Publié le 23 Mars 2018

C'était une violence sourde, invisible, une violence ordinaire que personne ne dénonçait.

La tresse

 

Une belle découverte que ce premier roman de Laëtitia Colombani. Malgré un suspens cousu de fil blanc, on se laisse emporter par le récit de ces trois destins féminins. De l'Inde au Canada en passant par la Sicile, le lecteur découvre des personnages qui vont devoir faire preuve de courage et de pugnacité pour s'extraire de leur condition. Smita, Sarah et Giulia se font portes-paroles. Le propos est de souligner la condition peu enviable des femmes à travers le monde : que ce soit celle de la wonder woman qui avant même de tomber malade traîne "le fardeau de sa culpabilité", celle de Giulia dont les faits et gestes peuvent faire "le tour du quartier" dans une Sicile patriarcale ou encore celle de l'intouchable qui doit se rendre invisible aux yeux des autres car "c'est son darma, son devoir, sa place dans le monde". Les procédés littéraires ne sont pas toujours subtils mais, à défaut, on peut souligner une fluidité et une accessibilité de lecture certaine. L'histoire la plus questionnante selon moi est curieusement celle de Sarah, avocate carriériste et maman. Ses problématiques occidentales font écho à celles évoquées dans les BD d'Emma notamment. C'est un récit qui n'évite pas les clichés parfois mais qui est bien mené et découpé. Il a le mérite de mettre en lumière le courage qu'il faut encore aujourd'hui dans le monde pour se faire reconnaître et respecter en tant que femme.

Pour elle-même, elle a accepté ce sort comme une cruelle fatalité. Mais ils n'auront pas sa fille. Sa révolte est silencieuse, inaudible, presque invisible. Mais elle est là.

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 22 Mars 2018

La Semaine de la presse et des médias : enfin l'occasion d'enseigner...

La Semaine de la presse et des médias : enfin l'occasion d'enseigner...

Publié le 20 Mars 2018

Coup de coeur

 

Pactum salis

 

 

Les marais salants...

Ça fonctionne avec du vent comme pour les bateaux, du soleil comme pour les vignes, des efforts comme avec les femmes, de la patience comme avec les enfants et de la chance comme pour la vie...

Olivier Bourdeaut confirme son talent littéraire avec la parution de ce deuxième roman se déroulant dans les environs salés de la presqu'île guérandaise. Il nous raconte la rencontre fantaisiste de deux solitudes fières : Michel, agent immobilier d'origine nantaise qui cherche à se construire une place dans le beau monde et Jean, ex-étudiant parisien qui fait tout pour s'en extraire. Cette "fantaisie polardeuse" (dixit François Busnel) emprunte à son précédent roman un aspect cocasse, au travers du personnage de Dédé notamment. Pour autant, il me semble plus ancré dans une certaine modernité. L'histoire d'une amitié masculine, le suspens lié à la découverte d'un mystérieux cadavre dès le début du roman, des lieux inspirants, des réflexions sur la possibilité et l'envie de dépasser sa condition sociale... voici les ingrédients du pacte de sel.

 

Dans un premier temps, j'ai été agacée : deux adjectifs accolés à chaque nom dans les premières pages, c'est de l'ordre du trop-plein. Et pourtant, cette écriture tantôt poétique, tantôt plus directe, parfois surannée, animant des personnages hauts en couleurs, m'a très vite emporté sur la Côte d'Amour. Elle m'a fait ouvrir le dictionnaire pour me mettre en bouche des mots comme "componction", "céladon", "falsoculisme", "sardanapalesque"...

 

C'est parfois drôle :

Il aurait préféré se battre pour séduire, or il se trouvait cueilli sans un mot, sans un geste, sans une bataille. Sa fierté lui promettait un rôle de viking conquérant, il se découvrait une vocation de pâquerette.

Parfois non :

Une promeneuse fit une effrayante découverte, qu'elle annonça par des cris tout aussi effrayants. [...] sortaient deux pieds sales aux doigts écartés, ou plutôt, pour être plus précis, aux doigts de pieds écarquillés, comme le sont les yeux de ceux qui ont vu leur mort arriver.

Souvent charmant :

[...] cette langue sableuse désertée chaque jour par l'océan pour devenir une prairie d'algues lézardée de filets d'eau argentés, de monticules de sables humides et scintillants par endroits, secs et dorés pour les plus élevés.

Ça donne des envies d'océan, de vent salé et de soleil couchant rosé.

 

À le découvrir je ne peux que vous encourager.

 

Rédigé par Nota Bene

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