Si je reste

Publié le 15 Octobre 2014

Un roman récemment adapté sur grand écran :

 

 

 

La quatrième de couverture :

 

Mia a 17 ans, un petit ami que toutes ses copines lui envient, des parents un peu excentriques mais sympas, un petit frère craquant, et la musique occupe le reste de sa vie. Et puis... Et puis vient l'accident de voiture. Désormais seule au monde, Mia a sombré dans un profond coma. Où elle découvre deux choses stupéfiantes : d'abord, elle entend tout ce qu'on dit autour de son lit d'hôpital. Ensuite, elle a une journée seulement pour choisir entre vivre et mourir. C'est à elle de décider...

 

 

Mon avis :

 

Dans l'Oregon, un froid matin d'hiver, "des flocons tombent sans relâche". De quoi se réjouir pour Mia et sa famille, pour qui la journée sera chômée "pendant que l'unique chasse-neige dégage les routes". Il est décidé qu'ils prendront la route malgré tout, afin de se rendre chez les grands-parents. L'accident se produit alors. Mia se retrouve hors de son corps - vivant ce qu'on peut appeler une expérience de mort imminente - et assiste à la suite des événements, impuissante. Elle apprend la mort de ses parents, se découvre en salle d'opération puis dans une chambre de soins intensifs, constate la douleur et l'attente insoutenable vécues par ses proches. Le récit se déroule sur 24 heures. 24 heures pour prendre conscience qu'il lui appartient de décider de rester ou de partir. Alternant entre souvenirs au travers desquels le lecteur découvre l'univers de Mia (sa famille un peu particulière mais soudée, son petit ami rockeur Adam, sa meilleure amie Kim, sa passion pour le violoncelle...) et tergiversions du moment présent, le roman aborde son sujet sans pathos mais en nous offrant un magnifique moment d'émotion. Il mène à la réflexion aussi : comment réagirions-nous en tant que victime ou en tant que proche de la victime ? Gayle Forman fait preuve d'une plume fluide et pleine de sensibilité qui fait affleurer des questions existentielles : peut-on s'autoriser à vivre lorsque nous manque des êtres chers ? L'incertitude quant à la décision de Mia plane jusqu'à la toute fin du récit. Le rapport de Mia à la musique occupe une place importante dans le roman et se révèlera inextricablement lié au dénouement. Gayle Forman n'aura pas été jusqu'à me faire couler des larmes. Pour autant, son roman m'aura accompagné quelques heures sur un chemin bordé d'une grande sensibilité.

 

 

Des extraits :

 

  • "S'il n'avait pas neigé, sans doute ne serait-il rien arrivé." (1ère phrase, p.9)

 

  • "Je ferme les yeux. Quand je les rouvre, mon grand-père est là, assis à mon chevet. Il pleure sans bruit. Je n'ai jamais vu personne pleurer ainsi. C'est comme si un robinet avait été ouvert derrière ses yeux. Les larmes tombent sur mon drap, sur mes cheveux fraîchement peignés. Il n'essaie même pas de s'essuyer le visage ou de se moucher. Au bout d'un moment, quand ses yeux sont enfin secs, il se lève et dépose un baiser sur mon front. Je crois qu'il va s'en aller, mais il garde son visage près du mien. "Si tu veux partir, tu peux, chuchote-t-il à mon oreille. Tout le monde veut que tu restes et Dieu sait que c'est mon voeu le plus cher." Sa voix se brise. Il se racle la gorge, prend une profonde inspiration, puis reprend : "Mais c'est ce que je veux, moi, et je sais que ce n'est pas forcément la même chose pour toi. Je tiens à te dire que si tu nous quittes, je le comprendrai. Si tu dois t'en aller, si tu préfères arrêter de te battre, tu peux, Mia." Pour la première fois depuis que j'ai pris conscience que Teddy n'était plus là, lui non plus, quelque chose se libère en moi. Je respire. Je sais bien que papy ne peut être la personne qui va décider à ma place et dont je souhaitais l'aide. Il ne va pas débrancher mon respirateur, me donner une surdose de morphine, ou quelque chose du genre. Mais c'est la première fois aujourd'hui que quelqu'un reconnaît ce que j'ai perdu. Je n'ignore pas que l'assistante sociale a dit à mes grands-parents de ne surtout pas me pertuber, mais je reçois comme un cadeau cette constatation de papy et la permission qu'il vient de me donner. Il ne s'en va pas. Il se rassoit sur la chaise. Tout est de nouveau calme. Si calme qu'on entendrait presque les autres patients rêver. Si calme qu'on m'entendrait presque lui dire "merci"." (pp. 166-167)

 

 

Des chansons :

 

Elles sont évoquées par l'auteur dans ses remerciements et à écouter pour se plonger dans l'ambiance du roman : Falling slowly de Glen Hansard and Marketa Irglova et Andante con poco e moto rubato de Yo-Yo Ma.

 

 

La bande-annonce du film :

 


 

 

Forman, Gayle.

Si je reste

Oh ! Editions

2009/220 p.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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