Le soldat désaccordé

Publié le 4 Octobre 2023

Le soldat désaccordé

Dans le Paris des années 20, un ancien combattant ne parvient pas à se débarrasser du souvenir des tranchées ni de sa culpabilité de survivant. Alors, il recherche, mandaté par des familles, des frères d'armes disparus dans "la der des ders". Il est chargé par une certaine Mme Joplain, grande bourgeoise, de retrouver son fils Émile, soldat disparu en 1917. Arpentant les champs de bataille, interrogeant témoins et soldats, il va découvrir la folle histoire d'amour que le jeune homme a vécue au milieu de l'Enfer des tranchées. Car l'enquête du narrateur révèle que le destin d'Émile est lié à celui d'une paysanne alsacienne, Lucie, qu'il avait juré d'épouser. Par une construction habile et un style maîtrisé, Gilles Marchand parvient à raconter une histoire vibrante et fantaisiste, sans pour autant dissimuler les horreurs des combats. Une dose d'humour, du langage parlé, de la poésie, des entraves et des horreurs : un récit d'une tendre folie où se croise la Fille de la Lune, des gueules cassées, des fiancées esseulées, Henri et son comique parlé d'ivrogne ou encore un cireur de chaussures. Un roman sur l'amour et sur l'absurdité de la guerre, à mi-chemin entre Roméo & Juliette et Au revoir là-haut, dont je préfère ne pas trop en dire, au risque de déflorer la magie.

Si on avait su qu'un boche c'était rien qu'un Français qui parle allemand, on aurait eu du mal à continuer à leur tirer dessus.

En 1925, la France fêtait sa victoire depuis sept ans. Ca swinguait, ça jazzait, ça cinématographiait, ça électroménageait, ça mistinguait. L'Art déco flamboyait, Paris s'amusait et s'insouciait. Coco chanélait, André bretonnait, Maurice chevaliait. Malgré tout, je n'arrivais pas à m'abandonner à cette insouciance. J'étais loin d'être le seul. On avait beau faire semblant, on avait traversé l'enfer.

Je peux vous dire qu’au front, si on voyait pas les étoiles, c’est parce qu’il y avait trop d’âmes de soldats entre elles et nous.

La seule chose bonne que j’aie rapportée des tranchées, c’est mon goût du pinard. Pour ça, on n’en manquait pas souvent ! Mais je ne bois que la nuit ! »
Il a souri bizarrement et, je dois le dire, assez bêtement. Il nous a servi deux grands verres de vin.
Lorsque je lui ai fait remarquer qu’il ne faisait pas encore nuit, il a fermé les volets de la pièce en marmonnant qu’il était tombé sur un qu’a des principes mais comme ça on dirait qui f’rait nuit.

En à peine quelques jours, il tapisse le sol
De petits bouts d'amour, de milliers de poèmes,
Comme s'il avait neigé sur la neige encore molle
Des messages destinés à la jeune fille qu'il aime.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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