑡𝑢 𝑑𝑜𝑖𝑠 𝑙𝑎 𝑛𝑒𝑡𝑡𝑜𝑦𝑒𝑟. 𝐴𝑙𝑙𝑒𝑧, 𝘩𝑜𝑝 ! 𝐴𝑝𝑟𝑒̀𝑠 𝑡𝑢 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑟𝑎𝑠 𝑎𝑙𝑙𝑒𝑟 𝑗𝑜𝑢𝑒𝑟." C'est ainsi que nous suivons Flocon durant sa journée, jusqu'à son coucher. Jouer avec son ami Coton, chercher à manger, fuir et se cacher... il a de quoi s'occuper. Dans le silence de la clairière se croisent quelques animaux (hérisson, sangliers, cerf... Et parfois, des prédateurs mal intentionnés ! Il faut alors que Flocon apprenne à être vif pour ne pas finir dans les serres du faucon. Heureusement, sa maman l'accompagne et veille sur lui. "𝑃𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑒𝑠𝑡-𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑦 𝑎 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑛𝑒𝑖𝑔𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡𝑜𝑢𝑡, 𝑀𝑎𝑚𝑎𝑛 ? - 𝑃𝑜𝑢𝑟 𝑞𝑢𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝘩𝑒𝑟𝑏𝑒𝑠 𝑒𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠 𝑠𝑒 𝑟𝑒𝑝𝑜𝑠𝑒𝑛𝑡. - 𝐸𝑡 𝑝𝑜𝑢𝑟𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑐̧𝑎 ? 𝐸𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑛’𝑜𝑛𝑡 𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑝𝑎𝑠 𝑎̀ 𝑐𝑜𝑢𝑟𝑖𝑟 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐𝘩𝑒𝑟𝑐𝘩𝑒𝑟 𝑎̀ 𝑚𝑎𝑛𝑔𝑒𝑟, 𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠. 𝑀𝑜𝑖 𝑎𝑢𝑠𝑠𝑖, 𝑗𝑒 𝑣𝑜𝑢𝑑𝑟𝑎𝑖𝑠 𝑚𝑒 𝑟𝑒𝑝𝑜𝑠𝑒𝑟." Flocon est un petit lapin sauvage auquel les petits lecteurs n'auront pas de mal à s'identifier : quelque peu râleur mais toujours prêt à jouer et à se blottir contre sa maman une fois le soir venu. On peut facilement lui prêter un air de Bambi, qui découvre la rudesse et les joies de son premier hiver. Un bel album à feuilleter en ce mois de février pour attendre, plus patiemment que Flocon, les éclosions du printemps.

 

Flocon, le petit lapin des neiges

Publié le 17 Février 2021

Arc-en-ciel le plus beau poisson des océans

Voici un album jeunesse "vintage" paru pour la première fois en 1992 aux éditions Nord-Sud (aujourd’hui intégrées aux éditions Mijade) qui n'a pourtant pas pris une seule ride. Son auteur suisse, Marcus Pfister, est le créateur de plusieurs personnages phares de la littérature jeunesse (Flocon le petit lapin, Justine la souris, Pit le pingouin, etc.) mais le plus célèbre d'entre eux est bien Arc-en-ciel. Car Arc-en-ciel n'est pas un poisson ordinaire : c'est le plus beau poisson de tous les océans. "𝑆𝑒𝑠 𝑒́𝑐𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑛𝑡 𝑏𝑟𝑖𝑙𝑙[𝑒𝑛𝑡] 𝑒𝑡 𝑚𝑖𝑟𝑜𝑖𝑡[𝑒𝑛𝑡] 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑙𝑎 𝑙𝑢𝑚𝑖𝑒̀𝑟𝑒 𝑐𝑜𝑚𝑚𝑒 𝑎𝑢𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡𝑒𝑠 𝑔𝑜𝑢𝑡𝑡𝑒𝑠 𝑖𝑟𝑖𝑠𝑒́𝑒𝑠". Il est admiré des autres poissons, qui souhaitent pouvoir jouer avec lui. Mais Arc-en-ciel, fier, se contente de nager près d'eux pour se faire contempler. Un jour, un tout petit poisson ose lui demander le prêt d'une de ses écailles. Arc-en-ciel l'envoi se faire voir avec dédain. Dès lors, les poissons lui tournent le dos. "𝐴̀ 𝑞𝑢𝑜𝑖 𝑠𝑒𝑟𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑏𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑒́𝑐𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑢 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒 𝑠'𝑖𝑙 𝑛'𝑦 𝑎 𝑝𝑒𝑟𝑠𝑜𝑛𝑛𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑑𝑚𝑖𝑟𝑒𝑟 ?" c'est la question que se pose soudain notre scintillant poisson. Commence alors pour Arc-en-ciel un processus de remise en question. Grâce à la sage pieuvre Octopus, Arc-en-ciel découvrira qu'il n'y a de vrai bonheur que dans le partage. L'estime de soi, la bienveillance, la générosité et l'amitié sont bien sûr des valeurs centrales du récit. C'est un brin moralisateur mais cela reste une très jolie histoire magnifiquement illustrée. L'originalité et la beauté des détails irisés parsemant les pages en font un album marquant et indémodable. Il en existe d'ailleurs aujourd'hui une riche déclinaison, de Dors bien Arc-en-ciel à Arc-en-ciel fait la paix. De quoi régaler les fans du plus beau des poissons.

 

Arc-en-ciel le plus beau poisson des océans

Publié le 16 Février 2021

Soulagements 2 : Tropiques printaniers

Voici le deuxième recueil d'un très jeune poète du Morbihan, dont la lecture m'a été recommandée par Joseph Ponthus lors de sa venue au lycée. Une écriture déjà follement aboutie qui nous transporte par des rimes aux allitérations chantantes et des rythmes de percussions africaines. Mohamed, alias Falmarès, chante ses deux pays : sa terre natale de Guinée et sa terre d'asile, la France. Enthousiaste pour les paysages, les êtres et les fêtes, il s'adresse tout à tour à sa mère, sa grand-mère, son oncle, ses "frères migrants" ou encore une certaine bretonne prénommée Maeva. Il parle de ses "balafres noires", de son "sang noir qui bave" et de "tristes marées mouvantes au bord de la solitude Atlantique" mais aussi du soir qui tombe sur Paris, du printemps et des yeux dorés de l'amour. C'est frais, beau et fort.

 

Le matin, dans mon petit village,
La nature est fleur, calme et décor,
Sereine comme l'alpha de l'oméga,
Le vent sans souffle, sans parole,
Le vent emprisonné dans le creux
Des quatre points cardinaux.

Ô Guinée ! ma Guinée.
De tes sons musclés des merveilles
De tam-tams plus lointains,
De tes marabouts , tes griots, les baobabs d'Afrique
Plus anciens que la colère bleue d'hommes
Dans la Soumba du pays natal.

Chère maman, c'est moi,
C'est moi ton fils, ton champion,
Je t'écris de si fort lointain,
Je t'écris sur l'orient de mon isolement
Dans un pays de fort romantisme,
Dans les minuits de France.
Je t'écris.

Dis-moi,
De quelle couleur
Sont tes yeux dorés, sublimes
À la vanille vannetaise ?

Dis-moi, ton cœur d'archange,
Tes feux de jeunesse, tes feux d'amour,
Ronde comme la vierge faune du Kenya ;
Angélique comme le Peul de Gambie ;
Et douce comme le premier ciel.

Amis ! Illustres amis de la lyre,
Lisez ! Lisez avec soin et amour,
S'il vous plaît, lisez avec joie et respect,
Bouquinez en cœur-fleur hospitalier.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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