Publié le 29 Juin 2023

Encabanée

Anouk a quitté son appartement de Montréal pour un refuge forestier dans la région du Bas-Saint-Laurent, en quête de sens et de solitude. Encabanée loin de tout dans le plus rude des hivers, elle se livre sous forme d'un carnet de bord en cherchant à apprivoiser les difficultés quotidiennes (déneigement, chauffage, cohabitation avec la faune locale...).

 

Son journal de bord est accompagné de quelques petits dessins et ponctué de listes amusantes. On s'étonne et s'amuse de certaines expressions québécoises : dormir au gaz, me laisse de lousse, mes bibittes... Le style est plutôt ciselé et poétique, tantôt lyrique, tantôt humoristique. J'ai aimé la réflexion parasitée volontairement (me semble-t-il) par des clichés plein d'autodérision. L'improbable et sensuelle arrivée d'un second personnage en est l'illustration. Un récit sympathique donc, aux accents écologiste et féministe, qui se lit vite et bien. Un premier roman bien écrit sans pour autant se prendre trop au sérieux signé Gabrielle Filteau-Chiba.

 

Chaque kilomètre qui m'éloigne de Montréal est un pas de plus dans le pèlerinage vers la seule cathédrale qui m'inspire la foi, une profonde forêt qui abrite toutes mes confessions.

La ville encrassée où l'on dort au gaz dans un décor d'angles droits.

Mes trois souhaits au génie de la lampe :
- Des bûches qui brûlent jusqu'à l'aube ;
- Une robe de nuit en peau d'ours polaire ;
- Robin des bois qui cogne à ma porte.

Les cols sentent encore ton après-rasage poivré. Si je survie à l'hiver, je sèmerai un potager en portant sur ma peau le parfum de ta bienveillance.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 28 Juin 2023

Camille Claudel : la création comme espace de liberté

Une bande dessinée sur un personnage féminin célèbre mais mal connu : la sculptrice Camille Claudel. En bref, une biographie qui manque d'envergure. Peu d'éléments historiques sur des domaines pourtant riches : le milieu artistique français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle et la prise en charge des troubles psychiques ou psychiatriques à cette même période. Des illustrations qui manquent d'originalité, de modernité et de hauteur. Pour autant, cette BD a au moins le mérite d'exister pour qui veut un rapide aperçu biographique. Elle me semble adapté à des élèves de 3e notamment.

Publié le 28 Juin 2023

Après une session 2022 à assurer la logistique de l'épreuve (gestion du temps et des déplacements des candidats), j'ai pu expérimenter cette année le Grand Oral du baccalauréat du point de vue du jury. En binôme avec une collègue de physique-chimie, j'ai vu défiler plus de 40 candidats, en majorité des spécialités mathématiques / physique-chimie et physique-chimie / biologie-écologie. Mis à part un candidat à qui nous n'avons pas mis la moyenne, les prestations n'étaient pas si mal. Nous avons attribué plusieurs 19 et 20/20. Par contre, le peu de questions posées au sujet de la démarche de recherche et des sources révèlent un énorme manque de discernement sur la validité des informations utilisées. J'ai entendu parler de satellites naturels et artificiels, d'atomes, de radioactivité, d'effet Venturi, d'effet Doppler, de Newton, Kepler, Archimède, de confection de parfums, de chute libre, de Formule 1, de moteur ionique, de glycémie, de cool roofing, de la molécule d'éthanol, etc. J'ai pu échanger avec des élèves visant majoritairement des classes préparatoires, des écoles d'ingénieurs et la faculté de médecine.

 

Anecdote de doc 171

Publié le 27 Juin 2023

Le bureau d'éclaircissement des destins

En Allemagne, l'International Tracing Service est le plus grand centre de documentation sur les persécutions nazies. Irène y trouve un emploi en 1990 et se découvre une vocation pour le travail d'investigation. En 2016, elle se voit confier une mission inédite : restituer les milliers d'objets dont le centre a hérité à la libération des camps. Un Pierrot de tissu, un médaillon, un mouchoir brodé... Chaque objet, même modeste, renferme ses secrets. Il revient à Irène et ses collègues de retrouver la trace des propriétaires déportés et de remettre à leurs descendants le souvenir de leurs parents.

 

Ce roman sur la Shoah de Gaëlle Nohant, mis en avant dans différents médias, s'annonçait prometteur. Pourtant, je n'ai pas été happée et j'ai abandonné sa lecture environ à la moitié. Le sujet est intéressant mais le style est fade, sans envergure. En outre, mêler des éléments historiques si puissants à des personnages fictifs m'a semblé dommage voire inconvenant. Les enquêtes sont complexes et les éléments personnels du personnage d'Irène pas particulièrement convaincants. D'autres romans sur la Shoah, les descendants de déportés et le devoir de mémoire existent (La carte postale d'Anne Berest, pour n'en citer qu'un) et valent meilleures lectures.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 8 Juin 2023

Blizzard

En Alaska, au cœur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n'aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l'enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s'engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

 

Le lecteur arpente un territoire hostile, aux prises avec un vent glacial, sur 𝑢𝑛𝑒 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑑𝑒́𝑠𝑜𝑙𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑞𝑢𝑖 𝑠𝑢𝑖𝑛𝑡𝑒 𝑙𝑒 𝑚𝑎𝑙ℎ𝑒𝑢𝑟. Ce roman choral donne tour à tour la parole aux voix intérieures de divers personnages. 𝐵𝑒𝑠𝑠 (Elizabeth Morgensen), une femme rousse approchant les 40 ans, jugée 𝑖𝑛𝑐𝑜𝑛𝑔𝑟𝑢𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑢 𝑝𝑎𝑦𝑠𝑎𝑔𝑒, qui sort en pleine tempête avec 𝑙'𝑒𝑛𝑓𝑎𝑛𝑡. 𝐵𝑒𝑛𝑒𝑑𝑖𝑐𝑡 𝑀𝑎𝑦𝑒𝑟, qui se retrouve le premier à 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑐ℎ𝑒𝑟 𝑢𝑛 𝑔𝑜𝑠𝑠𝑒 𝑒𝑡 𝑢𝑛𝑒 𝑓𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑛𝑒𝑖𝑔𝑒, 𝑎𝑢 𝑚𝑖𝑙𝑖𝑒𝑢 𝑑𝑒 𝑛𝑢𝑙𝑙𝑒 𝑝𝑎𝑟𝑡. 𝐶𝑜𝑙𝑒, qui s'élance malgré le 𝑡𝑒𝑚𝑝𝑠 𝑎̀ [𝑛𝑒 𝑝𝑎𝑠] 𝑚𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒 𝑢𝑛 𝑏𝑜𝑛 𝑐ℎ𝑟𝑒́𝑡𝑖𝑒𝑛 𝑑𝑒ℎ𝑜𝑟𝑠. 𝐹𝑟𝑒𝑒𝑚𝑎𝑛, un Noir lui aussi 𝑖𝑛𝑐𝑜𝑛𝑔𝑟𝑢, ancien militaire. Tous expriment la violence de leurs sentiments, leurs tourments, en parallèle des éléments naturels qui se déchaînent. Le blizzard apparaît d'ailleurs comme le cinquième personnage du livre, qui les force à faire un travail introspectif. D'autres personnages sont évoqués au fil du récit : l'enfant de 10 ans, un 𝑝𝑒𝑡𝑖𝑡 𝑔𝑒́𝑛𝑖𝑒 avec l'allure d'un 𝑝𝑟𝑜𝑓𝑒𝑠𝑠𝑒𝑢𝑟 𝑒𝑛 𝑔𝑜𝑔𝑢𝑒𝑡𝑡𝑒, des membres de la famille de chacun des personnages, un certain 𝐶𝑙𝑖𝑓𝑓𝑜𝑟𝑑. L'écriture orale, fluide, découpée en très courts chapitres, porte les thèmes de la culpabilité et de la vérité, cachée ou révélée. Des secrets de famille sont en jeu. La construction identitaire adolescente est aussi assez central. Plusieurs histoires de disparitions, douloureuses et violentes, se répondent dans le temps et laissent entrevoir un certain portrait des États-Unis (sont notamment mentionnées les guerres du Viêtnam et d'Irak). Ce n'est donc pas un polar mais bel et bien un thriller - et un premier roman réussi - qui nous happe crescendo.

Je ne peux pas rentrer, je ne peux pas lui expliquer, ce serait trop d'un seul coup. Il est solide, mais il y a des choses qui sont trop dures à entendre.

Je ne sais pas si la nature les a absorbés ou si elle va les recracher, morts ou vivants.

Parfois je rêve de l'Océan Pacifique, de ses rouleaux, du sel sur la peau et des cheveux gainés par les embruns. Ici, il n'y a que de l'eau douce, des hectolitres d'eau douce, des lacs, rivières, fleuves, ruisseaux, cascades [...]

Ici, vous pouvez tout oublier et être oublié.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 6 Juin 2023

24 heures de la vie d'une fourmi

Merci aux éditions Hélium pour le partage de cet album !

Demain est un jour particulier : c'est la grand parade nuptiale des fourmis. Chaque année, elles se retrouvent pour un vol amoureux. Voici donc Fourmiguette partie pour assister au spectacle, véritable ballet aérien. En chemin, elle rencontre des libellules, des abeilles, des coccinelles ou encore des gendarmes.

 

Voici un album jeunesse original qui propose une horloge à manipuler au fil des pages pour accompagner le compte à rebours de l'intrigue. Ne rêvons pas, cela ne permettra pas à notre enfant de 4 ans d'apprendre à lire l'heure... mais le familiarisera avec les chiffres et le concept des aiguilles. De plus, dans chaque illustration, nous sommes invités à retrouver la petite héroïne fourmi et à observer la nature foisonnante. De quoi s'occuper de façon ludique devant les chaleureuses illustrations de Delphine Chedru.

24 heures de la vie d'une fourmi
24 heures de la vie d'une fourmi
24 heures de la vie d'une fourmi