Ripeur

Publié le 21 Septembre 2020

Ripeur

Ce premier roman de Jeff Sourdin, peu connu, est paru en 2010. Je l'ai ouvert sur les conseils d'une collègue, en écho à ma lecture du livre de Joseph Ponthus À la ligne : feuilles d'usine. Il y a en effet des similitudes à pointer du doigt : un narrateur se retrouve modeste ouvrier un peu malgré lui, on y questionne la valeur du travail, on y évoque ce qui fait qu'on dépasse les rudes conditions physiques au quotidien, les manières de trouver de la beauté en toutes choses, etc.

 

Entre manque d'ambition et désillusions, Dimitri décroche de ses études de sociologie en faculté et se retrouve à 27 ans embauché comme ripeur - c'est-à-dire éboueur - dans un village mayennais. Engoncé dans une routine simple et rassurante, il revient sur ce qu'il l'a amené à exercer ce métier et se demande s'il peut espérer mieux. Ramasser les poubelles est un travail fatiguant et déplaisant. Pourtant, Dimitri décrit son quotidien avec une certaine tendresse : son contact avec la nuit puis les premières lueurs du jour, sa traversée des villes et villages encore endormis, sa complicité avec ses collègues quelque peu paternalistes, ses habitudes au café du coin... Il évoque la dextérité, la logique et la concentration nécessaires à l'accomplissement des tâches requises. Un jour il rencontre Marie, une nouvelle salariée de la médiathèque. Il lui propose d'aller boire un verre. Malgré la honte qu'il éprouve à formuler son activité professionnelle, une relation amoureuse naîtra. Sera-t-elle l'élément déclencheur qui lui permettra d'évoluer ?

 

On sent incontestablement dans ce roman un travail sur la langue et les sonorités mais qui s'avère assez inégal au fil des pages. Un premier roman imparfait mais prometteur dont le thème original et traité avec sensibilité aura su me séduire.

 

Nuit humide. Parole engourdie, moral déclinant, esprit ramolli. Je pense deux heures encore et nous serons au chaud, deux jours encore et nous serons au repos. Mais à combien d'années encore dois-je penser, avant la fin de ce boulot ?

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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