Les booktubers : qui sont-ils ?
Fairy Neverland, Bulledop, Margaud liseuse, Nine... ces pseudos ne vous disent rien ? Il est temps que vous vous mettiez à la page et découvriez la nouvelle génération de prescripteurs littéraires : les booktubers. Booktube, contraction de "book" (qui signifie livre en anglais) et "Youtube", désigne la nouvelle communauté littéraire présente sur la plateforme américaine. Le phénomène a commencé a émerger dans les pays anglo-saxons et hispaniques en 2009 mais c'est surtout depuis 2014 que les booktubers français ont pris leur essor. Cet univers majoritairement jeune, féminin et axé sur la littérature young adult participe à développer la sphère littéraire sur le web.
Fairy Neverland
Les chroniques des booktubers : que proposent-ils ?
Les booktubers alimentent leur vlog (blog sous forme de vidéos) ou chaîne en parlant de leurs coups de coeur livresques, de leurs déceptions, de leurs achats et découvertes, etc. Ils se filment la plupart du temps chez eux, devant des étagères pleines de livres, et proposent des critiques personnelles sous forme de monologues face caméra. Les opinions sont le plus souvent fondées sur les émotions procurées par leurs lectures. Les chroniques peuvent parfois porter sur des ouvrages anglophones dont la traduction française n'est pas encore disponible ainsi que sur des adaptations cinématographiques ou télévisuelles de romans à succès. A l'instar des blogs traditionnels, en somme. D'ailleurs, les booktubers tiennent la plupart du temps en parallèle un blog, un compte Instagram, Facebook, Twitter ou autre. Ils s'attachent à entretenir une certaine interactivité avec le public.
Le plus : selon moi, ces jeunes adultes contribuent à dynamiser et moderniser les pratiques de lecture. Ainsi, les adolescents notamment s'identifient aux booktubers et s'ouvrent à leurs prescriptions, permettant parfois un pont entre la littérature jeunesse et la littérature adulte. Parler d'un livre en amateur par le biais de la vidéo et du web c'est replacer la lecture dans un contexte quotidien qui n'est pas réservé à une élite.
Le moins : on ne peut nier que les montages vidéos tout comme les propos tenus sont d'une qualité inégale selon les booktubers. Les plus jeunes (la vingtaine) qui tous (ou presque) déclarent que leur passion a pour origine un certain Harry Potter font sourire. Leurs références sont parfois limitées et l'argumentation peu construite, basée essentiellement sur leur ressenti de lecture. Cest d'ailleurs révélateur d'un certain conformisme, en plus de l'égo-centrisme inérant aux réseaux sociaux. En un mot, on constate un certain amateurisme.
D'autres, avec quelques années de plus mais quelques abonnés de moins, proposent un regard plus élaboré et qualitatif. Ceci dit, quels qu'ils soient, c'est aussi leur force : livrer leur avis avec passion et sincérité comme n'importe quel ami pourrait le faire et permettre à chacun de se retrouver dans un processus de partage voire de sociabilisation grâce à un loisir commun qui peut trop vite souffrir d'une image ringarde et solitaire.
Margaud Liseuse
Le jargon des booktubers : quel vocabulaire utilisent-ils ?
Les booktubers disposent, à l'instar des blogueurs, d'un jargon propre. D'ailleurs, certains y consacrent des vidéos afin d'éclairer les néophytes (exemple avec celle de Nine). Ainsi, on parle de pile à lire, de swap, de tag, de bookhaul, de bookshelf tour, d'unboxing, de wrap up, de read-a-thon...
Les lectures de Nine
Les prescriptions des booktubers : quels enjeux pour les médiateurs du livre ?
Modernisant le loisir qu'est la lecture, ces booktubers rassemblent des milliers de spectateurs et intéressent désormais les éditeurs, à qui ils peuvent offrir une certaine visibilité médiatique ainsi que des retours sur la réception des livres par le public. Tout comme avec les blogueurs influents, des partenariats se mettent en place. En effet, les médias sont indispensables pour vendre des livres aujourd'hui et certaines émissions de télévision ou radio ont un impact non négligeable sur les ventes. Pour autant, les cibles visées ne sont pas forcément les mêmes et les chaînes des booktubers permettent aux éditeurs de s'adresser à un public plus jeune.
Au niveau des bibliothécaires et des professeurs-documentalistes, les initiatives sont encore rares autour de ce phénomène. Nicolas Beudon, bibliothécaire, recense dans un article de son blog Le recueil factice quelques initiatives, en faisant le constat que les bibliothèques publiques ont dans l'ensemble un train de retard vis-à-vis du numérique. S'inscrivant dans l'ère des réseaux sociaux, il y a tout à parier que les professeurs-documentalistes se chargeront d'ici peu d'intégrer ce phénomène dans leurs pratiques pédagogiques (la preuve ?!).
Bulledop
Quelques booktubers à découvrir :
Parmi les français les plus populaires :
La bibliothèque de MisterKev
Pour plus d'originalité et de maturité :
Miss Book
Pour avoir un aperçu de ce qui se fait (de déjanté) outre-atlantique :
Polandbananas Books
Plus d'infos sur :
Et vous, connaissiez-vous cette tendance ? Suivre certains booktubers vous tente-il ?
Avez-vous des chaînes à conseiller ? Vous voyez-vous les intégrer à vos pratiques professionnelles ?