Petit pays

Publié le 14 Février 2017

J'ai enfin pris le temps de lire le dernier Goncourt des lycéens entre deux emprunts au CDI :

 

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La quatrième de couverture :

 

"Au temps d'avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et le reste, c'était le bonheur, la vie sans se l'expliquer. Si l'on me demandait “Comment ça va ?” je répondais toujours “Ça va !”. du tac au tac. Le bonheur, ça t'évite de réfléchir. C'est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À esquiver, à opiner vaguement du chef. D'ailleurs, tout le pays s'y était mis. Les gens ne répondaient plus que par “Ça va un peu”. Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé."

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son «petit pays», le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur ... L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

 

 

Mon avis :

 

Que de louanges pour ce premier roman de l'auteur-compositeur-interprète franco-rwandais Gaël Faye ! Que de distinctions (le Prix Goncourt des lycéens 2016 notamment) ! Tellement qu'en lisant la première moitié du roman, je me suis dit : mouai... J'étais spectatrice de souvenirs d'enfance chatoyants mais pas si intéressants que ça. Et finalement, c'est dans le dernier tiers du livre que l'émotion arrive. L'écriture est magnifique. Les bêtises des gamins privilégiés dont il est question laissent place à une rude prise de conscience. Les points de fracture de la société burundaise se révèlent et une violence absurde éclate. Hutus et Tutsis s'affrontent. Les enfants deviennent dramatiquement des hommes. Les anecdotes jaunies laissent place à moins de naïveté et plus d'actions. Au-delà de Gabriel et de ses amis, le lecteur découvre d'autres facettes des parents de ce dernier. Malgré des longueurs au départ, la fin du roman nous transporte et nous glace.

 

C'est la gorge serrée que l'on referme ce bijou. Petit pays a tout d'un grand.

 

Pour découvrir les premières pages, c'est par ici.

 

Même après avoir refermé son lourd portail, j'endendais encore sa voix derrière moi me prodiguer d'intarrissables conseils : prends garde au froid, veille sur tes jardins secrets, deviens riche de tes lectures, de tes rencontres, de tes amours, n'oublie jamais d'où tu viens...
Quand on quitte un endroit, on prend le temps de dire au revoir aux gens, aux choses et aux lieux qu'on a aimés. Je n'ai pas quitté le pays, je l'ai fui. J'ai laissé la porte grande ouverte derrière moi et suis parti, sans me retourner. Je me souviens simplement de la petite main de Papa qui s'agitait au balcon de l'aéroport de Bujumbura.

Je vis depuis des années dans un pays en paix, où chaque ville possède tant de bibliothèques que plus personne ne les remarque. Un pays comme une impasse, où les bruits de la guerre et la fureur du monde nous parviennent de loin.

Faye, Gaël

Petit pays

Ed. Grasset

2016 / 215 p.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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