Publié le 23 Mars 2018
C'était une violence sourde, invisible, une violence ordinaire que personne ne dénonçait.
Une belle découverte que ce premier roman de Laëtitia Colombani. Malgré un suspens cousu de fil blanc, on se laisse emporter par le récit de ces trois destins féminins. De l'Inde au Canada en passant par la Sicile, le lecteur découvre des personnages qui vont devoir faire preuve de courage et de pugnacité pour s'extraire de leur condition. Smita, Sarah et Giulia se font portes-paroles. Le propos est de souligner la condition peu enviable des femmes à travers le monde : que ce soit celle de la wonder woman qui avant même de tomber malade traîne "le fardeau de sa culpabilité", celle de Giulia dont les faits et gestes peuvent faire "le tour du quartier" dans une Sicile patriarcale ou encore celle de l'intouchable qui doit se rendre invisible aux yeux des autres car "c'est son darma, son devoir, sa place dans le monde". Les procédés littéraires ne sont pas toujours subtils mais, à défaut, on peut souligner une fluidité et une accessibilité de lecture certaine. L'histoire la plus questionnante selon moi est curieusement celle de Sarah, avocate carriériste et maman. Ses problématiques occidentales font écho à celles évoquées dans les BD d'Emma notamment. C'est un récit qui n'évite pas les clichés parfois mais qui est bien mené et découpé. Il a le mérite de mettre en lumière le courage qu'il faut encore aujourd'hui dans le monde pour se faire reconnaître et respecter en tant que femme.
Pour elle-même, elle a accepté ce sort comme une cruelle fatalité. Mais ils n'auront pas sa fille. Sa révolte est silencieuse, inaudible, presque invisible. Mais elle est là.