Pactum salis

Publié le 20 Mars 2018

Coup de coeur

 

Pactum salis

 

 

Les marais salants...

Ça fonctionne avec du vent comme pour les bateaux, du soleil comme pour les vignes, des efforts comme avec les femmes, de la patience comme avec les enfants et de la chance comme pour la vie...

Olivier Bourdeaut confirme son talent littéraire avec la parution de ce deuxième roman se déroulant dans les environs salés de la presqu'île guérandaise. Il nous raconte la rencontre fantaisiste de deux solitudes fières : Michel, agent immobilier d'origine nantaise qui cherche à se construire une place dans le beau monde et Jean, ex-étudiant parisien qui fait tout pour s'en extraire. Cette "fantaisie polardeuse" (dixit François Busnel) emprunte à son précédent roman un aspect cocasse, au travers du personnage de Dédé notamment. Pour autant, il me semble plus ancré dans une certaine modernité. L'histoire d'une amitié masculine, le suspens lié à la découverte d'un mystérieux cadavre dès le début du roman, des lieux inspirants, des réflexions sur la possibilité et l'envie de dépasser sa condition sociale... voici les ingrédients du pacte de sel.

 

Dans un premier temps, j'ai été agacée : deux adjectifs accolés à chaque nom dans les premières pages, c'est de l'ordre du trop-plein. Et pourtant, cette écriture tantôt poétique, tantôt plus directe, parfois surannée, animant des personnages hauts en couleurs, m'a très vite emporté sur la Côte d'Amour. Elle m'a fait ouvrir le dictionnaire pour me mettre en bouche des mots comme "componction", "céladon", "falsoculisme", "sardanapalesque"...

 

C'est parfois drôle :

Il aurait préféré se battre pour séduire, or il se trouvait cueilli sans un mot, sans un geste, sans une bataille. Sa fierté lui promettait un rôle de viking conquérant, il se découvrait une vocation de pâquerette.

Parfois non :

Une promeneuse fit une effrayante découverte, qu'elle annonça par des cris tout aussi effrayants. [...] sortaient deux pieds sales aux doigts écartés, ou plutôt, pour être plus précis, aux doigts de pieds écarquillés, comme le sont les yeux de ceux qui ont vu leur mort arriver.

Souvent charmant :

[...] cette langue sableuse désertée chaque jour par l'océan pour devenir une prairie d'algues lézardée de filets d'eau argentés, de monticules de sables humides et scintillants par endroits, secs et dorés pour les plus élevés.

Ça donne des envies d'océan, de vent salé et de soleil couchant rosé.

 

À le découvrir je ne peux que vous encourager.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Commenter cet article