Après Et Dieu dans tout ça ?
voici le compte-rendu de lecture d'un deuxième ouvrage signé Marie Desplechin,
le 1er tome de la série Le journal d'Aurore.
La quatrième de couverture :
"Douze février. On peut ruiner sa vie en moins de dix secondes. Je le sais. Je viens de la faire. Là, juste à l'instant. J'arrive à la porte de l'immeuble, une modeste baguette dans la main et la modeste monnaie dans l'autre, quand Merveille-Sans-Nom surgit devant moi. Inopinément. A moins de 5 centimètres (il est en train de sortir et je m'apprête à entrer, pour un peu on s'explose le crâne, front contre front). Il pose sereinement sur moi ses yeux sublimes. Je baisse les miens illico, autant dire que je les jette quasiment sous terre, bien profond, entre la conduite d'égoût et le tuyau du gaz. Sa voix amicale résonne dans l'air du soir : - Tiens ! Aurore ! Tu vas bien ? Je reste la bouche ouverte pendant environ deux millions de secondes, avant de me décider et lui hurler à la figure : - Voua ! Merdi !"
Mon avis :
Chapitré selon les différents mois de l'année, d'octobre à septembre, on suit le parcours d'une héroïne qui trouve toujours à redire : une adolescente, quoi ! Elle décide de commencer à écrire son journal intime un jour où elle s'ennuie, en nous faisant d'ailleurs part de ce qu'elle pense des journaux intimes : "Justement, j'avais un cahier en train de moisir. Un vieux cadeaux de l'anniversaire de mes douze ans. L'authentique présent effroyable : une large couverture en carton, un million de pages blanches, et MON JOURNAL INTIME marqué dessus, histoire de rendre la chose publique dans le monde entier. Tellement intime que la couverture est fermée par un cadenas ridicule avec clé dorée, le genre de truc qui donne une envie mortelle de lire en cachette." (p. 12). Ainsi, ce livre nous propose un ton léger qui séduit dès les premières pages. J'ai retrouvé l'humour typique de la série Journal intime de Georgia Nicolson, en moins délirant peut-être (au niveau de l'écriture comme du fond). Francisée par Marie Desplechin, l'histoire se retrouve dans les grandes lignes : une jeune ado joue les martyres, entourée qu'elle est par sa famille (parents injustes, soeurs horripilantes et grand-mère gâteuse), sa meilleure amie qu'elle se refuse parfois à appeler, le beau gosse du coin (surnommé Super canon chez Georgia Nicolson, Merveille-Sans-Nom chez Aurore). Bref : c'est frais, désopilant et se lit facilement.
Incipit :
"1er octobre, avant dîner
Tous les gnomes de la planète comptent leurs sous. Le plus grand magicien de tous les temps va passer pour sa quête annuelle. J'ai nommé Harry Potter, le type qui transforme le papier en or massif. Sophie-la-Parfaite, dite aussi Soeur-Cadette-Ingrate, se prépare activement à célébrer. Elle sera la première à acheter le bouquin. La première à le lire. La première à dire qu'il est encore mieux que celui de l'année dernière. Dommage qu'elle entre juste en sixième, elle n'a pas assez de vocabulaire pour se le taper en anglais. Pas grave, Sophie, ce sera pour la rentrée prochaine. Et il sera encore mieux que celui de cette année. Moi, franchement, il faudrait me payer pour que j'aille faire la queue juste pour acheter un bouquin. Surtout un bouquin que tout le monde a lu. Je me demande ce que ma soeur préfère : faire la queue ou lire le livre. Je crois que c'est faire la queue. Si elle aimait lire, on verrait autre chose que Titeuf sur son étagère."
Plus d'infos sur :
Les fiches de lecture de Marie Desplechin sur BlOg-O-nOisettes
Jamais contente par Héloïse
Le journal intime de Georgia Nicolson sur Wikipédia
Desplechin, Marie.
Jamais contente
Ed. L'école des loisirs
Coll. Médium
2006/180 p.