En attendant Bojangles
Publié le 20 Septembre 2016
La quatrème de couverture :
Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur "Mr. Bojangles" de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n'y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c'est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C'est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l'appartement. C'est elle qui n'a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l'inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L'amour fou n'a jamais si bien porté son nom.
Mon avis :
Il y a bien longtemps maintenant que j'ai lu ce roman. Je vais tenter tout de même de mettre quelques mots sur cette folle histoire d'amour.
Louise et Georges forment un couple fantasque pour qui les lendemains ne semblent pas exister. Ils s'adonnent dans leur modeste salon à la passion de la danse sur l'air suranné du vinyle de Nina Simone : "Mr. Bojangles". Louise, surtout, entraîne son monde au rythme d'une valse effrénée vers un ailleurs qui semble sans limite. Elle insiste pour se faire appeler de son mari d'un prénom différent chaque jour. Elle fait respecter la règle de l'extravagance : chez elle on dîne en pleine nuit, on n'ouvre jamais le courrier, on a pour animal une grue exotique...
Leur fils, admiratif, nous raconte avec son regard d'une intelligente naïveté le quotidien de cette famille. Déscolarisé, il rendra visite à sa mère le jour où elle sera hospitalisée. De la légereté des bulles de champagne du début du roman on glisse alors sur un versant de plus en plus sombre. Une fuite en Espagne laisse deviner la tragédie qui guette les personnages. Georges, le père, est peut-être le seul à connaître de façon lucide l'origine de toutes ces cocasseries : l'auteur dévoile d'ailleurs parfois son point de vue que l'on découvre d'une certaine tristesse inquiète.
Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l’avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m’en imprégner, mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit éternelle. Pour elle, le réel n’existait pas.