Publié le 30 Mai 2017
La quatrième de couverture :
"Au temps d'avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et le reste, c'était le bonheur, la vie sans se l'expliquer. Si l'on me demandait “Comment ça va ?” je répondais toujours “Ça va !”. du tac au tac. Le bonheur, ça t'évite de réfléchir. C'est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À esquiver, à opiner vaguement du chef. D'ailleurs, tout le pays s'y était mis. Les gens ne répondaient plus que par “Ça va un peu”. Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé."
Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son «petit pays», le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur ... L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.
Mon avis :
J'ai déjà commenté ma lecture "papier" précédemment. Je peux simplement ajouter ici que j'ai été un peu moins émue par cette écoute - ce qui est normal puisque je connaissais la fin de l'histoire et que les deux lectures étaient assez proches l'une de l'autre - mais aussi bien plus séduite par le début du roman. J'ai mieux perçu les liens entre la douce enfance de Gabriel au Burundi (fils d'un père français et d'une mère tutsie exilée du Rwanda voisin) et les turbulences socio-politiques et familiales qui surviennent dans cette région d'Afrique à partir de 1993.
En ce qui concerne la spécificité du format audio, je suis charmée. C'est un plaisir d'occuper ses trajets quotidiens de façon à la fois utile et agréable tout en changeant des traditionnelles émissions de radio. Que le texte soit lu par l'auteur lui-même est pour moi un avantage. Il me semble qu'on touche ainsi à l'intérprétation la plus juste possible du propos. Gaël Faye prête superbement sa voix, sans glisser dans le pathos. J'ai adoré entendre un court air de musique ou un chant entre chaque chapitre : ils méritaient d'être plus longs !
Suite au roman, on peut découvrir un entretien avec l'auteur très intéressant : Gaël Faye nous parle de son parcours, de son attrait pour l'écriture dès l'adolescence, de sa difficulté à lâcher prise pour passer de l'écriture de chansons à l'écriture d'un roman puis de l'écriture à la lecture. En effet, il lui a fallu faire parler des personnages avec sa voix alors que leur gouaille burundaise était présente dans sa tête. Humble et ouvert d'esprit, c'est l'impression que m'a laissé Gaël Faye suite à cet entretien d'environ une demi-heure. C'est donc une écoute que je recommande afin de plonger au coeur d'un sacré et malmené petit pays...
Faye, Gaël
Petit pays
Ed. Audiolib
2016 / 5h40 min.