Shalom salam maintenant

Publié le 16 Mars 2010

 

 

Le 1er livre de Rachel Corenblit.

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La quatrième de couverture :

"Camille et Chaïma se rencontrent dans un hôpital, à Toulouse. L'une est au chevet de sa grand-mère, l'autre vient pour son grand-oncle qui est en train de mourir. Elles sortent en même temps respirer dans le couloir. Elles s'assoient par terre, elles rient, elles parlent. Elles ne savent pas encore ce qui les lie, elles et leur famille. Une histoire qui a commencé il y a longtemps, dans les années 1940. Ou plutôt quatre histoires, celles de Léah, Oumaïma, David et Yashin. Deux garçons et deux filles qui ne se connaissaient pas. L'un se cache dans un petit village de France, les deux filles se terrent dans une cave à Jérusalem en attendant que ça explose, pendant que le dernier est en route vers un camp de réfugiés, en Cisjordanie. Le destin, la fatalité, on peut ne pas y croire. Mais entre Camille, d'origine juive et Chaïma, palestinienne, il y a plus qu'une simple rencontre. Ce jour de juin, à Toulouse, elles se racontent leur histoire, par-delà leurs différences, par-delà tes haines et les souffrances des leurs."

"Au travers de destins mêlés, Sholom salam maintenant est la reconstitution sensible de plus d'un demi-siècle de conflit entre les peuples israélien et palestinien. Née au Québec en 1969, Rachel Corenblit a vécu à Jérusalem, Nice, Paris, Marseille et enseigne aujourd'hui à Toulouse.
Shalom salam maintenant est son premier roman."


Mon avis :

Nous suivons les récits entrecroisés à la fois dans l'espace et dans le temps de quatre personnages. L'écriture, parfois brutale, se met au service de l'histoire de la naissance de l'Etat d'Israël et du départ des palestiniens chassés de leurs terres.  Sur un fond politique se dégage aussi de l'émotion : lors du départ de David et sa mère en 1943 pour trouver refuge dans les Pyrénées ou encore lors du récit par Chaïma de l'explosion de l'attentat-suicide dont elle et sa mère ont été victimes.

C'est un livre qui a, je pense, le mérite d'aborder un thème peu traité en littérature jeunesse. Pour ma part, n'ayant que bien peu de repères par rapport à l'histoire du conflit israélo-palestinien, je regrette de ne pas mettre rendue compte avant ma lecture de la présence d'une brève chronologie en fin de livre ! Celle-ci m'aurait sans doute aidée à mieux me repérer dans le récit. Ce n'est en effet pas très évident étant donné les changements de personnages, de lieux et d'époques incessants. Au-delà de cette gêne, le récit est d'une grande justesse et porte un message de paix et de tolérance.


Extraits :

 

 

  • Oumaïma, Jérusalem


"L'homme parle anglais parce que c'est la langue de la guerre. Ici."

"Quand il se tourne vers sa famille, dans sa maison, dans cette ville, il a les yeux pleins de larmes et elle se dit qu'un vieux, ça ne devrait pas pleurer. A six ans, on peut. Même à vingt ans, quand on se marie ou quand on s'écorche. Mais quand on est vieux, on a l'habitude, on n'a plus besoin de pleurer. Ce n'est pas nécessaire. Elle tend la main pour saisir celle de son père, elle n'attrape que du vide. Parce que son père se cache les yeux. Et qu'il pleure aussi. Elle ne sait plus quoi faire. Elle ne comprend pas. Et dans la rue, on entend la terre entière se lamenter."

 

 

  • Camille, Toulouse


(Son père) "Quand tu es née, je voulais te parler tout le temps, te saouler, te raconter des histoires, tout. Je me disais que tu ne serais pas triste, entourée de mots. Te protéger du silence. C'est ce que je voulais. Mais on ne peut recoudre ce qui est déchiré depuis trop longtemps, surtout si c'est profond. Mon père m'a laissé des trous dans l'âme. Tu sais. De sacrés abîmes. Ce n'était pas de sa faute. Lui aussi, il en avait, des cratères."

"On l'a enterré à Toulouse [son grand-père]. Mon père a fait un discours. Il a dit que nous étions une famille du vent. Que la terre ne nous attachait pas. Que nous venions de Russie et avant d'Allemagne et avant de Pologne. Et les avants des avants s'enfilaient sur le chemin de l'histoire. Qu'il ne fallait pas accorder d'importance au lieu. Uniquement au fait de vivre. J'ai vu ma grand-mère pâlir."

"Ces bébés qu'on extirpe de la terre, pétrifiés, n'ont plus de nationalité. Ils appartiennent à l'humanité. C'est elle qu'on sacrifie. L'humanité, ce qu'il peut en rester."

 

 

 

 

  • Chaïma, Toulouse


"La France, je croyais que c'était une femme. On me disait, la France est belle. La France est bonne. La France est grande. La France est généreuse. J'imaginais une blonde, avec des cheveux coupés au carré, un tailleur. Bien maquillée, bien habillée, chic, parce que la France est riche. Des bijoux plein les doigts. Des diamants. La grande classe. Le savoir-vivre. Je croyais que la France était une amie de la famille. Ma grand-mère parlait le français. Sa famille avait de l'argent, avant. Elle avait eu une éducation à la française. Une éducation à la française, tu vois. Tout le tralala. Bonjour, merci et les leçon de piano. Après, il a fallu se serrer la ceinture. Ils ont tout perdu. Sauf la France."

 

 

 

 

  • Léah, Jérusalem


"Le souk du quartier arabe. Rivière à touristes. On baigne dans les ruelles étroites en se frottant les uns aux autres, dans un brassage de couleurs, d'odeurs et de bruits. On est plongé en pleine Bible. Avec des Juifs et des Arabes qui vivent ensemble. Pas trop mal. Le temps de traverser quelques rues."

"Elle est bousculée par un gros touriste qui lui balance la fumée de sa cigarette dans l'oeil. Le gars ne s'excuse pas et elle se dit que si elle n'était pas israélienne, elle serait antisémite."



Plus d'infos sur :

Le choix des libraires

 

 

 

 

 

Corenblit, Rachel.

 

 

 

Shalom salam maintenant
Ed. Du rouergue
Coll. DoAdo monde
2007/177 p. 

Rédigé par Nota bene*

Publié dans #Je lis

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